02 08 96
A Achille
Petit chaton ! Tu es parti ce matin, alors que nous étions absents ! Seul ! Heurté par un crétin en voiture qui ne s'est même pas arreté, tu es venu rendre l'âme devant la maison. Survivant tardif d'une portée d'Aglaé, nous t'avions gardé. Petite boule tachetée, tu étais un chat indépendant, farceur, joueur, sérieux, tendre et calin.
Aujourd'hui, j'ai pleuré ! Cela a eu du mal à sortir. J'ai toujours eu du mal à extérioriser mes émotions et mes sentiments profonds.
J'ai écrit crétin. Mais c'était peut être une crétine ! La voiture rend con. Enfermé dans leur cercueil ambulant, receptacle de leur ego trop dilaté. Petit chilou ! Je t'aimais. J'aimais quand tu venais te lover sur mes jambes, où sur mon ventre, en cardant avant de te coucher.
Tu n'étais qu'un commensal ! Un animal domestique. Je ne préparerai plus ton repas le matin avant d'ouvrir la porte. Tu ne viendras plus me saluer en te frottant contre mes jambes pour avoir une caresse, un calin, avant de manger.
Tu es parti ! Tu ne viendra plus t'enrouler dans ton panier près du poêlle, pour roupiller benoitement le ventre plein. Tu ne miauleras plus pour demander un petit supplément, en me tournant dans les pattes, quand je préparais notre repas. J'en ai mal à la main. J'écris comme un cochon.
Petit Chilou, j'ai mal dans mon coeur et dans mon âme. Tu as eu la force de la fidélité de venir expirer devant la porte, et je n'étais même pas là pour accompagner ton départ.
J'ai le coeur tendre, et j'ai mal. Tu n'étais peut être qu'un chat, mais avec les enfants qui passent ici, si cela avait été un enfant ? Aurait-il ralenti ? Ils roulent comme des dingues !
Les animaux sont les porteurs de nos émotions et de nos sentiments. Ils ont inventé les émotions et les sentiments bien avant nous. C'est ce qui leur donne autant de valeur. Valeur ! Quel mot ! Quel concept !
Sans eux, serions nous capables d'expérimenter les émotions et les sentiments. C'est bien ce que nous risquons en ne les aimant point. En aimant point tout court.
Sommes nous si handicapés affectivement et émotionnellement, que nous soyons quasi incapables de synchroniser notre paléo-céphale et notre cortex ?
Chat tu étais. Sans te poser de troubles de conscience. Pourquoi est-ce si dur d'être un homme ? Où une femme ? Tout simplement. Tout bêtement ! En acceptant sa bestialité et en l'intégrant ?
Petit Chilou, tu es parti en cette matinée du deux Août, et j'ai l'âme blessée. Il ne s'est pas arrété, et je n'étais pas là. Tu es parti seul. Avais tu l'âme en peine ? Avais tu mal ? Pourquoi ce jour ? Pourquoi à cette période ? Pourquoi ? Parce que justement c'était aujourd'hui. Pour nous balançer toutes les questions que nous nous posions, sans oser les affronter. Petit catburry ! J'ai creusé un trou au pied d'un cognassier après le repas. Sophie a coupé une étoffe provencale bleue dans laquelle je t'ai lové pour ton dernier voyage. Les enfants sont venus pour te dire adieu. Agathe parlera encore longtemps de toi.
Petit Chilou, tu auras accompagné notre parcours durant neuf années. C'est déjà beaucoup. On ne voit pas le temps passer. Neuf ans de notre existence que tu emmène avec toi.
Bon voyage Achilles. Fais un beau rêve.
14 11 1996
DE L'USAGE DES PSYCHOTROPES
Mon enfance fut rurale, mon adolescence banlieusarde, mes études urbaines, et je viens de passer 17 ans au désert. Si j'ai fréquenté l'université, j'ai étudié en autodidacte depuis 23 ans.
De mon désert du haut de la montagne, j'ai eu le temps de regarder, d'observer, de me documenter au travers un peu tous les média, dont l'écrit. Je suis du livre. L'homme ayant consigné la quasi totalité de son expérience, nous avons officiellement à notre disposition plusieurs milliers d'années d'archives ; officieusement, plusieurs dizaines. Et ce, à propos de bien des domaines, dont l'usage des psychotropes.
S'il en est un ou un sérieux examen semble urgent, tellement l'information qui circule est dissociée, partielle et partiale, c'est celui là. Bien trop pour comprendre lucidement ce qui se passe.
J' affirme que, entre le discours médical, le discours politico-policier, le sensationnalisme des média, et les errances des consommateurs, il y a une place pour une saine médiation culturelle. Peut on sérieusement envisager une politique de la drogue dans un pays qui est officiellement le plus gros consommateur de benzodiazépines du monde.
Parce que, soyons clairs: Que savons nous de l'usage des drogues depuis, disons trente mille ans ? Cela pourrait peut être permettre une réflexion, et éviterait à beaucoup de proférer des âneries.
Ainsi, depuis le paléolithique, les alcaloïdes végétaux ont eu deux usages Si nous avons conservé un usage, fonctionnel et immédiat, nous avons oublié l'autre. Le premier est l'usage thérapeutique. L'idéologie capitaliste aidant, révolution industrielle matérialiste faisant loi, les drogues chimiques, monopoles de trusts qui voient la concurrence agricole d'un très mauvais oeil, sont les seules admises. A priori elle servent à atténuer, voir supprimer les maux du corps et de l'âme. Leurs effets secondaires, on peut dire collatéraux, ne sont pas le soucis majeur des industriels, du moment que cela paye. Souvenons nous de l'histoire du pavot et de la morphine, du laudanum, de l'héroïne, de la coca et de la coke, de leurs moments socio-historiques.
Parlons aussi de l'histoire de jus de raisin fermenté et de l'alcool. A-t-on oublié que le chanvre a été cultivé pendant des siècles en France, pour la fibre et la pharmacopée, et est toujours inscrit dans la toponymie. L'usage massif du laudanum et de l'alcool au siècle dernier ne frappait pas que les "classes dangereuses", et il faut rappeler les jugements des classes dominantes de l'époque.
On se drogue parce que l'on souffre.
Alors si l'on veut s'attaquer au problème de la drogue, c'est à la souffrance qu'il faudra s'attaquer. Et là, il y a du pain sur la planche. Déjà qu'il est difficile d'évaluer la douleur physique, mais la douleur psychique! Et puis quelqu'un a-t-il calculé combien l'usage du H fait faire d'économie à la sécu et à l'état en limitant les explosions. L'autre usage des alcaloïdes végétaux était un usage initiatique, par les shamans. De fait, l'inquisition a grillé la majorité des shamans d'occident. Mais n'en déplaise aux tenants de l'ordre actuel, il en existe encore , et vont bientôt connaître une explosion qui en laissera plus d'un sur le cul. Le problème est que, démocratisation et massification oblige ( les deux mamelles du ...), sans oublier la répression, plus personne ne propose de mode d'emplois.
Sachant qu'il y a entre 3 et 5 millions de consommateurs de T.H.C en France, cela implique qu'il y ait potentiellement autant de shamans, non initiés, certes, mais quand même. Je ne parle pas des psylos, des amanites, de certaines plantes grimpantes, de certaine épices importées par milliers de tonnes très légalement.
Alors je pose une question, comme cela, en passant : Que signifie l'irruption de plusieurs millions de shamans potentiels dans le champ social et spirituel.
J'affirme, si je recoupe les deux faces du problème, que l'occident affronte une des plus grande interrogation spirituelle de son histoire. Alors, plutôt que de jouer les petits singes et de persévérer dans des comportements infantiles, il serait grand temps, raisonnablement, de regarder la réalité en face, lucidement, et de changer de point d'appliquation.
Le débat est ouvert.
Jean Loup.
18 11 1996
Dissolvez, Monsieur le Président.
Nous approchons de la fin de 1996, et les élections de 1995 semblent déjà bien loin. Et si celles de 1998 sont encore loin, l'échéance en est pourtant bien proche. Cela grenouille dans le marigot. Au jeu des chaises musicales et des promesses en bois massif, les places sont chères.
Il faut dire qu'après quelques décennies, dans à peu près toutes les régions de France, la situation est un peu brouillée. J'ai dit en France, parce que l'on pourrait se croire à Chicago, Palerme, ou le Far West.
Je revois encore, dans les années 60-70, Paris et la banlieue, tel un fabuleux fromage, mis cul par dessus tête par les promoteurs coquins et leurs copains ; à moins que ce ne soit l'inverse. Ils ont cassé Baltard, Beaubourg, le Front de Seine, la Halle aux vins. Et on savait ce qui se passait derrière. Maintenant, tout le monde le sait. On a vu dans les années 70-80 les littoraux méditerranéen, atlantique, manchique, passer à la moulinette bétonneuse pour le plus grand profit des mêmes promoteurs et politiciens. Les années 90 ont vu le processus se durcir encore, s'emballer.
Le système est généralisé, gangrenant la quasi intégralité des groupes politiques. Ils ont tous palpé. Cela ne veut pas dire que tous les militants politiques sont des pourris. Mais il devient dur de dire que personne ne savait. Un peu comme pour les Juifs en 44.
Et il y a un petit groupe dont les cadres sont tout aussi mouillés, mais qui joue les Monsieur Propre. La manip est vieille comme mes robes, mais comme disait Goebbels : "Mentez, mentez, il restera toujours quelque chose." Ses enzymes gloutons sont tout prêts à boulotter même le linge et la machine.
Et comme ceux qui organisaient les combines sont ceux qui tiennent le législatif et l'exécutif, et qu'ils ont à affronter des velléités de justice, on devine le désordre. On barbotte dans la confusion. Ca grenouille et ça magouille.
Sauf à être atteint d'une myopie proche de la cécité, il ressort que la face noire du couple affaire-politique craint la lumière comme la peste. Toute ressemblance avec d'autres mythes serait purement fortuite. Et le mufle hideux de l'horreur noire qui commence à pointer sa gueule au grand jour sera aussi brûlé par la lumière.
Alors si l'actuel locataire de l'Elysée cherche une idée pour se tirer du bourbier où il a planté ses petons, je lui fait une suggestion. Vous voulez prendre vos distances avec tout le monde, donner un signe fort, secouer le cocotier, tous les prendre de vitesse, à droite comme à gauche, au centre et à l'extrême droite, voir à l'extrême gauche:
Prononcez la dissolution du R.P.R, du P.R, du P.S, du P.C, du F.N, du P.S.D, de l'U.D.F, de L.O et de Radical. Ceci est à comprendre dans l'optique d'une modernisation-libéralisation du système politique français. Vous vous fîtes le chantre d'une autre politique. Allez donc jusqu'au bout de vos convictions. Libérez vous des poussiéreux carcans qui corsètent et étouffent notre société. Vous verrez, en manipulant un peu, je vous fais confiance, vous aurez une chance de remporter les élections de 98. Dissolvez, mon brave, dissolvez.
PRESENTATION
Voila plus de vingt ans j'ai commencé à ouvrir le livre, et à en parcourir le labyrinthe. Une série d’événements m'avait lancé dans une recherche de définition et d'identité. Pour utiliser le langage en vogue, j'ai surfé dans le livre sur à peu près toutes les branches de l'expérience humaine. J'ai fini par me construire une sorte de logiciel mental pour guider mes recherches, et y trouver une cohérence.
Il se trouve que cela m'a amené a certains travaux sur la mémoire holographique, la mythologie et la neuropsychologie, et finalement, la philosophie.
De librairie en puces, de troquantes en retours de librairies, sans compter les abonnements, je me trouve à la tête de plus de 3000 volumes et d'autant de périodiques.
L'écrit contient la totalité de l'expérience humaine, et peut se présenter sous formes d’hologrammes. Le principe de l’hologramme veut que chaque "pixel" du dit hologramme contient la totalité de hologramme. Cela implique que, contrairement à une bibliothèque académique, une bibliothèque holographique ne nécessite qu'un nombre limité de volumes. Le problème est alors celui de la puissance de définition.
Et j'ai déjà à ma disposition une jolie collection d’hologrammes que je veux valoriser.
Après un stage de création d'entreprise, je veux créer une bibliothéque-centre de documentation holographique. Etant donné l'ancienneté et la rareté de certains documents, ce sera une bibliothèque de consultation. J'y exercerais la fonction de transducteur culturel.
J'ai trouvé un local pour déployer mon fond. J'ai trouvé une raison sociale : L'Arche de Néo. Mon intitulé sera le Centre Humaniste d' Etudes et de Recherches sur la Culture Humaine Ecrite.
On pourra venir y ouvrir le livre, consulter la documentation, travailler.
Je compte développer une activité : Point de presse ou sera mis à disposition une vingtaine de titres de périodiques, francophones et étrangers, qui seront conservés.
Je compte développer une activité hebdomadaire de Café littéraire-philosophique. On n'y consommera pas d'alcool, mais du café, du thé, du maté, du chocolat, des infusions, en liaisons avec les producteurs Bio locaux, et Artisans du Monde.
Je compte également développer une activité mensuelle de rencontres-entretiens, Les Entretiens de l'Arche, avec des personnalités invitées. La publication de ces entretiens pourrait être une activité dérivée, par le biais d'une revue trimestrielle, Le bulletin du CHERCHE.
Ayant animé une chronique littéraire radiophonique pendant plusieurs années, activité que je poursuis depuis, je pense que la publication de ces chroniques pourrait aussi s'intégrer dans ce cadre.
Ayant appris à maîtriser le labyrinthe, je compte développer une activité de transducteur culturel consultant, pour valoriser ce savoir.
J'envisage également de mettre en place, via la médiathèque, des séances de lecture pour les scolaires, le mercredi après midi. Il s'agirait là d'une activité bénévole, sauf à trouver un financement extérieur
Si je dispose d'assez de temps et de fonds, j'aimerais mettre en marche un atelier de lecture qui pourrait s'intégrer dans un dispositif de lutte contre l'analphabétisme, pour aider à la réinsertion par l’acquisition de vocabulaire..
J'ai fait un premier montage financier ( ci-joint).
Quelles aides pourriez-vous m'apporter pour m'aider à réaliser mon projet, financement ou matériel, et quelles sont les procédures à suivre.
Dans l'attente de votre réponse, avec, d'avance, mes plus sincères remerciements
Pub pour périodiques L’Arche de Néo.
L’Arche de Néo est une bibliothéque que l’on peut qualifier de magique. Fruit de vingt trois ans de recherches, structure dissipatrice d’énergie, première ébauche d’un transducteur opèratif, elle est conservatoire et génèratrice d’hologrammes. Sise dans le Diois, pays du livre s’il en fut, conservatoire de la mémoire, lieu Lug dans un domaine de Lug, labyrinthe moderne, L’Arche de Néo trouve sa place sur le grand jeu de l’oie que parcouraient déjà les adeptes quand leurs maîtres codaient Chauvet et Cosquer.
Elle fait le pont entre le passé et le présent, et peut ouvrir les portes du devenir.
Chaque livre, chaque revue peut générer une ou plusieurs images holographiques. Ouvrir le livre permet l’accès à l’expérience d’hologrammes complexes, proches de ce que l’on nomme maintenant champs morphiques, ou champs de forme. Ouvrir le livre est littéralement une opération d’enchantement.
Le Centre Humaniste d’Etudes et de Recherches sur la Culture Humaine Ecrite vous aide à construire votre »logiciel » pour « naviguer » dans l’hologramme-mémoire de l’Arche.
Point de rencontre, d’échanges, de réflexion, vous pourrez ouvrir le livre en dégustant quelques infusions ou décoctions, vous apprendrez à voyager dans le labyrinthe holographique, et, peut être, à changer le pont d’application.
JEAN LOUP PINTAUX
CHRONIQUES
DU DESERT
SUR LA MONTAGNE.
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION. 4
BARRAGE SUR LE NIL. 5
BOB ET BOBETTE 6
SUPPLEMENT AU VOYAGE DE BOUGAINVILLE. 7
DICTIONNAIRE IMPERTINENT ET CRITIQUE DE A à Z. 8
L'ENFANT NOIR. 9
L'ENRACINEMENT ET L'OUVERTURE. 10
FILS DE FEMME. 11
L'ETONNANT VOYAGE D'HARETON IRONCASTLE. 12
HAUT MOYEN AGE, BYZANCE, ISLAM, OCCIDENT. 13
LA HORDE D'OR. 14
L'ILE MYSTERIEUSE. 15
LES INDES NOIRES. 16
LES INFORTUNES DE LA VERTU. 17
LE JOUR DES FOURMIS. 18
LAJJA. 19
LETTRES DE DESIR ET DE SOUFFRANCE. 20
LE MANUSCRIT SECRET DU NIL. 21
ALEXANDRE NEWSKI. 22
SOUS LE CIEL DE NOVGOROD 23
LE PELERIN DE COMPOSTELLE. 24
LA PRINCESSE DE CLEVES. 25
ROUGE EST MA COULEUR. 26
UNE ENFANCE EN SIBERIE. 27
QUE DIT-ON QUAND UN SINGE AGIT DE CETTE FACON? 28
PHILOSOPHIE DE LA NATURE PHYSIQUE SACREE ET THEOSOPHIE
AU 18 ET 19 EME SIECLE. 29
DE LA TERRE A LA LUNE. 30
DE L'UNIVERS A L'ETRE. 31
VINGT MILLE LIEUX SOUS LES MER. 32
PERIPLE D'UN YOGI ET INITIE D'OCCIDENT. 33
YVAIN, LE CHEVALIER AUX LION. 34
LES AMIS DU BOIS DE QUATRE SOUS. 35
VILLEBOIS MAREUIL. 36
A L'OMBRE DES DIEUX. 37
LE VOILE NOIR. 38
DICTIONNAIRE DE LA CIVILISATION INDIENNE. 39
LE PEUPLE DES GLACES. 40
UNE AMERIQUE QUI FAIT PEUR. 41
L'ALCHIMISTE 42
L'HOMME AUX PATES 43
WATERWORLD. 44
LE GRAND VOYAGE. 45
CAP SUR GIBRALTAR. L'OR ET LE FER. 46
LA LOUVE-LE VOLEUR DE LUMIERE. 47
LA GRANDE RIVIERE 48
LA PETITE MAIN. 49
CONTES DE L'AIGLE ET DU SERPENT. 50
CHARLEMAGNE. 51
L'OS DE DIONYSOS. 52
HISTOIRE DES ALBIGEOIS. 53
LES INDES NOIRES. 54
LA LOI DU DESERT. 55
HILDEGARDE DE BINGEN. 56
MAIN BASSE SUR LE PLUTONIUM 57
MOLL FLANDERS. 58
INTRODUCTION.
Chroniques du désert sur la montagne est la réunion d'un an de Poil à gratter, chronique d'humeur littéraire hebdomadaire, diffusées sur Radio-Pays-Diois, une radio associative. Pour les besoins de la technique, la longueur varia, mais point le contenu. Analysant la littérature présente et passée, Poil à gratter fut aussi une tentative de populariser la lecture, d'inciter les gens à ouvrir le livre. Ouvrir le livre, c'est s'ouvrir à l'histoire du monde, de l'homme. Ouvrir le livre, c'est s'ouvrir à la vie, et participer du grand livre. Que peut-on trouver dans le livre ? Peut être soi-même. L'écriture existe depuis près de cinquante siècles. Elle a permis de fixer le plus gros de l'aventure humaine. L'écrit est actuellement la plus importante conquête de l'homme, disponible pour tous, sans équipement mécanique. La lecture ne demande qu'un apprentissage, et on peut la considérer comme faisant partie de l'acquit non génétique. Le livre, et par conséquent, la lecture, est l'occupation la plus saine à laquelle l'homme puisse sacrifier, individuellement et collectivement, sans conséquences physiologiques graves, d'un coût énergétique faible, sans danger pour l'environnement ; il peut être l'activité de demain. Un livre est une porte ouverte au voyage dans l'univers, depuis l'Alpha jusqu'à l'Oméga dans le plus grand hologramme qui puisse se concevoir.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
BARRAGE SUR LE NIL.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à l'ouvrir.
Jusqu'ici, je ne vous avais présenté que le Christian Jacq spécialiste de l'Egypte pharaonique. Vous pouvez maintenant ajouter une facette. Celle du romancier de politique fiction. J'ai ouvert "Barrage sur le Nil" en Pocket.
Je soupçonne Jacq d'être un vieux polythéiste attardé. C'est de la politique-fiction, mais en Egypte, quand même. C'est l'Egypte éternelle qui le fascine. Il nous propose ici un intéressant scénario. Le génie, à prendre ici au sens de Djinn, esprit malfaisant, nous sommes en pays musulman, suscité par le matérialiste Nasser, pour barrer le Nil à Assouan,est un monstre malfaisant, une entité maléfique. En barrant le Nil, elle a provoqué la rupture avec l'immuabilité, l'éternité cosmique, qui fit la grande Egypte. Par la perversion qu'elle ou il a induit, elle a provoqué l'explosion démographique, la salinnisation et l'empoisonnement des terres, les pandémies, le recul du delta, la mort de la pêche. L'invasion de la bêtise matérialiste occidentale a dégradé l'esprit de l'Egypte. Et cette perversion a généré, nourri l'intégrisme musulman. L'intégrisme musulman est un esprit maléfique, une goule, qu'il faut abattre avant qu'il ne nous dévore. C'est grosso-modo le message de Jacq dans ce livre. Et comme le bougre connaît ses classiques, il sait comment effacer les fautes. Et l'histoire !!!
L'histoire, ah oui. C'est l'histoire de Mark Walker, jeune américain, millionnaire, orphelin, né en Egypte, passionné d'archéologie. Il n'a qu'un but : Lutter contre les effets pervers du Haut Barrage. La charge est rude mais la réalité aussi. Le rêve pharaonique de Nasser a vraiment tourné au cauchemar. Et Mark doit se marier à une Française. Mais un attentat contre un car de touristes la fait disparaître. Le carnage est attribué aux intégristes et Mark part en croisade contre les islamistes. Avant, il avait déjà une partie de la bureaucratie que ses attaques contre le barrage indisposaient, sur le dos.
Maintenant, les islamistes veulent sa peau. L'internationale islamiste qui tisse sa toile pour s'emparer du monde, compte prendre le pouvoir en Egypte. Alors les amis et alliés de Mark se font descendre comme des mouches, ou passent à l'ennemi.
Un allié un peu encombrant, grand manipulateur froid, chef des services spéciaux se sert de lui comme d'un pion. La situation devient critique. Le chômage, la surpopulation, la corruption, la veulerie, le désespoir et le fanatisme, tout concourt à la montée de la nouvelle peste verte. Comme en plus la crédulité, la bêtise, l'âpreté au gain et l'aveuglement des pays capitalistes encouragent cette montée, c'est très mal parti. Mais avec l'aide de la belle Mona, musulmane intelligente et évoluée, et, bon gré-mal gré, Kamel, le chef des services secrets, ils vont se battre pendant le Ramadan contre les fanatiques et sanguinaires islamistes. Non seulement ils veulent prendre le pouvoir dans un fleuve de sang, mais ils veulent en plus faire sauter le barrage pour entraîner la destruction de Louxor et le passé pharaonique qu'ils jugent idolâtre. Ils espèrent ainsi chasser les touristes impies.
Du coup Mark se retrouve à lutter pour protéger le barrage, qui risque, en plus, de subir un tremblement de terre, provoquant ainsi la destruction de l'Egypte. La lutte entre le fonctionnaire intègre, Mark et Mona, et la bête islamiste est sans pitié. La filiation entre la peste brune et la peste verte est manifeste pour Jacq. Les derniers événements en Algérie nous mettent le nez dedans. Les chrétiens d'Egypte, les Coptes sont la cible des islamistes, mais ils commencent à prendre leurs précautions. Le tableau du pays est hallucinant. Entre les bidonvilles, les décharges, les vieux quartiers rongés par la crasse la misère et l'humidité, et les quartiers huppés, la visite guidée est passionnante ; et Jacq est aussi bon peintre que guide. J'ai plongé dans ce livre, et j'ai du aller jusqu'au bout, captivé. Je dois dire que Jacq fait très fort, et que le final m'a quand même pris de court. Disons que les islamistes prennent le pouvoir, mais.... Si Jacq est retrouvé égorgé, transformé en passoire, ou qu'il saute dans sa voiture, il ne faudra pas chercher les commanditaires.
Allez, "Barrage sur le Nil" par Christian Jacq, en Pocket, lisez le donc quand même.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
BOB ET BOBETTE
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
Parfois, vous croisez un journal, un livre, une photo, qui vous renvoie à votre enfance. Je viens d'ouvrir, par Willy Vandersteen, " Les aventures de Bob et Bobette", en collection éditée par Maxi Livre
Quand j'étais petit, je lisais les aventures de Bob et Bobette, dans un hebdo pour enfants. Je me souvenais surtout d'une histoire de voyage sous terre avec un engin appelé la Taupe, où un petit dino, pris comme mascotte me fit croire que tous les dinos étaient des mascottes. C'était dans une autre vie. Bob et Bobette ont bien évolué. Ils sont branchés sur la réalité actuelle, et la présente collection inclut quatre titres : Sagarmatha, Le possédant possédé, S.O.S Rhinocéros, Le barbouilleur. On commence par une petite encyclopédie thématique qui passe en revue Elfes, Lutins, Titans, Wotan. Hé oui ! Bob et Bobette ont des relations qui pourraient surprendre, mais on s'y fait. Et puis cela fait partie de notre culture ; et je rappelle que le monde de l'enfance n'est pas celui des adultes.
Donc nous commençons par Sagarmatha. Un sacré voyage. Nos héros habitent toujours en Belgique. Bien entendu, tante Sidonie est toujours vieille fille et un peu éprise de Lambic ; il y a Jérôme l'homme le plus fort du monde et des environs, qui travaille pour le Fond mondial de la nature, l'écolo de service ; et bien sur, il y a Lambic, toujours vieux garçon, un peu farfelu et soupe au lait, mais au grand coeur. La chute depuis un camion d'une caisse provenant d'une expédition sur l'Everest, en 88-89, va enclencher une série de bizarreries qui vont entraîner nos amis sur l'Himalaya.
On nage en pleine magie, mais Tintin au Tibet oblige, il est bien connu qu'il se passe des choses étranges au Tibet. La rencontre avec les Tibétains ne manque pas de sel, et on débarque là en pleine mythologie locale. Le grand Lama nous raconte la genèse, façon bouddhisme tibétain, et donc l'histoire de Sagarmatha, la mère de la terre, et de ses trois fils, nés de ses larmes : Bato, la voie, Pani l'eau, et Phokhari le lac. Tous trois ont pour mission l'écoulement des eaux. Mais, car il y a un mais, il y a aussi la face noire : Khang Ri le sommet, qui excécre Sagarmatha, et qui a aussi trois fils, très laids, très méchants, qui passent leur temps à combattre les trois fils de Sagarmatha. Et la lutte entre ces huit entités est titanesque. Evidement nos héros vont se lancer dans la lutte, et dans le cadre de l'Himalaya, avec leur courage et la force surhumaine de Jérôme, ils vont faire basculer la lutte entre le bien et le mal. Sagarmatha est aussi belle et bonne que Khang-Ri est vilain et méchant. L'important, est le coeur.
S.O.S Rhinocéros tourne autour de la lutte contre le braconnage des rhinos et le trafic qui s'en suit. Et il est conçu en accord avec la W.W.F. On y apprend que le trafic sert, entre-autre, à alimenter la fabrication de poignards de luxe, à destination des pays du Golfe. Le fils d'un responsable de la W.W.F a été enlevé par des trafiquants que l'action de cette organisation gène. Nos héros vont résoudre le problème et vont partir en Afrique, à la source du trafic. Là encore, leur courage, la force de leur coeur, et bien sur, la force surhumaine de Jérôme, vont apporter leur contribution à l'organisation que parraine le Prince Bernard des Pays Bas. On peut trouver que la description de l'Afrique, des Masaïs sont rudimentaire et simpliste, mais cette bande est destinée à des enfants, et elle convient très bien. Les vilains trafiquants seront punis, et la cause de la W.W.F triomphera.
Le Possédant possédé raconte l'histoire d'une escroquerie. Un escroc bien connu des lecteurs fourgue à Lambic un terrain soi-disant aurifère en Amazonie. Et nos héros vont aller batailler contre la déforestation. Pour Le barbouilleur, vous verrez vous même.
"Les aventures de Bob et Bobette", par Willy Vandersteen, éditions Christophe Colomb, vous pouvez les offrir à vos enfants, pour les édifier.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
SUPPLEMENT AU VOYAGE DE BOUGAINVILLE.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
J'ai ouvert "Supplément au voyage de Bougainville", de Diderot, en poche à 10 f.
Il faut préalablement se remémorer que ce texte date de 1773. Diderot, né au début du siècle en 1713, a donc vu l'expansion de la France de par le monde, de même que celle des autres. Au travers des récits des explorateurs, des voyageurs, des colons, il a saisi le choc de civilisation de l'arrivée des blancs sur les sociétés primitives amérindiennes et des îles. Il a eu accès au livre de bord de Bougainville racontant son voyage autour du monde et son séjour à Otaïti. Depuis, on a perdu au moins le O.
Depuis le début de la conquête au delà des mers, un débat parcourt l'Europe, la France. Il faut bien se rappeler que l'on a cru longtemps que de l'autre côté se trouvait le paradis, le refuge de l'innocence originelle, du naturel, du non entaché par le péché originel ; on a cru aussi que de l'autre coté étaient les tributs perdues de David. On a cru beaucoup de choses. L'intelligentsia, les philosophes, se sont nourris de ses réflexions. Les lumières furent les porteurs et les enfants de ce choc culturel, de la rencontre du vieux monde et du monde. L'encyclopédie est le fruit de ce choc. Voltaire, Rousseau, d'Alembert, Diderot, Condorcet, et bien d'autres furent les acteurs de ce mouvement qui généra 1789.
Diderot utilise ici les carnets de voyages de Bougainville pour exprimer ses réflexions sur la civilisation, la sienne, et celle des sauvages, et leur interaction. Pour Diderot, la société humaine est régie par trois forces qui animent l'homme. Il y a le droit naturel, le droit civil, et le droit religieux. Selon lui, le droit civil et le droit religieux ont trop gravement altéré le droit naturel ; si bien que l'homme est écartelé entre les trois droits et ne peut qu'être perturbé, malheureux. Un de ses chevaux de bataille est la sexualité, comme sujet de liberté. Si on en croit Diderot, la semaine de séjours de Bougainville à Otaïti fut tout sauf anodine. Si l'accueil des indigènes fut chaleureux, débridé, ouvert, la conduite des français fut profiteuse, goujate, d'une tartuferie exemplaire, et d'une violence coupable. Le complexe de supériorité des civilisés face aux barbares reste le même à travers le temps et l'espace.
Et ce texte qui a maintenant plus de deux siècles, prend une saveur particulière à l'heure nucléaire, à l'heure où l'occident se trouve confronté à la disparition des derniers îlots néolithiques de la planète, à la pollution, à la disparition de la flore et de la faune, au dernier groupe qui lui résiste encore, l'Islam, et ce au risque de sa propre extinction. La nature fout le camp et s'artificialise ; nos comportements suivent la même dérive, pour ne pas dire qu'ils sont sortis du sens commun. Les trois droits qui nous régissent partent en jus de boudin, au point que nous arrivons à faire pire que nos ancêtres. Des textes de ce calibre, nous n'en produisons plus guère de nos jours ; des tirades de beau vieil otaïtien pour fustiger nos travers, on peut les chercher. Où alors les tribuns sombrent dans la régression la plus crasse et l'extrémisme le plus pervers. Des curés qui succombent au droit naturel, en avons nous encore ?
A l'heure où émerge une "Pensée Pacifique", lisez donc où relisez donc le "Supplément au voyage de Bougainville", de Diderot, en classiques d'aujourd'hui à 10.f ; cela remet les choses en place, même après deux siècles.
Bonne lecture, bonne queste, et, à la prochaine.
DICTIONNAIRE IMPERTINENT ET CRITIQUE DE A à Z.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie à l'aventure de l'esprit.
Durant la dernière campagne présidentielle, Emmanuel Hicht et François Vey nous ont concocté un petit bijoux diabolique. En fait, il en est sorti plusieurs dans le même temps, avec pour cibles : Chirac, Balladur, le Pen, et Tapie. Celui dont je parle ce coup ci, c'est celui sur Chirac. Bien évidement, parce que maintenant, il est passé de l'autre côté. Alors le "Dictionnaire critique et impertinent de A à Z", chez Albin Michel, de Accident à Western, en passant par Barons, Gorille, Dreux, Front national, Pasqua, Soleil, Urbanisme, on se balade sur plus de 250 entrées.
Mais c'est aussi la balade de Chirac lui même, parce qu'à travers toutes ces entrées, c'est un véritable décodage de l'actuel locataire de l'Elysée que nous voyons se dérouler. C'est toute sa vie, ses humeurs, ses rencontres, ses amitiés, ses haines, ses évolutions, ses coups de gueule, ses voltes faces. Et ce n'est pas triste. Depuis la petite laine que maman Chirac l'obligeait à porter pour ne pas qu'il attrape froid, en passant par ce voyage aux U.S A, où il connut la grande promotion sociale de passer des cuisines au service, puis se fit accuser du vol des bijoux d'une riche héritière, en faisant un petit détour par la perte de son pucelage dans la casbah d'Alger, à ses sorties de charretier, ses relations avec la presse, avec les guignols, la tentative de séduction par une hétaïre du K.G.B, les jeux subtils avec ses lieutenants, ses coups tordus, son rendez vous armé avec Krazucki, son amour pour S.A.S et O.S.S.117, sa soumission au lobby automobile, son goût pour l'armée et le commandement, mais aussi le parfait cancre au lycée; aussi celui qui imposa le concert de Madona à Sceaux, et celui qui réalisa, en 72, qu'il s'était passé quelque chose en 68, celui qui rêvait d'être marin, parce que c'était l'aventure, pour lui, le petit corrézien ; celui aussi qui lança les motocrottes, celui que ses copains de sciences-po avaient baptisé l'hélicoptère, tellement il était agité ; celui qui s'endormit dans un concert à l'opéra, mais aussi l'amateur de poésie chinoise averti ; ses déboires comme premier ministrillon en 74, après la trahison, avec Charlie, de Chaban Delmas.
Et tout, tout, tout ce que vous avez toujours eu envie de savoir sur notre nouveau président de la république. C'est souvent impertinent, souvent drôle, pas persifleur, tendre même parfois. C'est une autre approche du grand Jacques, un peu de l'intérieur, des citations oubliées, des rappels qu'il aurait peut être préféré ne pas voir ressortir, qu'on oublie, mais qui tracent un portrait de chi-chi, ciselé profond, qui le rendent un peu plus touchant, presque attachant, mais sans voile, sans illusion.
Cela change un peu des bêtifiantes bêleries des thuriféraires habituels. Alors, offrez vous "Chirac de A à Z, chez Albin Michel.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
L'ENFANT NOIR.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
J'ai ouvert l'enfant noir, de Camara Laye, en Pocket.
C'est l'histoire d'un jeune garçon malinké, Laye, né dans le petit village de Kouroussa, dans la savane de Haute Guinée. Son père est forgeron. Dans l'Afrique, les forgerons, un peu comme en France d'ailleurs, sont réputés pour avoir d'étranges pouvoirs. Et le père de Laye a une sacrée réputation qui lui vaut d'avoir toujours le plein d'apprentis, toujours du travail, car c'est un maître reconnu. Des femmes viennent souvent le voir de loin, avec des griots, pour lui faire fabriquer des bijoux en or. Il a des relation très particulières avec son serpent fétiche, le génie de sa race.
En langage européen, nous dirions que le père de Laye semble être en relation télépathique avec l'esprit animal de son totem, qui le guide et le conseille en rêve. Il sait ainsi que son fils partira et ne prendra pas sa suite. La mère, elle, est elle aussi d'une lignée célébre. Personnalité puissante, capable de commander aux animaux, elle mène la concession familiale d'une main de fer dans un gant de velours. Son fils est ce qu'elle a de plus cher au monde, enfin, après son époux quand même. Et l'histoire que nous raconte Camara Laye, c'est la sienne. Celle d'un gamin de Haute Guinée, qui va de la forge de son père, à la savane où il garde avec ses copains, à l'école coranique, à la case de sa mère où il vit sa prime enfance. C'est aussi l'occasion de nous raconter la famille africaine, ses relations de fratrie, sa solidarité puissante, entre les frères, les soeurs, grand-mère, cousins, oncles ; de grandes et puissantes âmes groupes. Précisons que la famille de Laye est musulmane. Façon Afrique noire, c'est à dire sérieusement teintée de fétichisme et d'animisme, que le prophète aurait voué au gémonies. C'est donc l'occasion de nous raconter la vie quotidienne d'un gamin dans les années trente, en Afrique noire, du temps de la splendeur de l'empire. A une époque où la société africaine, comme d'ailleurs la société européenne, était une société agricole.
A une époque où l'école était quelque chose de sérieux, où jamais un élève n'aurait même osé répondre au maître, où les maître usaient des châtiments corporels , et où tout le monde trouvait cela normal. Il faut aussi remarquer que, apparemment la corruption existait déjà ; le bizutage était pratique courante, comme le racket, mais ils apparaît également qu'ils n'existent que parce que la loi du silence les entretient, et par l'approbation tacites des adultes. Le dérouillage des grands par les parents serait probablement vu d'un mauvais oeil de nos jours, ici, mais à l'époque, cela marchait très bien.
Dans cette société agricole, la force, le courage, surtout pour les hommes, étaient bien plus important qu'une tête bien pleine et des études. A l'époque, l'initiation des garçons, le passage à l'âge d'homme, cette cérémonie rituelle qui se conclut par la circoncision, était une étape fondamentale de la vie des hommes, pleine de mystères, occasion de grandes fêtes collectives, de danses, de ripailles, de cadeaux, de sacrifices rituels, comme la moisson ou la rencontre avec Konden Diara, celui qui rugit, occasions où l'âme-groupe se soudait dans les rituels collectifs. C'était l'occasion de la rupture d'avec la mère, puisque l'enfant ne la voit plus de quatre semaines puis quitte la case de sa mère. Laye est un élève doué et brillant à l'école coranique. Son père et sa mère le poussent à aller à l'école française.
Il ira donc à l'école. Il ira à Conakry, à l'école technique. Il est hébergé par son oncle, musulman droit et strict, qui lui explique à quoi lui servira l'école. Il comprends si bien qu'il sort major de sa promo, et qu'il décroche une bourse pour poursuivre ses études en France, à Argenteuil. Alors, au grands désespoir de sa mère, de Marie, son amie, de sa petite soeur, à la grande tristesse de son père qui ne l'aura pas comme successeur, il prend l'avion, avec son plan de métro en poche.
"L'enfant noir ", c'est cette histoire, de l'intérieur, dans une Afrique qui n'est déjà plus. " L'enfant noir", de Camara Laye, en Pocket, c'est un document à ne pas rater.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
L'ENRACINEMENT ET L'OUVERTURE.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie au banquet de l'esprit.
Jean Yves Leloup était un homme comme les autres, un peu bête, matérialiste, rationaliste, un mec quoi. Et puis un jour, il lui arriva ce qui est arrivé à à peu près trois millions et demi de français, il fut sujet d'une expérience de mort imminente. Et vlan, le choc ! L'expérience de mort imminente, en anglais N.D.E, Vous savez, Raymond Moody ; la vie après la mort ; la grande lumière chaude, la rencontre bouleversante, la vie qui défile en accéléré ; et après plus rien n'est comme avant ; comme quand le papillon est sorti de sa chrysalide. Une nouvelle naissance ! Depuis Jean Yves Leloup a avancé ; il a muté en quelque sorte. Il s'est aventuré dans les sentiers de la connaissance, de la spiritualité ; il est thérapeute, et il dégage bien. Que des gros mots !! "L'enracinement et l'ouverture', c'est le titre du livre que je vous propose en ce jour.
C'est en fait un recueil de conférences qu'il a fait à la Sainte Beaume, mais aussi à Genève, Bruxelles, Avignon. Il faut dire que depuis son expérience, il s'est beaucoup informé, et qu'en retour, il informe beaucoup. Il s'est frotté à la plus part des grands mystiques, chrétiens et non chrétiens. Il est à même de discuter le bout de gras avec n'importe quel religieux, de n'importe quelle confession. Et ce qu'il dit est imprégné, façonné, formé, codé par son expérience intérieure.
L'expérience de la mort, comme élément nécessaire de la vie ; l'acceptation de la mort comme passage pour accéder à la vie ; il est vrai que de nos jours, cela sorte des sentiers battus des média ordinaires ; quoique la mode ?? Il est vrai que de parler de Saint Jean, des Evangiles, de Maître Eckart, ce mystique des siècles anciens, de méditation, d'initiation, cela fait furieusement ringardos.
Affirmer, dans la pratique, que les religions peuvent échanger, s'informer entre elles, quand le nettoyage ethnique devient vulgairement banal, qu'on s'entre-tue banalement, en famille, pour un oui ou pour un non, et qu'on banalise les casseurs de bronzés, cela vous aurait un coté presque révolutionnaire. Encore un gros mot. Parce que quand on l'écoute, ou qu'on le lit, cela sonne dans le corps, cela résonne : Quand il parle d'information créatrice, de parole vivante, de logos, de passage, de vieil homme, de pneuma, d'étincelle qui incendie, de transmission de connaissance, de pouvoir de guérison, ce ne sont plus seulement des mots, des mots creux, banaux. Ce sont des mots habités, structurés par la pensée, par l'esprit.
La puissance du logos, de l'esprit formateur est passé par là. La lumière a éclairé, structuré, sublimé ; on reconnaît la puissance du Verbe. Après avoir écouté la loggorée verbale des politiciens, on saisit la différence. Dieu que la langue de bois est chiante, sinistre. C'est un parler mort. La parole vivante, c'est quelque chose que vous pourriez essayer.
"L'enracinement et l'ouverture", de Jean Yves Leloup, Chez Albin Michel, est un livre fort instructif qui vous parlera, peut être, si vous le lisez.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
FILS DE FEMME.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
Puisque l'on est dans le noir, j'ai ouvert "Fils; de femmes", d'Héléne Couturier, en collection Rivages-Noir.
Il faut être une femme pour écrire un truc pareil. C'est un petit roman, je dis petit en parlant de la longueur, parce que pour le restant, il peut y avoir des surprises. C'est l'histoire de deux petits malfrats, et encore, malfrats est un bien grand mot. Des minables mal dégrossis, copains d'enfance, sortis d'une banlieue crasseuse. Il y a Robert, parfait obsédé sexuel, qui ne supporte pas la chaleur, et ne trouve réconfort que dans un bain froid où le viol d'une fille. Et il y a René, qui lui fait une fixette sur sa Golf G.T.I-seize soupapes-rouge, chacun son truc . Lui est plus clean, mais aussi fêlé : deux punaises que l'on écraserait volontier. Leur truc, c'est de repérer les passeurs à Orly, et de leur piquer leur câme pour se faire du blé, en se faisant passer pour des flics. Et c'est Robert qui est chargé du repérage. Seulement là, il tombe sur une asiate, Claire Wong, qui ne réagit pas du tout comme prévu.
Et toute la mécanique va se gripper. Et les deux cons prennent une profondeur, un relief, qui finissent par leur donner quelque chose qui ressemble à de l'humanité. Claire les fait plonger, surtout Robert. Elle les renvoit à des images, des pulsions, qui remontent à leurs enfance. Et cette bougresse d'Héléne Couturier n'en remontrerait peut être pas à Gérard Miller, mais sa prose est nettement plus bandante. Parce que, mine de rien, ses deux phénoménes, elle les soigne, les ciséle profond, et nous dresse un back-ground, comme on dit, un tableau des moeurs des cités, avec son racisme ordinnaire,sa bêtise, ses jalousies, ses murs, ses ratages, ses meules sans pot qui vrillent les tympans dans les labyrintes bétonnés des cités, encore plus vrais que nature.
Dire qu'il parait que ces clapieds ont été construits pour loger des humains, dans la logique industrielle, centralisatrice, totalitaire ; on envoit là le résultat le plus manifeste.
Les cités, c'est l'apocalypse programmée. Ce bouquin, c'est aussi cela, la chronique d'une apocalypse ordinnaire, banale, quotidienne. Où comment transformer des gamins en déjantés. Comment deux méres, opposées, l'une qui aimait les hommes et l'amour, l'autre qui n'aimait ni l'amour ni les hommes, construisent deux trajectoires qui vont se chevaucher, et en en croisant une autre, vont provoquer une réaction en chaine, qui n'était pas du tout prévue an programme. La mére de René, celle qui aimait les hommes, celle que son fils rejetait malgré tout l'amour qu'elle lui vouait, Robert l'aimait bien, lui ; et il lui offrait des fleurs pour son anniversaire. Ce qui provoquait la colére de René.
Les deux s'aimaient et se rejetaient ; René était fasciné par le clinquant des battants, de ceux qui ont des plans de carriére, des objectifs, qui changent régulierement leur moquette et leur caisse, sont propres sur eux, alors que Robert est bordélique et ne pense qu'à sauter des nanas pour oublier qu'il en a la trouille. Une phobie bien vue, bien décrite. Et c'est la petite Claire qui marche à l'odeur, une sensitive,qui va lui apprendre l'amour, à ne plus avoir peur de l'antre des femmes, à avoir confiance en lui, à lacher prise.
C'est vrai qu'il n'y avait qu'une femme pour oses prétendre qu'il n'y a qu'elle qui puisse initier les mecs, et non l'inverse. Affirmation interessante dans ce monde de merde. La fin de l'histoire peut sembler artificielle, décadrée par rapport au reste de l'histoire, tellement le téléscopage des trajectoires se complique et se simplifie, s'épure.
L'irruption de la narratrice déplacant le point d'application, nous propulse dans une autre dimension, où il ne nous reste que quelques odeurs, fragrances, comme dans la mémoire de Claire.
"Fils de femmes", d'Héléne Couturier, en Rivages-Noir, un petit éssai à transformer.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
L'ETONNANT VOYAGE D'HARETON IRONCASTLE.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie à l'aventure de l'esprit.
En 1937, S.H Rosny Aîné, celui qui commit plus tard la guerre du feu, publiait chez Plon "L'étonnant voyage de Hareton Ironcastle".
Ce petit livre est fort instructif. C'est l'histoire d'un beau héros, blond aux yeux bleus, aventurier, américain, qui part avec sa fille chérie, son herculéen de neveu, un amoureux de la fille chérie, plus quelques spécimens de la faune anglo-saxonne. Ils partent donc pour un voyage, dans une zone de terres inconnues, au coeur de l'Afrique centrale. Ce coin a eu la particularité, que l'évolution y a divergé. On retrouve là un thème récurrent de la littérature, qui est un véritable filon. On lui doit, entre autre King-Kong. Il permet, l'imagination de l'auteur se débraguettant alors, de se livrer à de véritables exercices de science-fiction, d'imaginer que dans ce coin, la lune devient rouge, l'herbe bleue, le soleil violet, que des humanoïdes à peau verte et écailleuse croisent des crocodiles velus géants ou des lion noirs, ou d'autre humanoïdes vivants sous terre.
Elle permet aussi, et c'est là que l'histoire prend une saveur toute particulière, de se livrer à un véritable panégyrique, l'époque, la propagation des idées de Gobineau et du nazisme aidant, un panégyrique donc, de la race-anglo-saxonne-blanche. Race anglo-saxonne dont le succès et la réussite technologique permet de soumettre sans barguouiner ces pauvres arriérés de nègres primitifs, superstitieux et cannibales. L'un ne pouvant aller sans l'autre. Bien sur, les blancs sont chrétiens, et Dieu est à leur coté. Bien sur, les nègres conservent un instinct, des pratiques qui leurs donnent quelques avantages qui, alliés à la supériorité technologique des blancs, donnent la victoire, bien évidement. Comme en plus, les blancs sont prodigieusement forts, c'est de la quasi adoration, divinisation, l'idolatrie.
Rosny Aîné admet d'ailleurs, par la bouche des protagonistes, que cette race blanche-anglo-saxonne finisse par anéantir ces sociétés primitives, inéluctablement. Il admet, par ailleurs, que cette écrasement entraînera aussi un cycle de régression vers la sauvagerie animale. Vision intéressante. Cette jungle où les végétaux ont évolué en se défendant contre les animaux est intéressante cependant, puisqu'elle suppose des cycles entre des végétaux primitifs et des végétaux plus évolués. Les plus évolués étant les mimosacés, dont les sensitives sont le fleuron. Et il faut noter que ces plantes sont effectivement celles qui se défendent contre leurs prédateurs. L'anticipation est donc ici rattrapée par la réalité ; et les graminées bleues qui endorment les herbivores, somme toute, sont plutôt sympas.
Quoiqu'il en soit, ce livre est profondément révélateur de l'état de la psyché d'une époque, de ses mythes et illusions culturelles ; époque qui va se clore avec la boucherie de la seconde guerre mondiale, la déculottée des blancs par les jaunes ; déculottée qui prélude au mouvement d'émancipation coloniale.
A part chez les attardés du nationalisme, on n'oserait plus écrire de telle histoires. Mais qui sait! La terre est finie, l'évolution est la même partout, la civilisation technologique sème effectivement ses nuisances partout, et de grandes régressions éclatent partout dans le monde. En cela Rosny Aîné avait vu juste.
Alors, si vous avez l'occasion de lire ou de relire "L'étonnant voyage d'Hareton Ironcastle", de Rosny Aîné, chez Plon, ne le ratez pas ; c'est un petit bijoux savoureux, rétro, à la limite de la science-fiction, involontairement drôle.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
HAUT MOYEN AGE, BYZANCE, ISLAM, OCCIDENT.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre
J'ai ouvert "Haut moyen-âge, Byzance, Islam, Occident", collection Arts et Culture. C'est une somme. Il est gros et grand, riche en photos, et la plume n'est ni un manche, ni un inculte. Bref, c'est le genre d'ouvrage que l'on met un bout de temps à lire, à petites doses, et encore au moins autant à digérer, parce que très riche en enseignements. Comme son titre l'indique, il nous présente trois civilisations. Trois civilisations qui avaient des racines communes, mais qui ont été portées par des cultures différentes. Il y a en effet une différence entre culture et civilisation. On peut dire ainsi que la civilisation romaine a occupé tout le bassin méditerranéen, mais qu'elle a recouvert la culture grecque, la culture sémitique, et la culture latine, chaque culture ayant pu intégrer plusieurs sous cultures antérieures.
Byzance était issue du mariage de la culture romaine et de la culture grecque. Elle a, en apparence disparu ; la Grèce actuelle étant un peu un rameau fossile résiduel. Mais sa culture survit chez les slaves et pourrait bien jouer les phénix un jour. Byzance fut en son époque, la civilisation la plus puissante en Europe. Elle a quand même duré plus de mille ans, c'est dire sa puissance, à l'échelle humaine. Et c'est là que ce livre prend sa densité, sa puissance à lui aussi : Dans ce qu'il narre. C'est un récit ; comme un conte. Il est vrai qu'il y a une différence entre les livres d'histoire-géo dont je disposais, dans une vie antérieure, et la puissance de projection de ce bouquin. Nous avons tellement augmenté notre pouvoir de résolution, grâce à la multiplication de la puissance d'analyse en temps constant, qui nous permet de faire un bon dans la connaissance aussi puissant que le bond effectué dans la montée en puissance des calculateurs.
Et que cette capacité à voir de l'infiniment petit à l'infiniment grand permet de visualiser, comme dans un hologramme, le déroulement de l'histoire, comme le déroulement d'un méta organisme, sacrement complexe. Et ce qui n'était à la portée que de quelques scientifiques chenus et inaccessibles l'est maintenant pour tous grâce à un livre comme celui ci. Hé oui, la mémoire est holographique, et elle n'est manifestement pas dans le corps. Le problème étant de faire passer le code en langage codé écrit, décryptable par tous ; par le génie de la langue. Alors en français, ce livre est très chargé et je vous le conseille.
Il nous raconte comment trois entités psychiques se sont partagé le tour de la Méditerranée, y installèrent leurs coutumes, rites et rituels, croyances et superstitions, arts, comportements ; des cultures ayant subit l'empreinte romaine durant plusieurs siècles, et ayant repris leur autonomie. Chaque groupe y est bien décrit et observé dans sa culture et ses vestiges, ses sous bassements, ses superstructures, le codage entre le milieu et l'acteur humain.
L'à peu près dix huitiéme niveau de complexité de la vie sur terre. Ce n'est pas explicité comme cela, mais c'est cela. Alors la richesse de ce livre explose. Comme un film qui défile, en trois-D, en hologramme. Et on le garde, on peut le revisiter et l'enrichir, comme en cliquant. C'est mieux que la vidéo, parce que l'image n'est pas figée, elle est encore en devenir. L'Occident, Byzance, L' Islam, trois mondes qui se partagent un espace, pour trois expérimentations. Et qui ne le gérent pas exactement de la même façon ; c'est stimulant, enrichissant de comparer ce qui est comparable.
Lire ce bouquin vaut une pile de C.D.Rom, quand on sait lire. "Haut Moyen-Age : Byzance, Islam, Occident", collection Arts et Culture, à savourer.
Bonne lecture, bonne queste,à la prochaine.
LA HORDE D'OR.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
Il est un grand marcheur, un très grand marcheur, se prénomme Jacques et comme il a la plume aussi alerte que ses gambettes, il a l'art et la manière de nous faire marcher, de nous emmener sur des itinéraires, dans ses romans, qui s'allongent dans le temps et dans l'espace, en de somptueuses invites à la découverte. Il aurait pu être Lacariére ; c'est Jacques Lanzman. Et j'ai ouvert "La horde d'or", en pocket.
L'histoire se déroule entre la France et la Mongolie, dans l'espace et le temps, entre le 13 éme siècle, et nos jours. On commence, un peu après la chute de l'U.R.S.S, à Oulan Bator, la capitale de la Mongolie, à l'ambassade de France. Charles de Minvelle, jeune attaché culturel frais émoulu, féru de langues O en générale, et de mongolien en particulier, est en queste. Depuis que le tsunami communiste s'est retiré, l'identité mongole reprend du poil de la bête et cherche ses marques. Gengis Khan, le grand homme mongol, qui soumit une bonne partie de l'Eurasie, par le feu le fer et le sang, celui qui tint et propagea Tengi, l'entité supérieure des mongols, de sa poigne de fer, Gengis Khan revient en force dans le monde.
Pour l'instant, Charles se la coule douce à Oulan Bator, particulièrement avec Yegusen, la belle et impétueuse jeune standardiste de l'ambassade. Et ce n'est pas son excellence, Monsieur Bernard-Gaulthier-Dumont, l'ambassadeur, qui le contredira, lui qui attend de finir sa carrière à Stockholm. Et ne voila-t-il pas que déboule un superbe spécimen de vieil aristocrate Taïtchikout, un centaure fleurant fort le suint et le beurre rance. Et il est porteur d'une véritable bombe : Il a la preuve qu'un chevalier du Temple, Arnaud de Beltram, est venu jusqu'à Karakorum, la capitale de Gengis, pour passer alliance. Depuis la forteresse de Menzélé, dûment mandaté par le légat du Pape, le roi Jacques de Senneviére, bref le gratin de la hiérarchie chrétienne, il a fait la route pour s'allier avec le Roi David, dans l'espoir de prendre l'Islam en tenaille, et de chasser les infidèles de la terre sainte. Et le traité fût signé. La mort de Gengis a coupé tout développement ultérieur.
En fait le vieil Altan Touloum, chef du puissant clan des Taïtchikouts, le clan de Gengis, vient proposer, en quelque sorte, de reprendre les choses où elles en étaient restées ; et il vient proposer au khan des français, un accord de développement, histoire de faire la nique à la C.E.I. Un coup diplomatique, comme on dit. Je ne vous raconte pas le coup de pied dans la fourmilière. Son excellence ne se sent plus. Le quai d'Orsay est en ébullition. Charles retourne en France chercher confirmation de la queste d'Arnaud. Très vite, il s'avère que celui-ci a eu des émois avec sa jeune cousine, Aude de Montserrat, et qu'il y a eu drame.
Il rencontre, par la même occasion, la belle Mélissande de Montsérrat, qui fait une fixation sur son aïeule. Ils partent ensembles pour retrouver la queste d'Arnaud et de Aude. En fait, Arnaud était parti avec un autre templier, Gontrand de Puech, et Nathan Ben Avram, disciple de Maïmonide, un Juif.
Mais Arnaud n'était pas Arnaud et Gontrand ne s'en remis point. Arnaud-Aude finira le chemin avec Nathan jusqu'à Karakorum, alors que, de leur coté, Charles et Mélissande, aussi enflammés que leurs prédécesseurs, redécouvrent la queste des mêmes, au travers des écrits que sema Nathan tout au long de leur route, unissant par l'écriture, dans l'amour, la combattante chrétienne et le léttré-thérapeute juif. Les deux couples, unis par la même passion, à sept siècles d'intervalle, vont poursuivre la même piste aventureuse. N'attendez pas que je vous narre la fin, mais j'avoue avoir été pris de court.
"La horde d'or", de Jacques Lanzman, en Pochet, c'est du nannan, un superbe roman, d'amour, d'action, d'histoire.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
L'ILE MYSTERIEUSE.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à l'ouvrir.
En 1874, Jules Vernes publia un gros pavé qui fit le tour du monde, et reste un monument de la littérature. Cette oeuvre est reliée à deux autres du même Jules Vernes. Je vous le dis, j'ai ouvert "L'île mystérieuse."
Un film en fut tiré. C'est l'histoire d'un petit groupe de fiers américains, enfermés pendant la guerre de sécession dans Richmond, ville tenue par les sudistes, alors que les nordistes en font le siège. Il y a Cyrus Smith, brillant ingénieur attaché à l'état major nordiste, avec son serviteur noir Nabuchodonosor, dit Nab. Avec eux Gédéon Spilett, correspondant hors pair du New York Hérald. Il y a encore Pencroff, un sacré marin, accompagné de Harbert, un jeune garçon qu'il a pris en charge, comme un fils adoptif. Et pour couronner le tout, citons Top, le chien de Cyrus Smith. Bref, quelques brillants représentants de la jeune Amérique en marche, comme les affectionne Vernes. Ils profitent de ce que les sudistes ont construit un aérostat pour s'en emparer et quitter la ville.
A la faveur d'une tempête phénoménale, ils se font la belle. Ils finissent par atterrir, plusieurs jours après, dans des conditions catastrophiques, sur un îlot paumé du Pacifique sud. Et nos héros se retrouvent avec juste leurs hardes à jouer les robinsons, alors que leurs compatriotes s'entrétripent pour l'abolition de l'esclavage, et la suprématie de la société industrielle sur la paysanne.
Mais, à l'inverse du Robinson de DeFoe, ils sont plusieurs, et Cyrus Smith est leur chef. Et cet ingénieur est capable de véritables tours de force. Il met son savoir technique, prométhéen, au service des naufragés. Coup de chance, l'île volcanique est un écosystème très élaboré, où on trouve des choses probablement introuvables ailleurs. Et il entreprend, ni plus ni moins, de réinventer la civilisation. Sous sa direction les naufragés se font potiers, briquetiers, cimentiers, maçons. Puis ils se font métallurgistes, chimistes. Bref, Cyrus Smith va recréer avec ses compagnons la science et l'industrie moderne de l'Amérique du nord dans l'île Lincoln. Mais de bien étranges choses se sont produites depuis leur arrivée sur l'île. Evénements qui travaillent sérieusement l'esprit de Smith et de Spilett.
Et en plus un naufrage aussi proche qu'inespéré leur livre un coffre rempli de véritables trésors, qui multiplie leurs possibilités et moyens.
Le génie de Smith leur procure une habitation aussi fabuleuse que le furent les moyens pour l'obtenir. Il a en effet détourné le déversoir d'un lac à la nitroglycérine, leur fournissant ainsi la grotte qu'occupait précédemment la rivière souterraine. Ils deviennent agriculteurs, puis éleveurs. L'île Lincoln se civilise. La construction d'un petit voilier leur permet de faire le tour de leur domaine et de trouver une bouteille contenant le message d'un naufragé sur une île proche. Ils y vont et récupèrent un homme revenu à l'état sauvage, et quelques produits agricoles.
Il s'agit d'un ancien pirate, intervenu dans les aventures de la famille Grant, abandonné là en expiation ; il se repent amèrement de ses forfaits anciens. L'arrivée d'un Brick pirate mené par ses ex- amis lui donne l'occasion de se racheter. Après combats où Harbert est blessé, les affreux sont mis hors jeu, ni plus ni moins par le Capitaine Némo. C'est lui, qui, depuis le début, les a aidés. Il meurt après avoir révélé son passé et un grave danger : L'éruption du volcan. Celle-ci fait proprement sauter l'île, mais l'arrivée d'un yatch va sauver tout le monde.
Pour moi, il y a quelques invraisemblances ; et je doute que cinq hommes, même sous la direction d'un ingénieur, arrivent à un tel tour de force. Mais Vernes est un maître du rêve et du roman, et ce livre a du en faire vibrer en son temps.
Alors maintenant, conservez, on ne sait jamais, "L'île mystérieuse", de Jules Vernes, collection Classiques Français.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
LES INDES NOIRES.
Gentes dioises et gentils diois, je vous convie à ouvrir le livre.
Celui que je vous propose cette fois est de Jules Vernes. En Folio junior. Il s'agit de "Les Indes noires".
Ce n'est pas une oeuvre majeur de Vernes, mais la patte du maître est là. Les Indes Noires n'ont rien à voir géographiquement avec la colonie, le joyau de la couronne. Pour ce qui est du traitement par contre, il est des parentés qui font mal. Les Indes Noires, c'étaient les mine de charbon, exploitées déjà sous Guillaume le Conquéran. Les reserves de carbone secondaire, après le départ de la lune, ont disparu sous terre en faisant ainsi chuter le taux de carbone circulant, pour être relâché par l'industrialisation. Si les Indes Noires ont considérablement enrichi l'Angleterre, bien avant et bien plus que les autres Indes, quelles en furent le prix et la logique?
Car encore une fois, Jules Vernes, aussi scientifique qu'écrivain , se montre d'une prévoyance étonnante, même quand il fait l'apologie de l'exploitation minière. Les Indes Noires, c'est l'histoire d'une mine :Aberfoyle; qui a du fermer pour cause d' épuisement du gisement. C'est aussi, l'histoire de James Starr, l'ingénieur qui dirigeât la mine; c'est celle de Simon Ford, le vieil overman qui ne veut plus quitter sa mine avec Madge sa femme. Ils ont construit leur cottage au fond de la mine, et vivent avec Harry leur fils ; et il y a aussi Jack Ryan, l'ami de Harry, lui aussi ancien mineur.; et il y a aussi l'Ecosse ; la vieille Ecosse des lacs, des lochs, des campagnes, ses châteaux, ses fantômes, sa culture ancestrale, face à l'industrialisation conquérante, formidable machine de métal fumante et bruyante qui envahit les villes et les campagnes et commence à changer le monde.
Jules Vernes est touchant parce qu'il se fait l'avocat de ce développement mécanique qui va libérer l'homme des contraintes de la nature et assurer son pouvoir sur la création. Vieux mythe prométhéen revisité. Mais il dit aussi qu'il est heureux que la terre ne soit pas composée uniquement de houille sinon les hommes brûleraient leur planéte. Confusion sur le matériau, mais prémonition terrifiante si on pense au nucléaire.
L'attachement des Ford à leur mine est touchant et leur désir d'extraire du charbon pour assurer leur vie et celle de leur communauté feraient pleurer des investisseurs et des décideurs. James Starr, avec un nom pareil on peut faire n' importe quoi, est le prototype du scientifique anglo-saxon de l'époque. Il est le progrès en marche. Il est un peu Jules Vernes Cela transpire souvent. En ces temps, la science matérialiste remplaçait la religion dans les esprits ; et le cartésianisme de Harry Ford face à la superstition de Jack Ryan n'a rien de romantique.
Dieu et les esprits ne sont pas morts, ils n'ont jamais existé. Ceci mis à part l' analyse énergétique du système à l'époque est fort instructive, et les projections sur le futur déja obsolètes. Ah oui, il y a aussi Nell, petite fille du dernier pénitent d'Aberfoyl. Entre son vieil illuminé de grand père et l'amour de Harry, elle choisira l'amour et le progrès et finira ses jours dans la mine, loin de la réalité du monde et des splendeurs ensoleillées et pluvieuses de l'extérieur. Jules Vernes est un grand maître de l'écriture ; même ses oeuvres mineures sont de prodigieux documentaires sur leur époque, des mines d'enseignements et de méditation ; et c'est la moindre des chose quand on parle d'extraction de houille.
Bref "Les Indes Noires" de Jules Vernes, en Folio Junior, c'est un petit bouquin à déguster avec délectation.
Bonne lecture, bonne quêste, et à la prochaine.
LES INFORTUNES DE LA VERTU.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
Il est des auteurs qui sont plus connus que lus. Si je vous dis Sade, vous répondrez sadisme ou pornographie. Mais avez-vous lu "Les infortunes de la vertu", du même Sade, écrit en 1787, et réédité en maxi-poche ?
Cet écrit est en fait la première version de Justine. Si le divin Marquis était déjà un sacré débauché, c'était aussi un homme très intelligent, psychologue, philosophe, au génie sulfureux et brillant. Les Lumières sont passées par là. Contrairement à Justine, et aux oeuvres ultérieures, fortement marquées par le sadisme et la pornographie, "Les infortunes de la vertu " restent lisibles par presque tout le monde, quand on voit ce qui passe à la télé. C'est l'histoire de deux soeurs. Filles d'un gros commerçant de la rue Saint Honoré qui est frappé par la faillite et doit s'enfuir en Angleterre, elles sont proprement éjectées du couvent où elles étaient éduquées. L'aînée, Juliette, seize ans, aussi jolie que sans scrupule, rêvant cyniquement d'arriver, se place sous la protection de ce que l'on appelait alors une courtisane. En clair, elle utilisera ses charmes pour faire son chemin.
La puînée, Justine, douze ans, est aussi belle que candide. Elle est vertueuse et farouchement attachée aux préceptes de la religion, avec une constance et une obstination à en tomber assis. Elle commence par aller demander de l'aide à ceux qu'elle juge a priori dignes de confiance. Mais nous sommes à la fin de l'ancien régime, et les libertins et le cynisme semblent l'emporter sur les vertueux. La pauvre se fait avoir à tous les coups. Sa vertu candide n'est que l'occasion d'expliciter le cynisme, la débauche, l'esprit de lucre et de jouissance débridée des libertins de cette fin de règne.
Juliette que son désir d'arriver facilement mène au vice et à la débauche, n'hésite pas à expédier ad-patres son premier époux, pour accroître sa fortune. Impunie, elle réitérera. Sa trajectoire se maintient jusqu'à ce qu'elle rencontre Monsieur de Corville, qui, malgré sa fortune, se l'attache. Lors d'un voyage en province avec sa belle, à l'étape du coche, ils viennent à rencontrer une fille accusée de meurtre, de prostitution, de vol, d'incendie, et de bien d'autres choses, gardée par la police. Attirée par la malheureuse, Madame de Lorsange, c'est le dernier nom de Juliette, écoute le récit des malheurs de la pauvresse. Et le récit de cette fille a de quoi faire pleurer Margot et fendre le coeur des plus endurcis. S'il est possible de dire de quelqu'un qu'il a la poisse, c'est bien d'elle. Victime de problèmes familiaux, le premier auquel elle demanda de l'aide, un riche financier, s'avère être un épouvantable cynique. Tenant du maintient de l'ordre établi, du droit du plus fort, incroyant, et même pire, agnostique militant, il lui fait des propositions aussi inconvenantes que cruelles. Elle embauche ensuite chez un usurier, pingre et gredin, un infect rapiat. Non content de lui faire subir un véritable esclavage, le cuistre lui demande néanmoins d'aller voler un voisin. Honnête et pieuse, elle refuse. Las, l'infâme l'accuse de vol et s'arrange pour la faire plonger.
En prison, elle rencontre une des plus fieffée gredine qui soit. Elle projette d'incendier la prison pour s'évader. Ce coup fumant réussit, mais témoin gênant, elle doit s'enfuir dans une forêt. Mais elle tombe entre les griffes d'un débauché, homosexuel dépravé et cruel, qui finit par lui demander d'empoisonner sa mère pour hériter. Fidèle à ses principes, elle refuse. Résultat, il empoisonne sa mère et s'arrange pour la faire accuser, touche en prime un autre héritage, et lui fait subir l'outrage du fouet. Elle s'en tire et s'embauche chez un chirurgien-dentiste. Celui-ci s'avère pratiquer des expérimentations sur des victimes humaines vivantes. Saisie de compassion, elle libère la pauvrette, et l'infâme se venge en la corrigeant, et en la marquant au fer rouge du sceaux de l'infamie. Elle s'enfuit à pied vers le sud. Et de déboires en malheurs, toujours encrée dans ses certitudes, elle va subir et resubir, alors que ses bourreaux font fortune et sont couverts d'honneurs. Quand même, à la fin, la morale est édifiante, mais, lisez vous-même.
"Les infortunes de la vertu" du marquis de Sade, en Maxi-poche, dans son genre, est un monument.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
LE JOUR DES FOURMIS.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
Je vous entretint l'an passé d'un livre de Bernard Weber "Les fourmis". Voici que j'ai ouvert "Le jour des fourmis", du même Weber.
C'est probablement le premier polars qui ait jamais eut l'honneur de figurer au programme de fac de biologie. Pas comme polars évidement, mais comme document d'entomologie. Parce que là encore Weber frappe très fort. La description de la vie des fourmis, entre autres, est aussi minutieuse que documentée. Oh ! bien sur, l'auteur a aussi laissé libre cour à son imagination créatrice, mais dans un cadre bien marqué, bien balisé. Et le résultat est époustouflant. Prenez Jules Vernes, John Brunner, Tobie Nathan, Boris Cyrulnik, faites frémir, ajoutez un peu de Barjavel, de Pilhes, laissez épaissir, et servez chaud sur des toasts. A s'en lécher les badiguouinces, le soir vers minuit trente, avec un petit Sylvaner. Ce bouquin a un côté jouissif, sensuel, prononcé, communicatif.
L'histoire ? Limpide et accrochez vous. Chli-pou-ni, fille de Belo-kiu-kumi, est la reine de la fédération de Bel-o-kan. Les réformes et le processus évolutionnaire qu'elle a initié ont bouleversé la fourmilière et placé la fédération à la tête de la civilisation. Mais !! un groupe de fourmis rebelles est apparu, qui bravant l'interdit de la reine, est resté en contact avec les emmurés et tourne au déisme !! Et une série de meurtres frappent les scientifiques anti-fourmis. L'inspecteur Jacques Mélies, l'as des as de la P.J mène l'enquête. Une journaliste, aussi séduisante que rebelle et troublante, Laetitia Wells, lui pose quelques bâtons dans les roues, et lui met le nez dans son caca, fort civilement par ailleurs.
Pendant ce temps, 103.683, la soldate, ancienne compagne deChli-pou-ni, revient de chasse à Bel-o-kan. Ses aventures passées avec Chli-pou-ni au delà du monde, les changements dus aux réformes de la reine, tout cela a initié en elle un début de réflexion unique pour une fourmis de sa caste. Et voilà que baguenaudant prés de la décharge, et oui, les fourmis ont aussi des problèmes de déchets, elle ressent un appel. C'est une rebelle, exécutée après avoir fait une incursion dans la bibliothèque de phéromones-mémoires interdites. Et elle lui transmet une nouvelle explosive :
Chli-pou-ni va lancer une croisade d'extermination des doigts. Or, les doigts, ce sont les hommes. Voila pourquoi la reine s'escrimait à domestiquer d'autres races d'insectes. Elle nomme 103.683 à la tête de la croisade malgré ses sympathies rebelles ; et plusieurs rebelles se joignent à l'expédition. Très vite, une termitière et une ruche vaincues se joignent à la colonne, ainsi que autres pour éliminer l'homme, qui a brisé le tabou du feu. Et la partie va se jouer entre 103.683, bientôt nommée 103 pour ses exploits et les hommes. Elle va connaître une véritable expérience initiatique ; elle va même mourir et renaître. Elle va rencontrer Laetitia et Jacques et leur délivrer ce quelle porte depuis son départ: Un message des emmurés, qui en voient de drôles eux aussi. Cela vaut Rencontre du troisième type. Je ne vous en raconte pas davantage, la fameuse rencontre vaut son pesant de moutarde. 103 rencontrera-t-elle le président de la république ?David triomphera-t-il de Goliath , Tsoin tsoin !! Petits finauds, allez, tout se termine bien, et c'est le panard.
Alors donc, "Le jour des fourmis" de Bernard Weber, c'est captivant, sensuel, à déguster.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
LAJJA.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
J'ai ouvert "Lajja" de Taslima Nasreen, aussi en livre de poche.
Taslima Nasreen, vous savez bien, cette gynécologue Bengali sous la menace d'une fatwa qui est obligé de vivre un peu comme Rushdie et que nos bon dirigeants snobaient il y a quelques temps. En Inde ce bouquin a atteint des tirages qui feraient pâlir nos plumitifs nationaux ; au Bangladesh itou, malgré la censure. La traduction en occident a fait un malheur, et si certains scribouillards sont mécontents de la concurrence, qu'ils écrivent donc un livre sur ce qui se passe en France, et qu'ils en vendent un million en Inde, nous en rediscuterons après.
Revenons à notre livre, la famille de Suddhamoy Datta vit dans ce qui fut le Bengale oriental, autrement dit le Bengladesh. Sa famille, hindoue, faisait partie de l'intelligentsia, et possédait des biens. Suddhamoy, libéral de gauche, médecin; soignait gratuitement les pauvres de toutes confessions, et faisait payer les riches. Il a participé activement à tous les événements depuis la séparation de l'Inde et du Pakistan. Il y a vu l'avènement d'une république laïque, juste, respectueuse. Il a élevé son fils Suranjon et sa fille Maya dans cet idéal. Son épouse Kironmoyee était cantatrice et croyante, mais elle a progressivement abandonné les pratiques religieuses et le chant.
Et le tableau que brosse Taslima de ce qui se passe sur le sous continent est tout bonnement effarant. Elle nous explique ce qui s'est passé depuis la création de la première ligue musulmane communautariste, sous l'impulsion des anglais. Elle nous explique comment le communautarisme, prospérant sur le terreau d'une mutation socio-économique, l'urbanisation, l'industrialisation, le matérialisme, a progressivement clivé la société. Les politiciens en tirant leur substance ont encore accéléré le processus, qui s'est traduit sous la conduite de l'inénarrable Jinnah par la création du Pakistan sur le thème de "2 nations distinctes". Puis il y eut la guerre avec l'Inde, Puis la guerre de libération contre le Pakistan. Les politiciens, toujours eux, la main dans la culotte avec les fondamentalistes ont progressivement aggravé les choses, en un terrifiant processus d'atomisation de la société.
Les hindous se retrouvent comme des bêtes à la merci des musulmans qui s'amusent à piller, violer, tuer. La destruction de la mosquée d'Ayoda par les fondamentalistes hindous du B.J.P a juste rajouté de l'essence sur l'incendie. L'histoire de Suddhamoy, de Suranjon, De Maya et de Kironmouee traverse cet embrasement. Ils ont du vendre leurs biens et déménager à Dakka, dans une petite maison en location. Suddhamoy se fait vieux et une attaque le laisse paralysé. Suranjon qui a passé sa vie à militer à gauche, mais n'a jamais été capable de travailler, ni de fonder un foyer, prend l'évolution de la réalité de plein fouet, et l'enlèvement de Maya par des voyous musulmans le laisse sur le carreau.
En quelques jours, lui qui s'était toujours opposé avec virulence au communautarisme en se déclarant humaniste, voit ses idéaux balayé, et, oh horreur, décide de partir en Inde, et tente même de convaincre Suddhamoy de partir tous ensembles. Je ne vous raconterai pas la fin. Lisez. Il y a certes des passages énumérant les exactions des musulmans, avec où sans l'aide de la police et de la justice que l'on peut trouver long. Mais essayez donc de décrire le poids de l'innommable, l'indicible. On ne peut que faire la comparaison avec ce qui s'est passé en Allemagne dans les années trente. Si l'histoire ne se répète pas, elle bafouille. Nous n'en sommes pas encore là en France, mais cela ne tenait qu'à certains !!!
Alors, si vous pouvez vous offrir "Lajja" de Taslima Nasreen, Même en livre de poche, sautez dessus, il y a urgence, c'est ce qui est à notre porte.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
LETTRES DE DESIR ET DE SOUFFRANCE.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
Si l'histoire ne se répète point, il y a des plats qui repassent. J'ai ouvert "Lettres de désir et de souffrance", de René Crevel, chez Fayard, préfacé par Julien Green.
Après la grande guerre, il y eu ce que l'on nomma la belle époque. En ce temps là, Paris fut un peu le centre du monde artistique et culturel, avec une brève concurrence de Berlin. C'était l'époque du surréalisme. Après la grande boucherie, l'horreur industrielle planifiée, se produisit une formidable décharge émotionnelle et sensorielle, pour oublier, gommer l'apocalypse ; Une explosion des sens, une fête frénétique. Le retour de l'isolationnisme et de la bêtise dans les pays anglo-saxons, avait envoyé bon nombres de talents, qui vinrent s'épanouir en France. France terre d'asile. Elles, ils venaient de toute l'Europe.
Seulement ce grand échange euphorique et débridé, cette grande fête des sens, avait des inconvénients. La médecine avait ses limites, et quelques saloperies, alors inguérissables, faisaient des ravages terribles : La tuberculose, la syphilis. Les tubards tombaient comme des mouches. René Crevel, jeune homme de bonne famille,, écrivain plutôt talentueux, surréaliste, révolutionnaire, auquel Salvador Dali trouva du génie, homosexuel autant que bisexuel, était tubard, furonculeux, peut être syphilitique.
Avec soixante ans de décalage, deux périodes se répondent. Un déficit immunitaire vient frapper des groupes dits à risques, dans une période de grands troubles. Ce qui advint à la suite de la première période est une chose, ce qui adviendra après la présente en est une autre. Quoiqu'il en soit, René Crevel, beau gosse blond gâté, grand fêtard devant l'éternel, avait une plume brillante et prometteuse. Ne fut-il pas pressenti pour des prix littéraires. Il fréquentait tout ce qui comptait dans les lettres, la peinture, l'art. Il écrivait pour des revues, des livres, possédait des toiles qui valent des fortunes de nos jours ; mais il était tuberculeux, contagieux. Lui qui avait tant besoin des autres, tant besoin d'aide, de présence, d'échange ; lui qui avait tant besoin d'amour, se voyait contraint de séjourner de sanatorium en sanatorium, de subir traitements sur traitements. Lui qui, emporté par la fièvre révolutionnaire et iconoclaste surréaliste, ne pouvait accéder à la grâce de la foi à laquelle on s'abandonne.
Ce ne sont pourtant pas les gens qui auraient pu l'aider qui manquaient, mais il était incapable de saisir la perche. De tous ceux qui l'entouraient, combien tombaient, fauchés, jeunes, très jeunes. De ses séjours en sana, en cure, de ses trop bref séjours chez les humains, en Suisse, sur la côte, à Pau, René Crevel échangeait des lettres avec ses ami(e)s. André Gide,, Marcel Jouhandeau, Choura Tchélitchev, Georges Poupet, Jean louis de Faucigny-Lucinge, toutes et tous étaient les protagonistes de ces échanges épistolaires. De petite lettres, parfois de simples pneumatiques, parfois des articles pour des revues.
Le pauvre Crevel, comme peu de tubards, nous dresse une sorte de guide du routard-tubard des lieux ou l'on soigne. Il nous permet aussi de mesurer l'impuissance de la médecine face au mal. Lui qui avait tant besoin des hommes et des femmes, se vit progressivement coupé des hommes. Lui qui avait tant envie de s'étourdir se vit contraint à la chasteté, à l'isolement. Avoir des fistules anales quand on aime les hommes, quelle ironie cruelle !
De traitements douloureux en traitements encore plus douloureux et inefficaces, lui qui était jeune et beau, se retrouva mutilé, ne pouvant presque plus écrire, ruiné par les traitements et séjours en sana, éperdu de solitude, isolé, au point qu'en 1935, le gaz et les comprimés achevèrent l'oeuvre de la maladie. Son père s'était suicidé, sa soeur se suicida, il se suicida au petit matin.
"Lettres de désir et de souffrance", de René Cervelle, chez Fayard, c'est un peu le chemin de croix d'un enfant prodigue, un document qui éclaire bien son époque.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
LE MANUSCRIT SECRET DU NIL.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
J'ai ouvert "Le manuscrit secret du Nil" de Guy Rachet et soliman Khattab, qui existe aussi en livre de poche.
C'est l'histoire de Chafiq, fils d'un riche et puissant chef de clan d'une tribut arabe du 6éme siècle. L'original de cette histoire fût rédigé par un ancêtre de Soliman Khattab sur papyrus, après la conquête de l'Egypte, puis transféré sur papier sous les Fatimides. Celui ci, bien que fils de nomade, guerrier fort brillant, poète émérite et fin lettré traversa le siècle de l'hégire, et raconta de façon intéressante la vie dans l'Arabie, avant la prédication de Mohamed, et pendant la prédication. A ce titre ce récit est fort instructif, par ce que c'est, à priori, un récit fidèle. C'est un véritable film qui se déroule sous nos yeux, et il m'étonne que personne n'ait encore pensé à le réaliser.
Parce que c'est un documentaire d'une grande précision. Les moeurs de l'Arabie de la jahilliia , les croyances religieuses, les rites, la vestimentation, l'alimentation, l'armement, les méthode de combat, les réseaux commerciaux, les échanges régionaux à courtes et longues distances, entre Byzance, le pays de Roum, L'Abbysinie, le Yémen, la Perse, voir l'Inde. Les rapports de force entre la Perse, les arabes, Roum, les juifs, les alliances; c'est une image d'une précision incroyable qui défile sous nos yeux. L'incroyable morcellement et les conflits entre les tributs et les clans arabes, qui adoraient une foultitude de dieux et de déesses locales, sans compter les importations juives, chrétiennes et mazdéenne, sans compter non plus une kyrielle de prophètes divers et variés, les mariages arrangés ; tout cela faisait de l'Arabie d'alors un sac de noeuds hautement instable, voir détonnant.
Il ne faudrait pas oublier les tensions entre les nomades libres et fiers, numériquement les plus puissants, et les citadins sédentarisés des quelque villes, riches commercants, le pouvoir qui montait, exércant le pouvoir, contrôlant les routes commerciales, les lieux de pèlerinage. Les bédouins nomades, vivant sous la tente, se déplaçant d'oasis en oasis, de pâturages en pâturages, galopant et chassant dans le désert, se battant, razziant, enlevant des femmes, méprisant les ramollis des villes, pratiquant l'esclavage,se servant, mais écoutant avec les larmes aux yeux des poètes qui chantaient l'amour, les batailles, le vin, chérissaient leur liberté, leur clans, leur honneur. Le clan des Quraichites, largement urbanisé, dominant, contrôlait la Mecque, le pèlerinage à la Kaaba, et les échanges commerciaux. Ils méprisaient souverainement ces sauvages de nomades qui vivaient encore sous la tente, et considéraient d'un très mauvais oeil la remise en cause de leurs prérogatives par l'unification des arabes par un dieu unique, qui risquait de leur faire perdre le contrôle de la Mecque, fort lucratif au demeurant.
C'est tous cela que nous décrit le récit de Chafiq. Ce brillant guérrier-poéte qui s'illustra aux concours de poésies de la foire d'Ukaz, connut trois grandes passions amoureuses dans sa vie : Jalila, sa soeur de lait, Fayrus, la belle esclave perse blonde qu'il enleva, puis Joumana, fille d'un redoutable chef de clan, qu'il aima dans des circonstances rocambolesques puis épousa, mais qui fût assassinée par Fayrus ; puis, toujours Jalila. Elève du grand poète Al Acha, il rejeta les croyances traditionnelles, et finit par adopter la foi d'Allah. C'est lui qui écrivit ce récit. La montée en puissance de Mohamed, et la décomposition symétrique des Quraichites, les caravanes, les combats, les courses dans le désert, les joutes des poétes et des poétesses, vous aurez tout.
Je continue de penser que les arabes sont de fichus machos, que cela causa et causera leur perte, mais ce bouquin est passionnant.
"Le manuscrit secret du Nil" de Guy Rachet et Soliman Khattab, aussi en livre de poche, ouvrez le.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
ALEXANDRE NEWSKI.
Gentes et gentils gens du livre, je vous invite à ouvrir le livre.
J'ai ouvert "Alexandre Newski "de Teng et Volkoff, aux éditions du Lombard.
Vous avez peut être vu le film d'Eisentstein. On y traite de cette époque où les mongols occupaient une bonne partie de la Russie, et où les chrétiens d'occident avaient des vues eux aussi sur la Russie. Le film ne s'intéresse qu'au conflit entre les chrétiens. Le livre, une B.D traite lui du long terme, de la vie d'Alexandre Newski. On ne présente plus Teng, Son graphisme se rapproche un peu de celui d'Auclair. C'est très bien dessiné, riche en détails ; l'influence de la télé et du cinéma est ici évidente dans la façon de traiter l'image, le développement de l'histoire ; un film où l'accessoiriste aurait été un maniaque du détail. Volkoff, on ne le présente plus non plus ; de culture russe, imprégné de la mémoire de la Russie, de ses paysages, de ses saisons, il est un des meilleurs peintre francophone de la Russie. On lui doit nombre de romans sur l'histoire de la Russie, de la rodina, des slaves, qui sont de véritables sommes, des monuments, qui devraient tous passer en B.D. Le scénariste, c'est lui. Et il nous brosse un tableau de la vie d'Alexandre Newski qui nous laisse sur le cul.
Comment des petites principautés ont vécu dans le temps et dans l'espace. Les russes et la Russie; un rapport avec la durée et l'espace, avec le climat. Une symbiose, qui à travers l'expérience, la vie, la mort, a permis à un peuple de rester, d'être. L'intérêt de cet ouvrage est qu'il met en scène la présence mongole en Russie. Si un peuple de paysans enracinés dans la terre russe a réussit à tenir en respect, voir tailler des croupières aux envahisseurs d'une société paysanne occidentale, ils n'ont pas put empêcher l'invasion par un peuple nomade, aux techniques militaires différentes.
Ils ont plié, accepté le joug mongol ; ils se sont fait écrémer par les taxes, les impots, parcequ'ils n'avaient pas les moyens de bouter les mongols dehors. A l'époque, la vague mongole était bien trop puissante, pas encore émoussée, usée. Quand les guerriers flèches de Gengis, ou plus tard de Tamerlan, passaient, il n'y avait pas grand monde pour les arrêter. Et puis, après leur passage, il ne restait plus grand monde.
On a traité les mongols de barbares, mais c'est toujours l'autre le barbare. Pourtant ils eurent une civilisation brillante, raffinée, pour eux. Pour eux, les barbares, c'étaient les russes. Et dans le livre c'est très bien rendu. L'espace, la distance, un des éléments clé de cette histoire, l'histoire de la Russie, est omniprésent. On y voyage beaucoup ; de longs, trés longs voyages ; soit à pied, soit à cheval. Les moeurs étaient rudes à l'époque, parce que la vie était dure. Il fallait se battre pour survivre. Vivre était un combat quotidien. Et pour ne pas jouer les kamikazes, pour l'honneur, il fallait se battre intérieurement. L'islam pose bien ce problème entre petit et grand djihad.
Et le combat d'Alexandre Newski avec son peuple pour exister sur sa terre, la terre russe, cela ne s'est pas fait dans la dentelle. Cet amour de la rodina, pour laquelle on est prêt à se sacrifier, Volkoff et Teng nous en font une épopée digne d'Hollywood, du Cécil B de Mille. C'est de la grande B.D où je ne m'y connais plus. Si vous voulez vous initier, initier vos enfants à l'histoire de la Russie, il faudra bien, pas d'hésitation. Un conseil, Croisez avec "la horde d'or" de Lanzman, et vous aurez un assez bon aperçu de ce qu'a représenté l'expansion du peuple mongol, sa puissance, sa décrue, ici en Russie. Un égrégore très puissant, mais nomade ; c'est pour cela que les paysans sédentaires ont fini par lui faire la peau.
"Alexandre Newski", par Teng et Volkoff, aux éditions du Lombard, à conserver.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
SOUS LE CIEL DE NOVGOROD
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
J'ai ouvert "Sous le ciel de Novgorod", de Régine Desforges, qui existe aussi en livre de poche.
Régine Desforges, on ne la présente plus. Elle est celle qui écrivit une revisitation française d'un célèbre roman nord américain adapté à l'écran, sous l'appellation de "La bicyclette bleue" ; elle est aussi l'éditrice de textes coquins qui lui valurent les foudres de la justice. Elle écrivit aussi avec Geneviève Dorman qu'il n'est point besoin de présenter non plus, un recueil d'ouvrages pour dames. "Sous le ciel de Novgorod" relate l'histoire d'une jeune princesse russe, Anne, fille du prince de Kiev, qui vint en France épouser le roi Henri, et devenir une des grandes figure de l'histoire de France. C'était en 1052.
Il faut dire que cette jeune princesse était une personnalité hors du commun. Il semblerait qu'à l'époque les moeurs différait quelque peu entre la Rous' fraîchement convertie et la doulce France. Son éducation russe est plus celle d'un prince que d'une princesse en France. Galopant seule où accompagnée dans les immensités russes, chassant, courant, nageant, mais aussi chantant et jouant de la musique, belle comme un astre, elle avait de quoi faire défaillir les coeurs des hommes. Il y en avait d'ailleurs un, fier chevalier de la garde, ami d'enfance, qui n'avait d'yeux que pour elle, et il semblait que ce fut partagé, mais nécessité diplomatique oblige. Car quand les envoyés de France vinrent chercher la jeune Anne, tous deux durent s'incliner.
Alors Philippe, puisqu'il se nommait ainsi, assistât le coeur déchiré au départ de sa mie. Durant le voyage, qui ferait défaillir un voyagiste, elle fit la rencontre mouvementée d'un chevalier français. L'arrivée et le séjour en France sont une autre paire de manche. Parce que si l'accueil du petit peuple et des grands fut somptueux, grandiose, un rêve de cinéaste, les relation avec Henri, qui avait un gout prononcé pour les jeunes pages, ce fut une autre chanson. Homosexuel passablement honteux, mais jaloux, immature et possessif autant que mal dans sa peau, on ne peut dire que la pauvre Anne eut les doigts de pieds en éventail et connut une romance avec son roi.
La Desforges nous brosse un tableau de la cour de France pas piqué des hannetons. Les intrigues, les luttes de clans, les réceptions, c'est brillant. Ca n'a pas changé. Le décors, moyen âgeux en diable est aussi rustique que misérable, la misère crasseuse ; et dans cette France toujours en guerre intérieure, et que les terreur de l'an mil travaillent encore, les pratiques payennes, sorcellerie, messes noires, envoutement et filtres sont très présents. C'est aussi l'époque où la Normandie, encore fraîchement rattachée à la France, commence à déborder. Et il se trouve que le chevalier rencontré lors du voyage, n'est autre que Guillaume, duc de Normandie, futur conquérant. Et il y a aussi Raoul de Crépy, sorte d'ange noir, qui, s'est mis dans la tête de mettre la reine à son tableau de chasse ; et avec la réputation qu'il traîne, le lecteur a du souci à se faire pour Anne.
Pour corser le tout, le beau russe, après s'être défiguré, a suivit sa belle et lui sert un peu d'ange gardien, sans jamais se dévoiler bien évidement. L'amour, la guerre, les festins, les fêtes, les tournois, les famines dans un pays où les loups et les brigands vous tombent dessus à tous les coins de rue ou de bois (et dire que d'aucuns se plaignent de l'insécurité de nos jours), c'est une fresque somptueuse et colorée que nous dresse Régine Desforges, digne de la tapisserie de Bayeux qui narre justement la geste de Guillaume. Et cette canaille de Régine a si bien réussit son final que j'en avait la larme à l'oeil.
N'hésitez pas à ouvrir "Sous le ciel de Novgorod", de Régine Desforges, existe aussi en livre de poche.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
LE PELERIN DE COMPOSTELLE.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
Je vous aie déjà présenté "L'alchimiste" de Paulo Coelho, en fait j'aurais du vous présenter d'abord "Le pèlerin de Compostelle".
Là encore il s'agit d'un roman initiatique. La particularité en la circonstance, c'est que le récit est à la première personne et semble être autobiographique, du moins si on se fie au petit discours en fin de parcours. Auquel cas, c'est encore plus intéressant car il semblerait qu'il se trouve encore des groupes d'opératifs actifs, diffusant un enseignement non bidonné. Normalement, il n'y a pas si longtemps, le sieur Paulo aurait pu être brûlé en place de Grève, ou aurait du être retrouvé dans un fossé, ou une ruelle sombre, avec deux balles ou un couteau pour lui apprendre à se taire.
Les temps ont changé, et ce qui était occulté devant être dévoilé, selon la tradition, nous avons déjà eu droit depuis quelque temps à "L'herbe du diable et la petite fumée" du sieur Casténada qui fit basculer une génération ; la même encaissa "Bilbo" et " Le seigneur des anneaux" de Tolkien, "Dune" de Herbert. Il y avait aussi une percée de Rampa, et des rééditions de textes qui firent rêver des générations plus anciennes, genre "Les grands Initiés".
Ici le sieur Paulo a suivi la filière de R.A.M ; ne cherchez pas trop, il a codé pour vous balader. Il nous raconte donc son pélerinage depuis Saint Jean Pied de Port jusqu'à Compostelle, aprés s'être pris une veste lors de la remise de son épée, pour cause d'immaturité. Il part donc avec un personnage qui est venu exprès pour le conduire sur la voie ; pour la cause il se nonne Pétrus. Celui ci commence à le faire tourner en rond, puis le soumet à divers épreuves.
Il lui enseigne aussi une série d'exercices à pratiquer à heures fixes à divers moments de la journée ; des rituels. Riens que pour cela, le livre vaut l'investissement. Comme cela, en passant, essayez donc, vous ne risquez pas grand chose, et surtout pas de tomber entre les mains d'une bande de fêlés qui, après vous avoir pompé votre blé, prétendrait vous faire faire un transit sur Sirius, où vous présenter quelques "Diamants" où Grands Maîtres Inconnus. On apprend de fait qu'il y a des maîtres allumés dont il faut se tenir éloignés.
En chemin Pétrus, qui a l'air fort doué ( mais il y a mieux), amène Paulo à se confronter à son démon intérieur, jusqu'à ce qu'il le fasse repartir d'où il est venu. Il lui apprend aussi à prendre conseil auprès d'un esprit. Chez Don Juan, on parle d'allié. Il le soumet à des épreuves qui rebuteraient radicalement les faibles ; il lui apprend à se surpasser, à fonctionner non pas juste avec son cortex, mais avec son instinct, son intuition ; d'autres parleraient de troisième oeil, où de Nagual. Certaines épreuves sont très pratiques, charnelles, combattre un chien à mains nues par exemple, où comment approfondir un trou quand il y a un rocher au fond.
Pour ceux qui ont lu "Les étoiles de Compostelle" de Vincenot, cela change quelque peu, mais le niveau où travaille Paulo n'est pas le même non plus; lui arrive au sommet de la queste. J'ai lu ce livre dans la journée, mais je n'ai pas arrêté de me marrer, de plaisir, parce que ce bouquin est trop. C'est du concentré, de l'extrait savoureusement distillé et dosé par la plume de Paulo. C'est un bijou.
Paulo, si tu passes dans le coin, viens, nous partagerons le pain et le sel, nous boirons un coup de rouge ensemble, et nous parlerons d'Agapé. Ce qui me plaît aussi, c'est qu'ici la tradition occidentale rejoint la tradition Africaine, l'Amérindienne et se retrouve à la source.
"Le pèlerin de Compostelle", un livre qui marquera peut être la fin de ce siécle, grâce à Anne Carrière. Mais il faudra quand même travailler.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
LA PRINCESSE DE CLEVES.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
J'ai ouvert "La princesse de Cléves". Madame de Lafayette a vécu de 1634.à 1693 ; autrement dit elle fut familière de la cour royale de Louis le quatorzième, et n'ignorait rien des secrets d'alcoves, des amours officielles où officieuses, ou tenues cachées. Elle nous en narre une qui se déroula au siècle précédent, Sous Henri 2. C'est l'histoire de "La princesse de Cléves", en Librio à 10 f.
C'est donc une histoire d'amour. Mais ce n'est surtout pas une histoire de fesses. Trublions lubriques, passez au large, et apprenez à contrôler vos émotions. Parce que dans le genre amour interdit !! Fille de madame de Chartres, elle même veuve, mademoiselle de Chartes a tout pour elle : La jeunesse, la beauté, le rang, la fortune, l'esprit : Un des plus beaux partis qui puisse se faire en France. Et le prince de Cléves, jeune aristocrate fort bien mis de sa personne, spirituel, beau, riche, séduisant, était lui aussi un des plus beau partis de France. Il en tomba fort enamouré, et n'eut de cesse de lui faire la cour la plus pressante. Fort flattée de ses approches, mademoiselle de Chartres, sans en être amoureuse, accepte de devenir son épouse, comme cela se faisait souvent alors. Dûment chapitrée par sa mère, sur les dangers des aventures amoureuses à la cour, elle s'engage donc à être une épouse modèle, aimante et fidèle, par respect pour les sentiments de son époux.
Oui, mais !! Revient à la cour, aprés un voyage diplomatique à l'étranger, le duc de Nemours. Grand de France, séduisant et séducteur, éloquent, brillant, riche, célibataire, en instance de convoler avec la reine d'Angleterre, rien que cela ; et il est bien peu de femmes qui ne rêve de lui succomber.
Et bien sur, il tombe en arrêt devant la princesse de Cléves. Le choc ! Mais voilà ! Il est tellement bouleversé par la beauté et la grâce de madame de Cléves, qu'il dissimule son trouble et se garde de le manifester, même à ses intimes. Un mur ! Et tout aussi troublée, madame de Cléves voit son coeur s'enflammer aussi. Et comme elle chérit son époux, il est hors de question de céder à ses inclinaisons ; d'autant que les avertissements de sa mère, passée entre-temps l'arme à gauche et ne pouvant donc plus la guider, sont gravés dans sa mémoire.
Rigolez, rigolez, cuistres, toutes les femmes ne sont pas des catins, et il y a eu, et il y aura encore des femmes vertueuses. Ne voulant pas la compromettre, monsieur de Nemours se tait. C'est diantrement cornélien cette histoire. Chacun tente de celer ses sentiments, ses émois, essayant de se rencontrer, de se fuir, une vrai partie de furet. Monsieur de Nemours est persuadé de la réciprocité des sentiments de madame de Cléves, mais elle se dérobe. Monsieur de Cléves, à qui sa femme s'est en partie confiée, respecte son silence, mais est un petit peu beaucoup rongé par la jalousie, au point qu'il en meurt, consumé de l'intérieur.
Tout pourrait s'arranger pensez vous ! Et bien non ! Madame de Cléves, fidèle, vertueuse et innébranlable, va en quelque sorte se retirer du monde, et monsieur de Nemours va se rhabiller, peut être avec sa reine, si elle n'en a pas eu marre de jouer les poireaux. C'est un portrait fort instructif de la cour de France en ce siècle, avec ses moeurs, sa diplomatie, ses histoires d'amour, ses haines, ses intrigues : La vie quoi !
La princesse de Cléves, par madame de Lafayette, en Librio à 10f, essayez.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
ROUGE EST MA COULEUR.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
Il y a des livres comme cela, qui trompent leur monde. Dans le genre vous tirez une taf au passage, sur un pétard anodin, et vous vous retrouvez scotché dans le canapé qui ne veux plus vous lâcher, après vous avoir fait visiter deux vies antérieures et Vénus. J'ai ouvert "Rouge est ma couleur" de Marc Villard, en Rivages-Noir.
Noir c'est noir, c'est le moins que l'on puisse dire. C'est un petit recueil de nouvelles, dans le genre à faire passer Manchette au rayon des douces bleuettes pour punaises pubères du couvent des oiseaux. J'avoue avoir pris ce bouquin comme un hatémi au plexus ; j'en suis resté le souffle court pendant un moment. C'est comme je l'ai dit, un recueil de dix sept nouvelles, dont une nettement plus longue.
Cela se situe du coté de Barbes, pour l'essentiel, et la banlieue. parisienne. On y croise une faune pas piquée des hannetons, camés, flics, dealeurs, blackos, chômeurs, largués, pervers, alcooliques, barges, psychopathes, musicos, j'en passe et des meilleurs. Je sais que cela fait longtemps que j'ai quitté les cités parce que j'avais entrevu ce qui allait arriver ; je regarde l'étrange lucarne, et je sais ce que peut signifier licence littéraire, mais franchement, là, c'est le flash. Cela s'est donc dégradé si vite dans les cités ; la coke, le crack, l'héro sont si banalisés dans les quartiers ; les cités sont si pourries que l'on s'y égorge pour si peu. Est ce que les repéres se sont barrés en sucette à ce point.
Ce bouquin m'a baladé dans un univers tellement déjanté, implosé, ampifié, que je n'avait rencontré jusqu'alors que dans la science-fiction futuriste américaine. Mais là, c'est en France, et c'est maintenant. C'est là où l'effet est le plus puissant. Ce livre semble avoir été écrit sous crack ; ce crack omniprésent dans ce livre, ce crack qui vous liquide son bonhomme en six mois. C'est un monde sans passé, sans avenir, tout juste dans l'immédiat, l'urgence absolue. Les flips punks sont roses et enfoncés ; l'héro vous laissait plusieurs années. Avec le crack, c'est en mois.
Noir c'est noir. Ce livre fait peur. "Rouge est ma couleur", c'est l'histoire d'un flic dont le collègue se fait buter par un junkie lors d'une tentative d'arrestation. Alors le flic, il flippe sévère et se met à picoler comme un trou. Si si, les flics cela flippe. C'est sa fille Zoé qui va le remettre en route. Elle, elle se shoote à l'héro, joue des drums divinement, et a essayé de flinguer sa mère, ce qui lui a valu un stage prolongé en H.P. Dans une réunions de camés anonymes, elle croise un toxico qui pense avoir flingué un flic. La traque commence. Le zèbre s'avère être un ripoux, camé jusqu'aux yeux, incontrôlable, mais protégé quand même. Zoé, qui a choisi Killing Zoé comme nom de guerre dans le spectacle, deale pour se payer son matos, et se retrouve embringuée dans un engrenage infernal qui va la broyer. Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir.
Les nouvelles suivantes sont regroupées sous le sous titre : L'homme est un animal. Un doux euphémisme. Comment récupérer la nana que vous avez engrossée et vous débarrasser des gêneurs avec cinq kilo de plastic ; comment se retrouver en cavale après avoir poignardé un sale con, parce qu'on a voulu jouer les dessalées à quinze ans ; comment un petit con de dealer se fait piéger par sa propre saloperie ; comment une gamine internée en H.P liquide son père et sa meuf ; comment un travelo finit par se faire égorger parce que la dope lui a pris la tête ; comment un couple raté réussit à se rater définitivement ; comment une gamine modèle de treize ans, liquide ses vieux à l'Uzi, après avoir fumé du crack ; comment des petits malfrats se font doubler par un keuf pour racketter un chanteur ; comment une beurette fini par se taper un vieux qu'elle avait accusé de viol ; comment les gangs racolent les meufs, et comment cela peut leur revenir dans la tronche. C'est court, charpenté, explosif, expéditif, parfois juste en deux pages. Un trip au crack. Si vous aimez le noir, allez y, vous ne serez pas déçus.
"Rouge est ma couleur", de Marc Villard, en Rivages- Noir, il faut aimer. L'apocalypse a commencé en banlieue.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
UNE ENFANCE EN SIBERIE.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
J'ai ouvert "Une enfance en Sibérie" de Victor Astafiev en Castor poche Flammarion n 35.
C'est l'histoire d'Ilia, petit garçon de 11 ans qui habite avec sa belle mère Nastia, dans un tout petit village de Sibérie Chipitchicha. Il est à l'embouchure de la Chipitchicha et de la Mara ; la Mara est un affluent de l'Ienisséï, un des plus grand fleuve de Sibérie et du monde. L'histoire se passe donc en Sibérie à la fin des années 20-début des années 30. La révolution est terminée, les koulaks ont été liquidés, l' Union soviétique commence à se construire. Autrement dit tout est à faire.
Pavel Verchtakov le papa d'Ilia est un des meilleur chasseur de la région, courageux à la limite du téméraire, mais à la maison c'est une lavette, et en plus il a un faible pour la bouteille. Résultat il est souvent absent voir en prison ; et quand il est là, il brille par son absence. C'est en allant en barque le voir à la prison que la maman d'Ilia s'est noyée.
Alors Pavel s'est remarié avec Nastia, tout juste âgée de 11 ans de plus qu'Ilia. Elle lui a fait un petit frère, Mitia, qui est très attaché à son frère. L'an passé Pavel est resté longtemps absent, tout l'hivers, laissant sa famille sans bois ni presque de provision. En allant chercher du bois Ilia a reçu un mélèze et a été gravement blessé ; après l'incident, les voisins les ont aidé en leur donnant de la nourriture et du bois en échange de menus travaux pour ne pas les blesser. Durant cette période une relation forte s'est établie entre Nastia et Ilia. Mais depuis, la situation se dégrade, et entre l'enfant et sa belle mère, la tension monte ; les disputes éclatent pour un oui où pour un non. Pavel n'étant pas là, Nastia lâche sa bile sur Ilia. Ilia ne supporte pas que Nastia dise du mal de sa maman.
Et un jour, il craque et donne un coup de marteau à sa belle mère, se sauve et va se cacher dans une cabane sur une île. Il séjourne quelques temps là, et le destin arrive sous la forme d'un groupe de flotteurs qui acheminent un train de bois vers la scierie. De rudes lascars, mais chaleureux et attachants qui décident de l'emmener avec eux sur le fleuve, comme cuistot, pour lui permettre d'aller retrouver ses grands parents. Et avec la brigade de Trifon, le jeune chef, Roman le vieil homme, Doux Jésus, l'homme à figure d'icône qui est aussi crédule que croyant et semeur de zizanie, Derikrup, de son vrai nom Krupider, ex élève d'une école de théâtre, Gavrila et Saint Asari, deux forces de la nature qui sont comme des frères, et puis Poêle à frire, et Archimandrite encore, un petit bichon qu'ils ont sauvé de la noyade, il va partir à l'aventure. Sur le radeau, dans la cabane de rondins, au fil du fleuve, au gré des rapides et des passes, Ilia va grandir un peu, mûrir, plus riche d'une expérience impressionnante avec les flotteurs.
La vie était rude pour les hommes dans ce bout du monde ; mais, pour un petit garçon, c'était un formidable baptême du feu, où plutôt, de l'eau. Embauché dans les règles, payé dans les règles, Ilia entre dans la vie, va aller à l'école, étudiera, et deviendra peut être plus tard un de ceux qui changeront le pays. Le réalisme socialiste pointe encore son nez, mais on ne peut guère en vouloir à Victor Astafiev, car au delà des canons officiels, il montre un talent indéniable pour nous raconter avec un souffle étonnant les aventures d'Ilia ; lesquelles valent largement certaines aventures de petits garçon sur le Mississippi, où en Alaska.
Alors ne boudez pas votre plaisir et offrez vous où offrez à vos enfants "Une enfance en Sibérie", de Victor Astafiev en Castor senior n 35.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
QUE DIT-ON QUAND UN SINGE AGIT DE CETTE FACON?
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
L'apprentissage de la lecture commence avant même que l'enfant sache lire. Cela commence avec ceux que vous leur lisez, grâce auxquels il se familiarise avec les mots, les images, les histoires. Alors j'ai ouvert " Que dit-on quand un singe agit de cette façon.", publié par Le monde des enfants, à Mankato, Minnesota, distribué par Groslier.
Je dois dire que cette collection m'a touché, par sa façon de présenter le livre et la lecture. Je n'ai jusqu'à maintenant trouvé qu'eux pour présenter une bibliothèque comme un château magique. Un château magique dont chaque livre est une fenêtre de mots, "parce que les mots et les images qui les accompagnent (....) permettent de regarder et de voir beaucoup de choses. Les livres sont des fenêtres sur le monde."
Pour une entreprise pédagogique, c'est tout un programme. Mais ce n'est pas tout. La bibliothèque comprend déjà six spécialités : Langage, sciences sociales, sciences-créativité, mathématiques, santé-sécurité. Ne vous affolez pas, " Un dragon dans un chariot" n'est que l'histoire d'une petite fille qui, avec un dragon, et une série d'animaux, expérimente une série de moyen de transport. L'histoire figure sous la rubrique Langage, parce qu'elle permet l'apprentissage de quelques mots. "Que fait-on avec un kangourou grognon" figure sous la rubrique sciences sociales, parce qu'il permet de parler des émotions du susdit kangourou.
"Que dit-on quand un singe agit de cette façon" se trouve aussi en sciences sociales, parce qu'il parle du comportement des enfants, singes, bien sur, à propos de l'hygiène, des jeux avec la petite soeur, des relations, de la politesse, du rangement des jouets. De l'utilité d'apprendre des expressions telles que "Partageons, je te demande pardon, s'il te plaît, merci." Vous trouvez peut être cela ringard, moi pas. En plus, je trouve cela plutôt joliment dessiné, gai. J'ai compté vingt-sept titres actuels. Vous n'êtes pas obligés de tout acheter d'un coup, on peut les recevoir par abonnement. Alors, croyez moi, cette série, pour l'apprentissage de la lecture de vos minous, c'est tout bon.
Pendant que j'y suis, toujours dans le cadre de l'apprentissage de la lecture, je vous propose une série diffusée par Hachette et Casterman, Cabou. Il y a trois gradations, visualisées par un petit logo comportant trois petits personnages stylisés. Un est coloré en noir, et selon que c'est le premier, le second, le troisième qui est noirci, vous êtes dans : Je déchiffre, Je lis, ou Je dévore.
Il y a les aventures de Waldo. Waldo est un bon gros toutou, genre Pyrénées. Il a plein de copains, et il leur arrive des aventures tout à fait édifiantes. Il y a aussi "L'Ours frileux", qui raconte l'histoire d'un ours blanc qui se les gèle au pôle et émigre vers les îles chaudes. Il y a "Comment se faire des amis", qui raconte l'histoire d'un écureuil que son amie la loutre entraîne à aimer la vie. Il y a aussi les aventures de Martin,qui voudrait trouver "Un copain pour de bon", et trouve un petit frère ; et dans un autre, "Les chaussures magiques", il a des problèmes avec Tante Marie et les lacets de ses chaussures. J'ai bien aimé "Enervé, poil au nez,"l'histoire d'une petite fille dont le papa s'énerve parfois. Je m'y suis reconnu. Je ne sais combien il y a de volumes dans la collection, mais ma fille aime bien, et les trimbale partout ; cela lui semble même d'un grand secours sur le pot. Sophie, elle, préfère le graphisme de Christiane Renauld-Corderoc'h, qui a concocté " Les chaussures magiques" et "Un copain pour de bon", les aventures de Martin. De plus, les histoires sont tout à fait adaptées, et ma foi, rigolotes. Les relations de Martin avec Tante Marie, ses lacets, ses jouets sont très bien observées.
Alors, vous voilà avec deux séries de livres pour vos minous, pour leur apprendre à aimer les livres, leur apprendre à lire.
"Le monde des enfants", distribué par Groslier, et "Je commence à lire", chez Hachette, deux séries dans les quelles vous pouvez investir.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
PHILOSOPHIE DE LA NATURE PHYSIQUE SACREE ET THEOSOPHIE
AU 18 ET 19 EME SIECLE.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
J'ai ouvert "Philosophie de la nature physique sacrée et Théosophie au 18 et 19eme siécle de Antoine Faivre Chez Albin Michel..
Il y a des livre avec lesquels il faut s'accrocher ferme, et celui là en est un. J'avais quelque peu présumé de mes forces. Ce bouquin doit être du niveau de 5.6éme année de théologie, pour le moins. Il traite d'un mouvement dont on ne parle plus guère que dans certains cercles restreints, qui remonte aux grecs, perdura un peu partout en Europe ; au moyen âge, les alchimistes s'y raccordèrent ; Paracelce en fut un des porte plume, Jacob Boehme de même.
Cette philosophie de la nature, alliant science de pointe et spiritualité, appelée aussi Théosophie connut divers fortunes ; la plus brillante fut la branche chrétienne, dont Jacob Boehme, Franz Baader en Allemagne avec Schelling furent sans doute les plus grands représentants.
Ce courant auquel se rattachèrent Kant, Hegel, Goêthe, tenta d'intégrer les découvertes scientifiques de leurs époque à la religion. Il est à noter que dans le fond, il est à l'origine du mouvement romantique en général et du romantisme allemand en particulier, ce qui n'est pas rien. Ce qui en advint plus tard avec la bande à Besant n'avait plus grand chose à voir avec la pensée de Bander, si ce n'est l'utilisation à des fins de manipulation.
Le livre dont je parle est en fait le concentré d'un séminaire à propos de Jacob Boehme et de Franz Von Baader. Le lecteur peut donc découvrir qu'il exista un hermétisme chrétien, il existe d'ailleurs toujours, qu'il vaut largement l'hermétisme oriental, et qu'on peut en fait se demander pourquoi des générations de questants sont allés ailleurs chercher ce qu'ils avaient sous la main.
La théorie théosophique dans sa version chrétienne fait une différence entre Nature et Matière, production immanente et création émanante. Pour assimiler ce livre il est recommandé de se munir d'un dico et de ne pas rater les notes. Parce que nous sommes ici dans le domaine de l'abstraction philosophique pure, de la théologie ; il est donc logique que la prose d'Antoine Faivre semble aussi aride pour le commun des mortels que son sujet, un peu comme un cours de Stéphan Hauwking.
Pourtant les beaux esprits qui ont tâté Schelling, Hegel où Goethe ne seront pas trop perdus, quoique leurs héros se faisant quelque peu écorner ils y trouveront peut être à redire. Il faut dire aussi que la traduction de concepts élaborés en allemand n'est pas simple. Plusieurs thèmes du séminaire sont donc abordés ici. Une des plus grande source de réflexion depuis les grecs est Sophia, la Sagesse ; la philosophie étant sensé être l' amour de la sagesse.
Laquelle Sophia, émanation de Dieu, à la fois crée par lui , cogénératrice de son oeuvre, épouse de Dieu, elle lui sert d'"écran protecteur", de miroir réfléchissant et d'"emetteur agissant". Pour un non initié reformuler ce genre de concept n'est pas de la tarte. Disons autrement qu'elle est la part, un peu trop oubliée, de la féminité de Dieu. En fait cette entité se retrouve à toutes les époques sous divers formes, Vénus, Démeter, Belessima, La Vierge (noire où blanche), voir Mercure ; elle est à l'origine de la plupart des mythes féminins. Elle est celle qui porte la vie en faisant l'intermédiaire, chez les chrétiens, entre le Père et le Fils ; elle se relie au Paraclet. Enfin si j'ai compris.
C'est à elle que fut dédiée Sainte Sophie de Constantinople. Elle est à la fois oeil et miroir. Elle est le miroir primordial où la volonté, par la puissance du désir et celle de l'évocation, fait passer de l'idéal au réel ; elle est la médiatrice entre l'incréé et le créé. Faivre traite aussi du rapport lumiére-éclair-ténèbre. Dans la cosmogonie de Boehme la lumière ne sort pas du néant, elle émerge des ténèbres ; et c'est l'éclair qui l'en sépare et peut l'y ramener.
Il est par ailleurs remarquable qu'à plusieurs siècles de distance, un autre Jacob Boehme, scientifique lui aussi, tienne des propos que ne renierait sans doute pas l'ancien. Comme quoi la filière agit toujours. Si le coeur vous en dit, et si ce qui précède ne vous a pas rebutè à jamais, essayez donc de lire
Philosophie de la nature de Antoine Faivre chez Albin Michel, et accrochez vous, peut être y trouverez vous la lumière.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
DE LA TERRE A LA LUNE.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à l'ouvrir.
Les guerres ont toujours suscité des pensées aberrantes, particulièrement chez les techniciens. En 1865, Jules Vernes publia "De la Terre à la Lune." Et je l'ai ouvert en Maxi-poche.
Je vais vous faire une confidence : J'avais vu le film de Mélies, mais je n'avais point lu l'écrit. C'est très intéressant, car il y a, comme souvent, de grosses différences, particulièrement pour la fin.
Alors le livre ! Cela commence dans les locaux du Gun's Club, le fameux club d'artilleurs de Baltimore, Maryland. Au chômage forcé pour cause de paix, les artilleurs yankees, américains purs jus, sont des techniciens un tantinet mégalomanes. Ils ont développé des canons, des obusiers, des mortiers, durant la guerre. La guerre fut pour eux un grand jeu qui leur permit de se livrer à des expériences grandeur nature, aussi détonnante que parfois mutilantes pour certains inventeurs. Mais qu'importe, les Rodman, les J.T Meston, les Bloomsberry, les Hunter s'ennuient. Et ils rêvent de nouvelles guerres, où ils pourraient recommencer à construire des canons de plus en plus gros.
Le club est vide et la paix est ennuyeuse. Jusqu'à ce que le président, Impy Barbicane, fasse une annonce époustouflante lors d'une conférence de presse. Il annonce ni-plus-ni-moins, la construction d'un canon gigantesque, qui tirera un boulet sur la Lune. C'est le délire. Nos artilleurs ne se sentent plus. Un projet pareil leur donne l'occasion de se livrer à leur pêché mignon, et de s'adonner à la démesure américaine. C'est un peu la promesse de J.F.K d'envoyer un homme sur la Lune. Et nos artilleurs au chômage avaient bien besoin d'une nouvelle frontière. On se lance dans la recherche du site. La bataille entre le Texas et la Floride est rude, à l'américaine.
C'est la Floride qui l'emporte. L'équipe s'y déplace, et Barbicane choisit l'emplacement, quasi à l'emplacement du futur Cap Kénnédy. On lance une souscription mondiale pour lever les fonds nécessaires. Parce que ce phénoménal coup de canon va coûter la peau des fesses. Et les fonds arrivent. Les démarches pour construire le moule, un trou dans le sol sont entamées et menées à bien. La coulée du canon lui même est une entreprise titanesque, réalisée à l'américaine. Mais cette aventure inouïe attire du monde, beaucoup de monde, génère des activités. La presse y trouve de quoi noircir du papier et tenir en haleine le monde entier. Un programme de construction du plus grand télescope du monde, pour surveiller la trajectoire du tir, est lancé. Il est évident que Jules Vernes admire les américains pour leurs capacités techniques.
Mais les scientifiques ont calculé qu'il y a un moment précis pour opérer le tir ; nous parlerions maintenant de fenêtre de tir. Il faut donc tenir les temps. Comme d'habitude dans un livre de Vernes, nous avons droit à un festival de connaissances en balistique, et sur l'histoire des canons. Le canon fera neuf cents pieds de long et neuf pieds de large. Il sera en fonte ; le boulet sera en aluminium, et pèsera dix- neuf mille deux cent cinquante livres ; la charge propulsive, du fulmi-coton, pèsera seize mille livres.
Les travaux avancent jusqu'à ce qu'un télégramme vienne tout bouleverser. Un Français, Michel Ardan, demande que le boulet soit cylindro-conique; pour pouvoir y entrer et partir avec sur la Lune. Imaginez ! Et pendant la conférence de presse de présentation, Ardan est attaqué par Nicholls, ennemi juré de Barbicane. Mais le français a plus d'un tour dans son sac ; et finalement, c'est accompagné de Nicholls et de Barbicane qu'il partira. On aménage donc l'obus ; le canon est chargé dans les délais ; l'obus est mis en place ; les passagers prennent place. Et à l'heure H, la mise à feu est déclenchée. L'onde de choc provoque un tsunami sur les côtes de Floride, et est ressentie jusqu'en Afrique. Le nuage de fumée est tel qu'il empêche toute visibilité. Que sont devenus nos héros ? Et bien si vous voulez le savoir, il faudra acheter le livre et le lire. Mais vous serez peut-être surpris. On sait très bien ce qui se serait produit en fait.
Mais qu'importe la queue de poisson, "De la Terre à la Lune", est un grand Jules Vernes, même en Maxi-Poche. Ne le ratez pas.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
DE L'UNIVERS A L'ETRE.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
Jean Marie Pelt est considéré comme un écologue, spécialiste de la flore, et il écrit. Et j'ai justement ouvert " De l'Univers à l'Être, réflexions sur l'évolution", du même Jean Marie Pelt, chez Fayard.
C'est un petit livre pas très épais, portant un tableau de Klee en couverture, comme un patchwork de champs. Comme quoi, de l'écologie végétale, on peut passer à une réflexion bigrement plus large, philosophique en fait. Entre nous, les réflexions qu'il contient sur l'évolution, la création du monde, les forces en action dans le vivant et avant le vivant, sont tout aussi bien venues que senties.
Et même si Jean Marie Pelt se montre quelque peu en marge des sentiers dogmatiques, et même si j'aurais à redire sur certains processus, il affirme une ouverture qui risque de lui valoir les foudres des intégristes et un autodafé, dans les temps à venir. Pour les neu-neu, tout est simple. La loi du plus fort est toujours la meilleur, quand ils ont le pouvoir ; c'est le meilleur qui gagne, donc celui qui gagne est définitivement le meilleur ; le fort écrase le faible ; le blanc est supérieur au noir où au jaune ; les intellectuels sont tous des pédés, et il faut éliminer tous les déviants ; bref la non-pensée d'extrême droite.
Le petit père Pelt pose, mine de rien, une série de bémol et de dièses, en faisant appel à certaines disciplines scientifiques. C'est là où son bouquin prend du souffle, et devient subversif. En faisant appel à des apports indéniables de la science, il nous introduit à la complexité du réel. Et pour enfoncer le clou, il croise les acquis de plusieurs disciplines. Parce que les choses ne peuvent s'expliquer par une seule approche.
C'est probablement ce qui ressort en premier à la lecture de ce livre : C'est plus compliqué qu'on ne pourrait le croire ; et c'est vivant, dynamique, et surtout pas à sens unique ; y compris en ce qui concerne l'astrophysique, c'est à dire l'histoire de l'univers, l'histoire de l'origine de l'univers, des étoiles, des galaxies, Il y a des forces opposées et complémentaires. Il y a, par exemple, une force centrifuge et une force centripète. L'univers se dilate, mais les planètes, les étoiles se condensent. Et on peut considérer qu'il existe des phénomènes qui sont du même ordre que la relation amoureuse, qui régissent les astres. Et là encore, il faut faire avec la chimiodiversité, la cosmodiversité.
C'est la diversité, la complexité, qui unifie. En abordant l'histoire de la terre, on aborde une autre notion : Celle de dissolution, et d'accrétion. Là encore, deux forces en apparence opposées, mais qui sont de fait complémentaires. la tectonique fait se dresser les montagnes que l'érosion dissout ; les sédiments vont au fond de la mer constituer ce que la tectonique transformera en montagne plus tard. Les océans n'ont pas toujours été ce qu'ils sont aujourd'hui ; les continents ont été unifiés, se sont séparé, se réunirons. Il y a construction (érection) et destruction (érosion) . Et ce qui existe à l'échelle géologique, existe aussi à l'échelle des populations et des individus. Ce qui peut sembler un inconvénient, peut devenir un avantage, et vice versa.
Si on aborde le vivant, cela se complexifie encore. Les principes qui ont régit l'histoire de la matière se retrouvent dans le vivant. La combinaison, l'addition, sont créatives, positives : Elle sont un plus dans le vivant. L'addition, la symbiose sont des forces évolutives constructrices. C'est quand on est dans la merde qu'on trouve des solutions que l'on aurait pas cherché autrement. Sans addition ni symbiose, il n'y aurait pas de progrès, pas d'évolution. Il y aurait alors régression, non adaptation à l'évolution. Comment est-on passé de la non organisation à la bactérie, à l'algue bleue, à la cellule à noyau, à l'organisme pluricellulaire ? Quel est le rôle de la spécialisation ?
L'addition, l'association, la coopération, la symbiose, sont des éléments indiscutable du vivant, même si dans l'idéologie mercantile et consomatrice ambiante on préfère les gommer. La loi de la jungle, chère aux primates (c'est très réducteur pour les vrais) et aux faibles d'esprits qui ont peur de leur propres humanité, est si complexe qu'elle leur échappe, car elle est tout, sauf réductible à des simplisme. Et plus on s'élève dans l'organisation du vivant, plus cela se complique, et plus la notion d'échange amoureux s'impose. Pas seulement à cause de la sexualité. L'amour étant don, don de soi est à la base de la relation de symbiose. La biodiversité, la complexité donne alors force et puissance. Pelt nous emmène dans des considérations tout à fait instructives sur nos rapports à l'eau, à l'air ; deux éléments constitutifs de la réalité. Puis il nous emmène dans un domaine tout à fait d'actualité : L'ordre et la liberté. Là encore, avec les organismes complexes, la pression de la sélection, comme sa réduction, peuvent amener à des organisations encore supérieurs. Ainsi va la vie. Pour conserver la vie, il faut parfois faire des concessions et perdre une partie de la liberté ancienne. Plus un organisme est complexe, plus les parties sont spécialisées, plus elles sont dépendantes. Et là encore, il y a relation d'amour. Je ne peut exprimer ici toute la richesse de ce livre, mais on devrait le faire lire à tous les mômes, pour leur ouvrir l'esprit et leur éviter de tomber dans les griffes des demeurés.
"De l'univers à l'Être", de Jean Marie Pelt, chez Fayard, c'est à conserver.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
VINGT MILLE LIEUX SOUS LES MER.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous invite à l'aventure de l'esprit.
Je vous invite cette fois à vous refaire une petite virée avec Jules Vernes ; vous savez, ce romancier français scientifique français, qui avait prévu tant de choses, au siècle dernier. Et je vous propose ce coup-ci, de plonger, c'est le cas de le dire, dans une de ses oeuvre majeure : "Vingt mille lieux sous les mers", de 1870.
Le procédé est ici le même que pour Robur le conquérant : Un scientifique français, de réputation internationale, flanqué d'un valet modèle, tombe entre les pattes d'une forte personnalité, scientifique lui aussi, précurseur, animé de mobiles mystérieux, et en rupture de société. Dans Robur on expérimentait le plus léger que l'air et la propulsion électrique ; Ici on expérimente le sous marin, électrique lui aussi.
Le capitaine Némo a en effet conçu et réalisé le Nautilus depuis quelques années. Il a parcouru toutes les mers, et fait en sorte qu'on le prenne pour un cétacé géant pour être tranquille. Mais comme, en plus il a de l'envoulûme contre le genre humain, il coule de temps à autres un bateau qui lui a cherché misère. Comme la liberté de commerce ne peut tolérer d'être entravée, on lance à sa poursuite l'Abraham Lincolm, une frégate armée.
A son bord le professeur Arronax, spécialiste reconnu d'océanographie, du Muséum, et son fidèle valet Conseil, véritable encyclopédie à pattes. Il y a aussi Ned Land, canadien français, harponneur de son état, une force de la nature. Tous les trois vont se retrouver coincés à bord du Nautilus, pendant presque un ans. Mais ils vont aussi, grâce au capitaine Némo, et aux fantastiques possibilités du Nautilus effectuer un voyage de vingt mille lieux. La lieu valant quatre kilométres, cela fait donc quatre vingts mille kilométres sous l'eau, et à la surface.
Depuis le Pacifique, l'Océan indien, la Mer rouge, la Méditerranée, jusqu'au Pôle sud, ils connaitrons mille aventures et visiterons mille sites engloutis, et admirerons mille merveilles. Puis ils remonterons vers le nord, où ils affronterons des calamars géants, un vaisseau de guerre, pour terminer leur course dans le grand nord, dans le Maelström. La fin de la course ne pouvait être que tragique pour Némo et son Nautilus, du moins, on le suppose.
Arronax, Conseil et Ned s'en tireront bien. Pour écrire ce bouquin, Jules Vernes a du éplucher à peu près tout ce qui se savait alors sur la grande bleue : Flore, faune, histoire, géologie, océanographie, mécanique, etc... Si de nos jours certains éléments ont été infirmés, combien ont été confirmés depuis ! A partir de percées culturelles, technologiques entre autre, Vernes arrive à construire un réel plausible, criant de vérité. Essayez donc d'en faire autant avec l'état actuel des sciences, mais sans vous limiter à la technologie, et de goupiller un roman qui tiendra la route dans 50 où 100 ans. Science-fiction!! Et alors!! Ce qu'il avait prévu, c'était de la science-fiction sacrement charpentée, à la limite de la médiumnité. Demain ? C'est aussi de la science-ficton, mais certains sont déjà les média.
"Vingt mille lieux sous les mers", de Jules Vernes, collection classiques français à 10 f, ce serait dommage de s'en priver.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
PERIPLE D'UN YOGI ET INITIE D'OCCIDENT.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
J'ai ouvert "Périple d'un yogi et initié d'occident", par Hamsah Manarah, Aux éditions du mandarom.
Hamsah Manarah, au cas où vous ne le remettriez pas, est plus connu sous le patronyme de Gilbert Bourdin. Et le mandarom est ce lieu aussi dysnéyen que télévisuel, dont le responsable a quelques ennuis avec la justice. Le livre fait partie d'un ensemble de 22, et constitue la somme de la pensée de ce béké qui ce déclare yogi, initié, et de haut niveau s'il vous plaît, messie cosmoplanétaire, initiateur de la religion de l'âge d'or, l'aumisme. En fait, au delà des mot, ce livre est une compilation de recommandations, de commandements, de règles, une sorte de vade-mecum de la pensée correcte de l'apprentis-croyant.
Le livre est construit sur la technique d'imprégnation psychique ritournelle. C'est, procédé de magie, de la répétition, comme les mantras. Cela fonctionne selon le principe de la spirale. Le procédé est simple, archi-connu, et efficace. Pour enbobinner le lecteur, sans le lasser, on le met dans une boucle, sans le lâcher, on entrelarde de citations de gens qui ne se hasarderons jamais à protester, mais dont la citation arrive à point pour renforcer la pensée de l'auteur. L'art consiste à y accrocher ses autocitations, en boucle toujours, ce qui renforce la structure de la pensée de ce même auteur. Le fin du fin, consiste à y introduire des citations d'inconnus, comme le pigeon du chapeau ; c'est clairement du ressort de la manipulation assez pauvre, mais tout à fait commune.
Enfin il faut parler du message. Simplissime, pour ne pas dire simpliste. On peut trouver pareil dans le supermarché ésotérique, si on n'a pas envie de se fatiguer à méditer, faire du yoga, ou apprendre à respirer. Un détail rigolo, c'est que ce livre peut se lire à plusieurs niveaux ; parce qu'il est codé, et que cela échappe même à l'auteur. Il nous délivre lui même ses clés en croyant se protéger, autre procédé de manipulation. Parce que, sincèrement, je pense que Bourdin a été un yogi d'un bon niveau, qu'il a fréquenté des gens trés élevés, et qu'il est trés pragmatique dans la mise en scène de son ego. Mais tout aussi sincèrement, je doute que cela soit suffisant pour se déclarer messie, et cosmoplanétaire, en plus.
Je me garderai bien de prétendre délivrer un enseignement messiannique, mais je doute que Bourdin soit autre chose que ce qu'il est, quelqu'un qui est monté, mais s'est ramassé une pelle à la descente. Non seulement il a casser du bois à l'aterrissage, mais les dégâts ne sont pas physiques, car il a inverti sa trajectoire.
En terme biblique, il a chuté. Et cela a certaines conséquences. Et c'est là ou le livre se décrypte. C'est une inversion flagrante. Le verbe est à retourner. Je crois que si Bourdin était ce qu'il prétend, un initié de haut vol, opératif, cela se saurait, serait visible dans la texte. Mais il y a autre chose, y compris la rhétorique sur les faux prophètes, qui nous place au niveau de la manipulation psychique ; ça en a au moins la forme, et gare au choc en retour ; ça, j'en suis sur.
Ce serait comme d'essayer de me faire accroître qu'il y a encore des opératifs chez les francs maçons. Si on me dit que Hitler était possédé depuis septembre 1917 à Ypres, je dis d'accords ; et qu'on peut se retrouver succube après une mauvaise descente astrale, encore d'accord. Mais le méssie ! Le rapport entre incubes et succubes se trouve dans tous les dictionnaires, et Bourdin n'est qu'un magicien noir aux petits pieds.
"Périple d'un yogi et initié d'occident" par Gilbert Bourdin ne me parait pas la meilleurs lecture à conseiller à vos enfants. C'est ainsi.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
YVAIN, LE CHEVALIER AUX LION.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre
J'ai ouvert "Yvain, Le chevalier au lion" de Chrétien de Troyes, en folio junior-légendes, et c'est un livre intelligent et intéressant.
Qui se rappelle encore que ce livre recèle un de nos mythe fondateur, la légende du Graal. Cette forme de révélation intérieure, qui fait partie du processus initiatique est décrite dans la tradition sous le code : Voyage initiatique. Le règlement intérieur, non écrit, parlons de mythe, qui traversa la chevalerie d'occident, nous rattache à la légende bretonne.
C'est l'histoire de Yvain, neveu du roi Arthur. Pour l'amour d'une femme, pour son honneur aussi, réalisant ainsi lé tension entre le yin et le yang à son optimum chez le héros, il va partir à l'aventure, progresser face à des forces obscures, rencontrer des alliés qui jalonneront son périple, affronter tous les obstacles, ferrailler contre des forces bien plus grandes que lui mais ayant des failles. Entités-forces qui ne sont là que pour lui signifier l'épreuve et manifester sa transformation.
Coté puissance de feu, Yvain n'a rien à envier à Terminator ou Chuck Norris ; l'époque, vu le poids des armures et des épées se prêtant moins aux gestuelles caprines bondissantes, mais valorisant mieux le style chateau-fort et le genre bûcheron, comme dans la chanson de Roland. Mais attention pour ces chevaliers-bucherons, l'amour pour les femmes n'était que, luttes, propos et gestes galants et délicats, mais ardents. Ces rudes combattants se muent en délicieux gentilshommes, versifiant aux pieds de leur belle des propos aussi enflammés qu'éloigné du machisme triomphant.
L'amour courtois cela s'appelait. Un code moral extrêmement structuré, normalisait les moeurs de ces terminator amoureux, les spiritualisait. L'esprit permettant la maîtrise du corps, du véhicule charnel et de résoudre son karma, en réalisant sa propre incarnation, sa légende personnelle. C'est toute la tradition druidique qui surgit ici, avec son codage ésotérique, Présenté ici dans sa version chrétienne.
Il nous parle en fait d'une époque bien antérieure, du 3éme siècle après J.C, mais avec les habits, les moeurs du 12éme siècle, ce qui lui confert un coté surréaliste. Etant donné que nous avons à faire ici à un décodage du processus alchimique, on peut saisir un peu mieux, le rôle que joua l'écrit, encore manuel, dans la transmission d'un message initiatique depuis le temps des mégalithes. Et le guerrier est et reste un pilier du système de tripartition sociale.
Guerrier que l'on retrouve en version amérindienne, asiatique, en fait partout de par le monde. Guerrier qui concentre en lui toutes les qualités présentes séparément chez les autres. Il est celui qui est descendu au fond de lui même, a affronté la mort pour renaître ensuite et accomplir son oeuvre. L'initié quoi. Le christianisme n'a fait que modifier le superficiel, l'imagerie extérieure ; de l'autre coté du miroir, la réalité est la même, chrétienne où non.
C'est là que l'on perçoit la différence entre Terminator et La guerre des étoiles. En son temps, Chrétien de Troyes eut l'impact de Luckas, au moins sur la noblesse d'épée. Mais qui se souvient que l'on parle ici de magie opérative ? Tout se perd ma bonne dame ! Alors ce bouquin d'un seul coup retrouve son soufle, sa force, son pouvoir. On est tellement habitué au galvaudage écrit que c'en est une grande joie que de le savourer, quand on tombe dessus, comme cela, par hasard. Alors, Rambo ou Yvain le chevalier au lion ? J'avoue préférer Yvain, parce qu'au moins, il est des racines les plus profondes de ma culture.
Yvain, le chevalier au lion de Chrétien de Troyes ,en folio junior légendes, mais comment donc, faites, faisez. Ne vous en privez pas.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
LES AMIS DU BOIS DE QUATRE SOUS.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie à l'aventure de l'esprit.
Il vous arrive peut être de passer dans une "Maison de la Presse" pour y faire l'emplette de votre dose quotidienne d'infos écrites, histoire de conserver un peu le lien avec l'extérieur, les autres. Alors peut être avez vous remarqué en passant, une série qui offre, enfin, offre, propose, moyennant finance, il faut payer, soit une cassette audio, soit une cassette vidéo au choix, selon l'équipement dont vous disposez ; on est dans une logique de consommation. Cette série qui nous vient d'outre manche, reconnaissons cela aux anglais, est fort instructive. Il s'agit de la série "les animaux du bois de 4 sous".
C'est, pour raccourcir, l'histoire d'une petite communauté animale, d'un petit bois qui est victime d'une opération immobilière, accessoirement aussi des chasseurs. Ils doivent fuir leur petit bois, traverser des terres inconnues et trouver un nouveau territoire où ils pourront recommencer à vivre. Et ils se lient par un pacte de non agression, de coopération, d'entraide qui leur permet de franchir l'épreuve de l'exode, de la migration, du déracinement et de parvenir à la "refondation". Chaque livret hebdomadaire comprend un résumé du dessin animé original. Il comprend également des dessins des lecteurs, des pages documentaires sur l'écologie simple des végétaux, d'animaux. C'est de la vulgarisation intelligente, interactive à l'usage des enfants ; il y a aussi des histoires amusantes. C'est d'ailleurs une des constantes dans la pédagogie de cette série, c'est que ce n'est pas triste. Même quand les "amis du bois de 4 sous" ont à affronter des épreuves graves, y compris l'épreuve de la mort physique, donc les enfants aussi par la même occasion, on conserve un optimisme pudique qui permet de franchir le pas.
Les animaux ont ceci d'intéressant, que les enfants ont la capacité de s'identifier à eux aisément, permettant ainsi de transmettre ce qu'un mode cartésien, "corticalisés" n'aurait pu accomplir. Cessez donc de vouloir "corticaliser" vos mômes, vous les fossilisez. Enchantez les par des contes ; la raison est tout juste bonne pour les adultes alors pour des enfants !!. Bon la série est un peu directive, structurante, mais l'approche écologique de la vie, de l'interaction espèce-milieu est quand même une bonne approche, une ouverture à ne pas négliger.
Là vient de sortir un spécial vacances, plein de jeux, d'histoires, de photos, de dessins, de trucs. Il y a là de quoi occuper sainement, si je puis oser cet adverbe, vos bambins pendant quelques temps. J'ai beaucoup prisé, en particulier, comme une cerise sur le gâteau, leurs histoires, la première met en scène un rat, une taupe et un crapaud. C'est ravissant, au sens étymologique du terme. L'autre histoire met en scène tous les animaux de la création, et en particulier un perroquet et une tortue. C'est fou ce que le vol d'un perroquet et le non vol d'une tortue peuvent avoir comme conséquences implications si on y regarde de plus près. Je me suis donné la peine de les lire à mes gamins le soir avant le dodo. Tiens, ça c'est un truc que vous pourriez faire. Lire des histoires à vos gamins. J'irais même jusqu'à penser que cela vous ferez aussi du bien. Enchantez vos gamins et enchantez vous. Ne cherchez pas à "corticaliser", faites le. Vous comprendrez plus tard.
Alors "les animaux des bois de 4 sous", dans tous les kiosques, une fois par semaine, c'est à voir sur le long terme.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
VILLEBOIS MAREUIL.
Gentes dioises et gentils du livre, je vous convie à l'aventure de l'esprit.
A cheval sur la fin du siècle dernier et celui-ci, une guerre déchira l'Afrique du Sud, opposant les colons hollandais, français, allemands et anglais, surnommés les Boers, et l'Angleterre. Celle-ci voulait établir son autorité sur leur empire, unifiant sa main mise sur l'axe nord sud de l'Afrique, depuis l'Egypte jusqu'au Cap, via le Kenya et la Rhodésie. D'abord vainqueurs les Boers ne tardèrent pas malgré leur courage à affronter plus fort qu'eux et subir une guerre totale de la part des Anglais.
Ceux-ci pour leur plus grande gloire, y inventèrent alors les camps de concentration, le nettoyage ethnique, le génocide. Ils ont encore des adeptes. Les réactions des autres pays ressemblent un peu à celles qui se manifestèrent plus tard, durant la guerre d'Espagne. Des volontaires d'un peu partout allèrent se battre avec les Boers. Parmi eux, un Français, le colonel Villebois Mareuil. Homme d'extrême droite, co-fondateur de l'action Française, antiparlementarisme ultra nationaliste, obsédé de l'ordre et du redressement moral du prestige de la France ; il n'avait pas encore digéré 70.
"Villebois Mareuil" aux Editions du Rocher m'a interpellé parce que le discours de Villebois est fort proche d'un autre que l'on a déjà entendu, et que l'on entend encore. Il y a aussi des symptômes psychiques et comportementaux qui traversent l'histoire de notre pays et certaines franges de la population.
Il faut lire ce qu'écrivait Villebois sur les nègres Hottentos et autres cafres, sur la désagrégation, l'ordre, la discipline. Il faut lire ce qu'il raconte sur les Boers, leur organisation, leur structures sociales et militaires. Il faut lire les commentaires de cet obsédé de la hiérarchie, de l'organigramme, de l'obéissance à propos de ces hommes libres, ayant des pratiques égalitaires, démocratiques, entre eux, quasi libertaires. Là encore la ressemblance avec certaines séquences de la guerre d'Espagne sont troublantes.
Ce traîneur de sabre, militaire jusqu'aux ongles, ex plus jeune colonel de l'armée française, qui alla au feu au Tonkin et en Algérie, démissionnera de la légion, se retrouve pour des raisons en fait personnelles, mêlé à un combat qui n'était pas le sien ; une barbouze avant la lettre. Il chercha à se faire intégrer dans la hiérarchie, à se faire reconnaître d'elle, comme ce qu'il croyait être.
Ses analyses montrent d'ailleurs une certaine acuité ; mais pour frapper les imaginations accomplir un exploit qu'il l'aurait sacré, il se lança dans une action militairement suicidaire, commettant des erreurs grossières. Sa fin ressemble, et pas qu'elle, à celle de Custer. Il mourut avec courage, plutôt bêtement, resta un héros de l'Afrique du Sud, mais resta non grata en France. On a tout à fait le droit de ne pas aimer le colonel Villebois Marcueil, mais le livre issu de ses carnets intimes reste un document précieux sur des évènements datant de près d'un siècle.
"Villebois Mareuil" collection Aventuriers aux Editions du Rocher est un livre instructif.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
A L'OMBRE DES DIEUX.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie à l'aventure de l'esprit.
Si la culture c'est ce qui reste quand on a tout oublié, que reste-t-il de votre culture ?. Au fait, c'est quoi votre culture ?. Celle des gens de votre quartier, de votre village, de votre région ? Ou est-ce votre culture d'humain, avec un grand H. C'est vrai quoi ; si la culture est avec le rire ce qui différencie l'homme de l'animal, avec le langage articulé ; depuis que l'homo sapience se balade sur terre, il en a accumulé de l'expérience, de la culture. Et il se trouve que dans notre société l'écrit est, jusqu'à maintenant, le principal support de culture. Alors, dans la foulée, je vous propose de vous plonger un peu, beaucoup, passionnément, dans la série Histoires et Légendes, aux Editions du Lombard, avec, par hasard, "A l'ombre des Dieux" de Souk et Convard.
Le présent volume nous conte au travers quelques histoires, une parcelle de l'histoire des Méos. Les Méos, au cas ou votre mémoire flancherait, sont un de ces peuples montagnards indochinois que les français enrolèrent contre les Vietmins pour les laisser tomber après. Ajoutons que les Ricains ne furent pas plus polis. Mais ce n'est pas le sujet de l'histoire puisqu'il s'agit d'histoires très anciennes.
La première laisse perplexe.
Pensez donc, outre genèse qui vaut la Kabbale, où l'on apprend aussi que jadis les Méos étaient un peuple des plaines. Mais un horrible seigneur de la guerre décidant un jour de soumettre ce peuple commença à massacrer et piller pour établir sa puissance. Les choses allaient fort mal quand Phi-Kha, un chef de village se retira pour prier et méditer. Là une voix lui ordonna de partir avec les siens vers le Sud. Ce qu'il fait. Les autres restent refusant de tout abandonner. L'horrible continue sa prédation, tuant, pillant ce qui reste et poursuivant ceux qui se sont mis en marche. Se retirant à nouveau pour prier, Phi-Kha reçoit l'ordre d'aller dans les montagnes. A peine ont-ils passés un défilé rocheux que l'affreux et sa bande, comme à l'halali, s'engagent à leur poursuite, et prennent la montagne sur le coin de la trombine. Il n'y eu aucun survivant ! Cela ne vous rappelle rien ? A quelques variantes près ? Vous devriez lire davantage.
Il y a aussi une histoire de pauvre hère qui gratte le sol pour trouver à manger. Passe un sage qui lui montrant un pied d'herbe, lui indique un trésor ; grattant il ne trouve que de l'eau. Le sage lui montre ensuite un pied de maïs ; il arrache le maïs et gratte dessous ; rien ! Le sage lui montre un troisième lieu en lui indiquant un serpent venimeux. Il creuse et trouve un trésor. Las, le seigneur du coin décide de s'en emparer et de se débarrasser du malheureux. Alors il lui raconte tout, l'herbe, l'eau, le maïs, le serpent venimeux, le sage. Touché, le seigneur le gracie et le pauvre bougre devient un paysan heureux.
Il y a aussi l'histoire du dieu Sanglier, à lire aux chasseurs ; celle du tireur de monstres qui a été trahi par son ami ; et d'autres encore. En fait, ces histoires sont de celles qui traversent l'histoire de l'humanité. Elles sont l'histoire de l'Humanité ; elles sont notre histoire, notre culture. A donc, si vous n'aviez pas encore compris, je vous conseille vivement de lire
"A l'ombre des Dieux" par Souk et Convard aux Editions du Lombard, collection Histoires et Légendes pour 25 F, c'est abordable.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
LE VOILE NOIR.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie à l'aventure de l'esprit.
Vous pensiez connaître Anny Duperey, l'actrice, essayez donc la femme. Elle nous offre au Seuil. "Le voile noir".
Mi album de photos, mi autobiographie, c'est un livre superbe, attachant, fort. Sous sa carapace extérieure, Anny Duperey dissimulait une blessure profonde, terrible, douloureuse, insupportable, pour elle d'abord. A l'âge de 9 ans, le jour de son anniversaire, ses parents sont morts asphyxiés dans la salle de bain, par un chauffe eau défaillant. Et cette scène primordiale est restée gravée au fer rouge dans son âme, tellement puissante, qu'elle a passé le plus clair de son énergie, depuis à l'enfouir au fond de son esprit, derrière un voile noir.
Ce livre, ce sont aussi des photos de son père Lucien Legras, photos en noir et blanc superbes ; des photos qu'elle tint enfermée durant des années, avec quelques bricoles, comme des lettres. Sa petite enfance, avant, effacée, quasi totalement ; son enfance après, pas vraiment mieux. Les photos, témoins de ce passé, elle refuse de les regarder, des années, des dizaines d'années, parce qu'elles étaient les témoins, les gardiennes de la mémoire qu'elle s'efforçait d'éviter, d'affronter.
Ce livre c'est aussi le récit de cette petite fille, de sa souffrance, de son silence assourdissant, de cet abîme effrayant dans son esprit : la perte, l'absence. C'est le récit de cette apocalypse intérieur. Jamais affronté, refoulé, dissimulé par un masque, une attitude, une façade. Le métier de comédienne a bien des avantages, distanciation, entre autre, le changement, le jeu. Anny, ce fut une bien longue défense, désespérée, forcenée. Peut on vraiment lutter ainsi contre le réel ; un jour ou l'autre, il finit par revenir.
Et le voile noir, c'est aussi le récit de cette usure des défenses, de la puissance de la vie qui finit par corroder, ronger, fissurer l'armure. Cette armure si nécessaire sur le coup pour ne pas mourir, pour ne plus souffrir. Cette armure qui devient une seconde nature, qui devient une raison de vivre, qu'il faut sans cesse rafistoler "embéquiller" pour la maintenir, pour ne pas la perdre. Parce que sans l'armure, on est à poil, sans défense. Et qu'il faut bien apprendre à faire sans. Et puis de toute façon, c'est cela ou l'armure vous dessèche et vous transforme en mort vivant. Par petites touches, par étapes, photo après photo, comme un oignon que l'on pèle, et plus on approche du coeur, plus on pleure. Anny Duperey nous emmène dans son voyage au bout de sa nuit, derrière le voile noir.
En plus les photos sont superbes.
Comme travail sur soi, c'est réussi, parce qu'en plus, elle a tant de mal à verbaliser l'indicible, elle fuit tellement, qu'elle devient attachante au point qu'on rentre dans le jeu, et qu'à son tour on fait la remontée. Ce n'est pas "Les mots pour le dire" mais ça en a la puissance, peut être plus distancié, comédienne oblige. Moi en tout cas, si je n'ai pas retrouvé des parents que je n'avais pas perdu, j'ai fait des connections intéressantes avec un déménagement dévastateur qui m'a fait saboter mon enfance.
Alors si d'occasion, comme cela, par hasard, vous voyez passer "le voile noir" de Anny Duperey au Seuil, lancez vous. C'est un livre doux, fort, violent et beau, mais pas anodin.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
DICTIONNAIRE DE LA CIVILISATION INDIENNE.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie à l'aventure de l'esprit.
Il est des livres qui, en français, font date. Parce que ce sont des sommes. Parce qu'ils comblent un vide. Parce qu'ils apportent des réponses à des questions. Le "Dictionnaire de la civilisation indienne" de Louis Frédéric, collection Bouquins par Robert Laffont fait partie de ceux là.
Sur 1300 pages, en plus de 10 000 articles, presque une encyclopédie, il nous raconte l'histoire du sous continent indien, depuis la préhistoire jusqu'à nos jours. S'y trouvent inclus l'ancien Afganistan, le Bengladesh, le Bhutan, le Népal, le Pakistan et le Shri-Lankâ ; c'est à dire que c'est toute l'Inde ancienne, ce sous-continent qui connut probablement la première civilisation post diluvienne dans la vallée de l'hindus. Mais on n'y parle pas que d'histoire, on y parle aussi art, architecture, boudhisme, hindouisme, islam, lamaïsme, cuisine, musique, littérature, philosophie, croyances. Il faut dire que l'Inde fut et est le passage ou l'aboutissement de nombreux flux humains et culturels, religieux. Savez vous à quand remonte la première invasion ? On connaît surtout celle d'Alexandre, moins celle des Perses, mieux celle de l'Islam ; il y eut aussi les Portugais, les Hollandais, les Anglais, les Français. L'Inde, pays de la richesse, des épices, de l'or, des pierres. L'Inde, objet de toutes les convoitises à travers les âges, enjeu de bien des conflits.
Qui se souvient que la maîtrise de la route des Indes, la route de la soie et des épices fit s'affronter Byzance, Venise, Gènes, les francs, les arabes, les anglais. Qui se souvient qu'une bonne partie de la richesse de l'occident s'est construite sur le commerce avec l'Inde. Saviez vous ce que nous devons à l'Inde ?
Savez vous que nous lui devons le 0 par le biais des arabes, la canne à sucre, le rhum, l'aubergine entre autre. Pendant des siècles, pour ne pas dire des millénaires, l'Inde fut le moteur de la civilisation, de l'économie mondiale. je ne parle pas de ce que représente l'Hindouisme, le Bouddhisme, le Jaïnisme. Que dire du Lamaïsme. Si l'occident choisit la voix du matérialisme, de l'extérieur, le paraître, l'Inde choisit elle l'intérieur de la spiritualité ?
L'ouverture de la route maritime par le Cap marqua le début de l'asservissement de l'Inde par l'Occident. La France faillit réussir en Inde ce que l'Angleterre, peut être plus matérialiste, réussit : un empire qui lui échappa. Je ne vous raconterais pas l'histoire ; si vous ne la connaissez pas encore, lisez donc ce livre.
Avec plus de 7000 noms référencés, vous allez avoir de quoi vous amuser à monter un puzzle en 4 dimensions à vous couper le souffle. Allez y quand même doucement, sinon vous courrez à l'indigestion. Il faut dire qu'il y a matière à étude. Entre les Aryens, les Arabes, les moghols et les Anglais, il passe du monde. Et ceux qui étaient là ; ils ne sont pas oubliés. Leurs constructions, leurs outils, leur alimentation, leurs vêtements, leurs religions.
Tout y est. Quel creuset fantastique que l'Inde ! Quel prodigieux jardin de cocagne ! Quelle richesse inouïe ! Et quelle misère noire. L'Inde, pays de contacts ; l'Inde, pays des moussons ; l'Inde des Radjahs ; des Tigres, des éléphants, des rhinos. Inde mystérieuse et fascinante des vastes millénaires. L'Inde de Gandhi, des intouchables. L'Inde des Moghols et du Taj Mahal. Plongez vous un peu dans l'histoire mythique ou historique de l'Inde. Ne vous croyez pas obligé de prendre un psychotrope avant. Vous risqueriez de perdre pied. Allez y les yeux ouverts. Choisissez votre question, votre code, ouvrez le livre et lâchez prise. Vous allez partir pour un des voyages les plus fabuleux qui puisse être. Vous savez, les Indes dont les européens ont rêvé durant si longtemps. Elles sont là, à votre portée. Par la pensée seulement, rien ne vaut le voyage réel, mais c'est le propre du rêve, du voyage par l'esprit. Mais là, c'est la réalité. L'Inde après la Chine est le pays le plus peuplé de la terre, un des futur poids lourd de la planète avec peut être plus d'avenir que la Chine.
Le "Dictionnaire de la civilisation Indienne" par Louis Frédéric en collection Bouquins, chez Robert Laffont c'est un livre qui fera date dans votre culture. C'est un hologramme à lui tout seul.
Bonne lecture, bonne queste, et, à la prochaine.
LE PEUPLE DES GLACES.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie au banquet de l'esprit.
J'avais lu Waterworld qui raconte l'histoire des humains après un fort réchauffement de la planète, j'ai aussi essayé "le peuple des glaces" de G.S. Arnaud en Fleuve Noir anticipation n°1056.
Waterworld n'était pas un monument, le peuple des glaces ne l'est pas.plus Il part de l'hypothèse que la désagrégation de la lune (pour quelle raison on l'ignore) a généré un nuage autour de la terre, ce qui a provoqué une chute drastique de l'ensoleillement et donc de la température. On ne vit plus que sous les dômes, chauffés. Apparemment les structures socio-politiques anciennes ont disparu. Trois entités se partagent semble-t-il le monde et il se trouve que ce soient des campagnes commerciales : La Panaméricaine, la Transeuropéenne et l'Est. Les compagnies ont établi des voies ferrées sur les glaces et on se déplace sur rail.
Les sources d'énergie fossiles sont devenues des enjeux de pouvoirs considérables. Bien évidemment, les compagnies se font la guerre à grand renfort d'armes dévastatrices et monstrueuses. Et, là aussi une mutation est apparue, provoquée par un savant aussi fêlé que fasciste. Les hommes roux sont le grain de sable qui vient semer la zizanie. Vivant nus par - 40° capables de rester sous l'eau entre 15 mn et 1 heure, ils sont non civilisés et vivent aux marges des implantations humaines, vivant des ordures et de petits boulots au service des humains. Ah ! il y a aussi un groupe qui tisse sa toile pour prendre le pouvoir, ce sont les Néo catholiques. Ils ont détruit le laboratoire d'où sortaient les hommes roux, fait disparaître le livre ou le savant fou avait consigné ses recherches.
Depuis longtemps déjà ils ont commencé à manipuler les hommes roux, en les civilisant pour en faire la force émergeante de ce monde glacé. Et ils manipulent aussi les compagnies en les poussant à exterminer les roux, comme des boucs émissaires. Bref, c'est le chaos en gésine pour asseoir la nouvelle religion. Rien de bien nouveau sur terre chez les hommes. Len Ray, glaciologue est fasciné par les hommes roux, au point de tomber amoureux d'une rousse. Jdrou ; en fait elle est blonde. Harln Mern, ethnologue l'aide dans ses démarches. Il y a aussi Skoll, le métis, partagé entre l'éducation militaire de civilisé blanc, et l'attirance pour ses frères roux civilisés par les Néo catholiques ; cette "civilisation" les fait accéder à la dignité humaine en leur faisant quitter l'état sauvage et l'esclavage où ils vivaient auparavant.
Dans le conflit qui se prépare entre la Panaméricaine et la Transeuropéenne, l'irruption des roux suréquipés et surentraînés, capables de se battre par - 40° sans vêtements sèment la panique. Surtout que ceux de la Panaméricaine sont partis en laissant une surprise désagréable pour les engins de guerre de la Transeuropéenne. Plusieurs grosses unités ont traversé la glace et coulé. Len, que son passé de dissident pro-roux met en position critique, découvre le truc. En même temps il recherche Jdrou qui l'attire irrésistiblement, animalement.
Et il y a aussi le major Golan, un soldat rusé qui trame aussi ses intrigues pour la Transeuropéenne. Ce beau monde s'agite sur la glace qui règne sur terre, et on ne peux pas dire que le froid calme les ardeurs belliqueuses. Le stress semble même accroître la bêtise plutôt que la solidarité et l'humanité. Je précise que ce livre fait partie d'une vaste saga comportant actuellement 21 volumes, au moins, dont un grand prix de la science fiction française en 1982. C'est vous dire si les considérations sur le monde des glaces ont pu se développer et permettre à l'auteur de se débrider un max.
Ceci dit, je ne trouve pas particulièrement pointu la vision de ce monde de glace, même si imaginer que le retour en force de la machine à vapeur serait une solution de même que les compagnies commerciales en cas de glaciation. Peut être qu'en en lisant plusieurs mon avis changerait. Pour passer une petite soirée au coin du feu, bien plan plan mais intéressante quand même, parce que les glaciations, on en a déjà eu et qu'on peut encore en avoir.
Donc "Le Peuple des glaces" de G.S. Arnaud, en fleuve noir anticipation n°1056 se lit, même si c'est un peu léger.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
UNE AMERIQUE QUI FAIT PEUR.
Gentes dioises et gentils diois, je vous convie à ouvrir le livre.
J'ai ouvert "Une Amérique qui fait peur" d'Edouard Behr en pocket n°10056.
Quoique n'apportant rien de particulièrement nouveau, ce petit bouquin a un petit côté explosif indéniable. Behr nous brosse un tableau fort intéressant de la situation à ce jour dans la mythique Amérique. Le livre pointe plusieurs domaines ou les choses ont bien changé aux U.S.A.. Premier domaine visé, la sexualité. L'Amérique, au delà de ses provocations est d'un conformisme et d'un puritanisme outrancier. On se souvient des diktats moralisant sur les films il y a quelques décennies. Il est exact, de plus, qu'en Amérique, pays qui s'est construit dans la violence, le refoulement sexuel et machisme prononcé, que le taux de violence sexuelle y est sans comparaison avec l'Europe. Il est donc normal que la critique féministe y soit puissante.
Mais dans le contexte Américain, cela tourne au cauchemar. Une petite mafia de Pol Pot enjuponnées (quoiqu'elles ne portent sûrement pas de jupes) énonce le droit et surtout les interdits dans la presse, les universités et toute sorte de structures socio-politiques. Cela passe par le Politiquement correct, nouveau Mac Carthisme issu de mouvements de 68. Soyons clair, un nouveau fascisme, plutôt de gauche, est né au U.S.A, et pourrait nous contaminer sous peu.
Le second domaine touche lui la structure familiale, et manifeste sa puissance dévastatrice chez les noirs particulièrement. La responsabilité ancienne des blancs, liée au puritanisme est écrasante, mais les comportements endogènes de la communauté noire sont tout aussi dévastateurs et génèrent des situations ingérables dans les cités faisant réapparaître un apartheid de fait et des comportements délirants et malsains. En fait de délire, nous en arrivons au 3ème domaine : les esprits.
L'Amérique nous a habitué à ses toquades. Les derniers modes thérapeutiques financièrement juteuses, comme la Mémoire retrouvée, alliée à la paranoïa anti-homme, et l'obsession du sexe et du diable se réunissant dans les trauma sexuels infantiles sont en train de bouleverser les esprits. Une série de procès à la limite de l'inquisition et du délire psychotique ou des charlatans ont réussi à retourner des témoins et des jurés, faisant condamner des innocents et acquitter des coupables ont de quoi faire peur. Où va un pays ou la justice est entres les mains d'escrocs et de malades ? Et que leurs thèses soient reprises et diffusées par de hauts responsables politiques et universitaires à de quoi inquiéter. Ce qui est sur, là, c'est que la psyché américaine est malade, limite possession satanique. Et quand on constate en plus que les petits hommes verts, ou gris, sont sensés avoir kidnappé plusieurs millions d'individus, et s'être livré sur eux des manipulations sexuelles et génétiques et que là aussi les relais sont puissants, on tombe de "canif en six lames".
Entres les bigots blancs et les noirs enragés, ce n'est pas l'accord. Là encore le P.C. fait des ravages. Mais ce qui éclate aussi, c'est des siècles d'ignorance, de bêtises, de préjugés. Et les noirs ne sont pas tout blancs ; quelques portraits éclairent fort bien le récit, et obscurcissent singulièrement l'avenir. Et il semble bien que l'élection de Clinton n'ait fait qu'aggraver les choses, avec la meilleure bonne volonté du monde. Cela éclate dans le recrutement des universités, des entreprises. L'avenir de l'Amérique est aussi sombre que l'Aframéricanisme; Farrakan n'en étant qu'un symptôme visible, est aussi progressiste que le discours de Le Pen. Le multiculturalisme va transformer l'Amérique en bombe à retardement. On voit ce que le mariage de l'affairisme et de la paranoïa peut enfanter comme monstre dans les cités interdites ou Bunker Cities, vivants repliées sur elles-mêmes. L'Amérique devrait relire sa propre science fiction.
Tout ou presque était déjà annoncé. L'Individualisme, la responsabilité, l'esprit d'entreprise le melting Pot, les idéaux fondateurs, tout disparaît. L'Amérique est tellement riche qu'elle ne se préoccupe pas de la réalité, mais de ses fantasmes. En fait, la chute de l'Empire du mal a surtout mis en relief l'implosion de l'Amérique. Et si on sait lire, on peut le dire : l'Apocalypse a commencé au U.S.A. gare aux éclaboussures ; nous risquons de ramasser méchant si nous n'y prenons pas garde ; quoique avec l'Amérique, on ne sait jamais. Ce peut être encore pire.
Donc "Une Amérique qui fait peur" d'Edward Behr, en pocket n° 10056 a effectivement de quoi faire peur. Mieux vaut être prévenu.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
L'ALCHIMISTE
Gentes dioises et gentils diois, je vous convie à ouvrir le livre.
J'ai ouvert "L'Alchimiste" de Paulo Coelho. Ah ! que ce livre il est bien ! C'est l'histoire de Santiago, plus souvent appelé le jeune homme. Ce jeune homme qui fréquenta le séminaire décida un jour de devenir berger. Parce que les bergers voyagent et sont libres.
L'histoire se situe d'abord en Andalousie. Ce jeune homme fait un rêve récurant. Il rêve qu'il va voir les Pyramides et trouver un trésor. Il est aussi fort amoureux de la fille d'un restaurateur que son érudition séduit. Il faut dire que ce conte philosophique, car cela en est un, se situe, semble-t-il dans un passé mythique sans âge. Un jour, il rencontre une gitane qui lui fait une prédiction étonnante, à propos de ses rêves moyennant un pourcentage sur le trésor qu'il va découvrir. Puis une nouvelle rencontre avec un vieil homme se présentant comme le Roi de Salem. Lui aussi lui parle de ses rêves, de son trésor au pied des Pyramides. Il lui parle de sa légende personnelle qu'il doit accomplir. L'accomplissement de la légende personnelle est le fil conducteur du récit. Le vieux explique donc que chacun dans sa vie croise des signes qui peuvent le guider dans sa queste, dans ce qui est sa mission personnelle, celle dans laquelle on s'accomplit. Et cette légende personnelle n'est pas forcément ce à quoi on avait été préparé.
Et le savoir du vieux est étonnant, son pouvoir aussi ; il lui déroule son passé, lui parle des "forces mystérieuses" qui tentent de contrarier cette légende personnelle que l'on connaît lorsqu'on est enfant. En fait ces forces mystérieuses sont là pour forger la volonté et donner ainsi la force de réaliser la légende. La plupart des gens cèdent, mais les forts ne renoncent pas et accomplissent leur légende. Et il lui promet de l'aider à trouver le trésor, s'il lui donne le dizième de son troupeau et lui fixe rendez vous le lendemain.
Le jeune homme hésite puis se lance, vend son troupeau et se retrouve à Tanger avec en plus de son pécule deux pierres précieuses Ourim et Tounim que lui a donné le vieux. L'une blonde, l'autre noire, elles permettent de résoudre les questions qu'on se pose, à se repérer dans les signes.
Seulement là, on parle surtout arabe, et lui l'espagnol. Très vite il se fait piquer son fric, et se retrouve bien loin des pyramides. Il doit se mettre à travailler chez un vieux marchand de cristaux, en haut d'une ruelle ou personne ne passe plus. Il espère ainsi rassembler le prix de son voyage de retour, puis le prix d'un nouveau troupeau de moutons.
Des liens se créent entre le jeune et le vieil homme. Le commerce devient florissant ; ils discutent souvent, le vieux rêve d'aller à la Mecque, le jeune rêve à son trésor. La légende personnelle revient avec le chant du monde. Finalement après une bonne année le jeune homme ramasse un pécule, et se décide à intégrer une caravane qui part pour l'Oasis à Fayoun, étape importante vers les Pyramides. Et il rencontre un anglais, érudit, en queste alchimique, qui va lui aussi à Fayoun pour rencontrer un alchimiste dont il a entendu parler. Ses bagages sont aussi impressionnants par leur poids et leur volume que ceux du jeune homme légers et simples. Et la traversée du désert commence, lente, au gré du pas des bêtes.
Du désert comme maître initiateur au langage du monde. Le désert, prodigieux espace minéral, apparemment vide ; le désert, ce lieu aussi ou l'on se retire pour méditer et prier ; espace symbole du vide intérieur à faire pour éliminer scories et les déchets qui encombrent l'esprit, de l'épuration à faire pour accéder à un autre état, étape obligée dans le processus alchimique. Arrivés à Fayoun, alors que la guerre entre tribus approche de l'oasis, l'Anglais part à la recherche de son alchimiste, et le jeune homme tombe en amour pour Fatima, jeune fille du désert. Puis il fait un rêve prémonitoire qui sauve l'oasis et rencontre l'alchimiste. C'était lui et non l'anglais qui sera son élève. Et ils partent ensemble vers les Pyramides. Le jeune homme s'avérera un très bon élève capable de déchiffrer le langage du monde et de commander aux éléments. La queste s'achèvera, et le trésor ne sera pas ce qu'il pensait ni ou il croyait.
"L'alchimiste" de Paolo Coelho, en J'ai Lu 4120, un livre fort, libérateur qui met la pêche.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
L'HOMME AUX PATES
Gentes dioises et gentils diois du livre.
J'ai ouvert "L'homme aux pâtes" de Michel Field, collection J'ai Lu n° 3825.
J'aime bien Michel Field. Je connaissais jusqu'à maintenant l'homme de télévision. Celui qui avait réussi à supporter l'incommensurable fatuité et l'insondable vacuité du survitaminé de service de certaine chaîne privée ; il fut pourtant un temps ou ce type ne se regardait pas dans une caméra avec autant d'impudence. Michel Field donc qui nous mijota une des meilleures émissions pour non décérébrés. Je savais qu'il avait un passé, qu'il avait une plume ; mais moi du haut de mon désert sur la montagne, je n'avais que ce que l'étrange lucarne me distillait.
Et puis là, oh horreur, dans un supermarché, "tiens, pourquoi pas". Et bien, je ne le regrette pas. Il y a une verve, un jeu du langage, sur les mots. Il met lui même cet amour du verbe comme plaisir de bouche, avec la sensualité de la gueule, l'amour, sybarite presque, du manger. Tous deux de jouissance orale. Jeu de l'esprit aussi ; puisque le bougre est érudit, se piquant même de science. N'oublions pas qu'il est philosophe. Une philosophie un peu quatre quatre, mais version limousine. Parce qu'il y a du monde, mais toujours avec le recul, un jeu aérien, comme des champs morphogénétiques gustatifs, sensoriels ; une polysensualité en quatre dimensions, puisqu'ici l'histoire traite aussi du temps. L'auteur n'étant pas officiellement le narrateur et en jouant quand bon lui semble, effet littéraire certes mais permettant ça et là quelques sorties savoureuses nous narre donc au présent une tranche de son personnage, sa vie, ou non vie amoureuse, et sa rencontre au fil des soirées parisiannesque d'une entité tout à fait extraordinaire. Angelo Lombardi : le Narrateur, féru de gastronomie italienne, doit réaliser un repas pour une sienne copine avec laquelle il a une relation étrange, mais j'ai apprécié, cela m'interpellait comme on dit. Celle-ci, Clara travaille dans l'audiovisuel et doit assurer. Et il se trouve que dans ce repas, un ami de la dite Clara, l'Angelo déjà cité, percute sa vie comme ces personnages uniques qui passent comme des comètes, des météorites dans votre existence et vous laisse pantois, mutés avec un autre point d'application.
Notre narrateur se trouve confronté à une somme, une expérience unique, intemporelle, a un personnage qui par son savoir expérimental, possède le souvenir de son âme groupe. Un truc d'une acuité étonnante ; au point que cela en devient gênant. Et c'est là ou j'ai des doutes sur le petit père Field. Parce que mine de rien, cette engeance nous passe un joyeux voyage. Au point que je me demande si le gaillard n'a pas certains talents particuliers, en plus d'être intelligent et cultivé !. Une sorte de forme animée totalement anti Le Pen. Tant que des mecs comme lui existeront nous maîtriserons l'innommable. Donc le sieur Angelo possède ce qui en est parfois gênant, la mémoire collective italienne des mangeurs de la famiglia, égrégore qui remonte à la Grèce antique.
Le hic est que cette égrégore est très loin d'être toujours sympa, même si son intégration permet son intelligence et sa cogénération. Parce qu'après tout, les raisons qui ont prévalu à la mise à mort de Socrate, ont une saveur étrange politiquement parlant. Les rapports de cet égrégore avec l'histoire sont pour le moins puissants ; Angelo est un personnage fabuleux, fascinant et météoritique par la puissance de son impact, comète se calcinant dans le choc du réel ; il connaît l'expérience unique d'un opératif qui se sait le dernier de sa lignée et il apportera son expérience personnelle ultime à la pâtologie.
Si vous n'aviez pas encore compris, j'ai bien aimé "L'homme aux pâtes" de Michel Field en J'ai Lu 3825.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
WATERWORLD.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie au banquet de l'esprit.
Je n'ai pas vu le film "Waterworld", du moins j'ai lu le roman de Max Allan Collins, en collection Pocket n°4443, ce qui ne m'empêche pas de dire que le livre est probablement plus riche que le film. Essayez donc de transcrire, en image, des états d'âme, des sensations intérieures. Il n'y a qu'à se rappeler la trombine de Delon pour comprendre que l'absence d'expression ne vaut pas sentiment. Si j'en crois le livre, on peut craindre dans le film de longs plans fixes sur l'absence d'expression du beau Kévin. Pour en revenir au livre, l'histoire se situe vers 2500 de notre ère, et on comprend que depuis 250 ans, la bêtise humaine a provoqué la fonte des glaces des pôles, provoquant la submersion de la totalité des terres ; rien que cela.
Bien que jamais la fonte de tous les glaciers du monde ne permette une montée de plus de 600 mètres, on peut cependant admettre l'hypothèse scénarique pour l'utilité de l'histoire. Passons. Il n'est pas non plus précisé en combien de temps cela s'est fait, mais l'allusion à l'usage vraisemblable de l'atome à usage militaire permettrait d'accélérer le processus, peut être comme cela semble s'être produit il y a 14000 ans, accompagné du basculement des pôles.
Donc l'irréparable a été commis et la Terre est devenue Waterworld : le monde de l'eau. Les rares survivants vivent dans des atolls flottants composés de bric et de broc ou la survie est plutôt aléatoire. Tout est soumis à la mer, à son mouvement. Tout vient ou presque de la mer. L'eau douce, hydro est une denrée fort rare, coûteuse ; la terre, encore plus rare, est aussi cotée que les métaux rares actuels. Un plant de tomate dans un pot coûte une fortune. Un arbre n'a plus de valeur. Tout ce qui est périssable est composté, recyclé ; humains compris. Dans les atolls, les rares survivants sont soumis à des règles draconiennes. Les langues ont plus ou moins fusionné, ont régressé. C'est un formidable bond en arrière qu'à connu l'homme. Le troc est le moyen d'échange le plus pratiqué.
Et un mythe circule. Dryland, la terre sèche, existe, et est l'enjeu de l'avenir, l'objet de la queste de quelques individus atypiques des atolls ; mais aussi des smokers. Les fumeurs sont des dégénérés barbares, commandés par un psychopathe, allumé de la croissance, allumé de la fumée, allumé de la mécanique, de la natalité ; bref de tout ce qui était l'ordre ancien, avant la montée des eaux.Il est l'involution Se prenant pour un prophète, ayant récupéré un ancien et célèbre super tanker d'où il tire du carburant pour ses bateaux, ses jets skis, ses armes, il lance ses fanatiques à l'assaut des atolls qu'il pille et détruit l'un après l'autre. Il cherche Dryland, et convoite le tatouage qui figure sur l'épaule d'une petite fille à la peau brune, Enola, qui vit avec sa mère adoptive Hélène sur Oasis.
Et il se trouve qu'un marin inconnu, sans nom, y arrive, sur son trimaran transformable en chalutier. C'est un mutant. Il est né avec des ouïes qui le rendent adapté au Waterworld ; il est peut être le précurseur de l'évolution de l'homme. Son navire est plein de ressources et l'homme, encore plus. Son intervention dans le conflit va être détonnante. D'abord rejeté par les habitants d'Oasis, il va s'allier à Enola et Hélène, au vieux Grégor, scientifique et bricoleur de génie, et à l'exécuteur d'Oasis après la dévastation de l'atoll par les smokers. La lutte contre le diacre fou est titanesque, et ressemble c'est vrai à Mad Max version aquatique. Et la queste de Dryland, la terre promise, conduit tout le monde, les bons et les méchants, car le fameux tatouage s'avère bien être une carte qui permettra de la retrouver. Les méchants seront anéantis dans le feu et leur menace sur le paradis ayant disparu, la découverte de la terre de naissance d'Enola permet à une petite colonie humaine de commencer une nouvelle vie. Bien évidemment, le marin qui portera désormais un nom, repart seul en mer, tel un poor lone some cow-boys (ah ! les mythes américains) poursuivre sa queste personnelle de mutant aquatique.
Donc, hormis quelques invraisemblances criantes, Waterworld de Max Allan Collins en pocket n° 4443, se lit assez vite et permet une petite réflexion sur les aléas de la vie.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
LE GRAND VOYAGE.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie à l'aventure de l'esprit.
Le livre que je vous propose est "Le grand voyage" de Jean M. Auel en pocket n°3258. Autant vous prévenir tout de suite, ce livre fait partie d'un ensemble de 5 livres, du moins actuellement. C'est une saga. Celle-ci a une particularité, elle se déroule il y a près de 35000 ans. A cette époque, le climat n'était pas ce qu'il est. Les périodes de réchauffement succédaient aux périodes de glaciation. La géographie physique n'était pas exactement celle de nos jours. L'histoire est celle d'Ayla, jeune femme cro-magnon ayant connu une enfance hors du commun ; un tremblement de terre la priva de son clan, recueillie par un clan de Neandertal, elle fait preuve de dispositions particulières. Elle est ensuite prise en charge, contrairement aux traditions par le vieux Shaman du clan des mammouths qui l'initie à ses secrets pour servir la Grand-Mère. Je ne vous raconte pas les détails, lisez plutôt. L'autre personnage est Jondalar, géant aux cheveux blonds qui a lui aussi traîné ses chausses. Après de multiples péripéties, il est tombé amoureux d'Ayla, et c'est réciproque.
Il y a aussi quelqu'un d'autre dont il faut parler, c'est Jean M. Auel. Jean M. Auel est préhistorienne ; autrement dit, elle ne fait pas partie de cette catégorie d'écrivain qui vous torchent un récit à la mord moi le noeud, simple transposition de leurs fantasmes et mauvaise copie de la réalité actuelle, vaguement transposée. Elle, elle sait. Elle connaît la botanique, la faune, la géologie, l'ethnologie, l'archéologie bien sur. Elle le connaît très bien, son sujet, peut être mieux que l'on pourrait croire, à la première lecture.
Parce que c'est du dense, du concentré. Même sur les pratiques shamamiques anciennes, elle en connaît un bout. Elle en connaît, semble-t-il, aussi un bout sur d'autres sujets beaucoup plus intimes. Si Ayla est sa projection, elle a un sacré itinéraire, et de sacrés ressources. Son accord avec Jondalar est, cela tombe bien, total. Ils forment un couple aussi puissant que peuvent l'être deux êtres d'exception, opératifs tous les deux. Ayla, outre sa science des plantes, de la médecine, est aussi celle qui a domestiqué une jument, et un loup en les élevant. Elle a jadis domestiqué un lion des montagnes. Elle est celle qui a des relations avec les animaux ; elle est la meneuse des animaux. Jondalar lui a mis au point un propulseur. Ils sont des précurseurs. Et ils sont partis du fond des territoires du Caucase pour rejoindre autre chose, dont ils n'ont aucune idée bien sur. C'est bien entendu un voyage initiatique qui se terminera en France, à Lascaux, je peux bien vous le dire. Un long voyage où chacun évolue, grandit, mûrit, fait avec son passé, ses rêves, ses peurs, ses joies, ses émotions, ses sentiments.
Ce que j'apprécie chez Jean M.Auel, c'est sa capacité à mettre sa propre expérience, son savoir au service de son récit. Du-t-elle en rougir, je trouve que ces descriptions, le détail fouillé, la précision et l'intensité de la définition de l'image, me font penser à Jules Vernes au mieux de sa forme de vulgarisateur. Car c'est bien cela qu'est Jean M Auel, une excellente vulgarisatrice. Son récit est plein, dense, charpenté, et, il faut quand même le dire, bandant. Le plus savoureux, c'est que c'est une femme qui écrit. Les descriptions de la queste au fil du cours de la Grande Mère des rivières le Danube est parfois époustouflante de vérité ! Cela fait parfois penser à un film en 3 D qui intégrerait en plus la quatrième, le temps. J'avoue ne pas encore avoir lu les 4 autres tommes. Mais si l'occasion se présente, je ne la raterait pas, même si je conteste certains points de détails. Mais attention, il faut le temps pour digérer un tel bouquin.
Alors donc "Le grand voyage" de Jean M.Auel en collection Pocket 3258 ne la ratez pas, vous avez encore des choses à apprendre.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
CAP SUR GIBRALTAR. L'OR ET LE FER.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie au banquet de l'esprit.
J'ignore si les Editions du Lombard ont lancé cette série de Duo pour ferrer quelques chalands au moment des fêtes, histoire de relancer la consommation de séries déjà connues. Une forme de remixage en quelque sorte. Bon ici, nous avons "L'or et le fer", une aventure de Vasco par Gilles Chaillet et Bruce J.Hawker, "Cap sur Gibraltar" par W. Vance.
Cap sur Gibraltar nous narre les aventures de Bruce J.Hawker jeune capitaine de la marine de guerre anglaise en l'an 1800. Le jeune homme protégé de Nelson est chargé de convoyer deux vaisseaux d'armes et de munitions avec une arme secrète à Gibraltar. C'est l'occasion de nous brosser un tableau de la marine de guerre à voile de l'époque, tout à fait intéressant. Ces villages flottants, tout en bois et en toile, armés jusqu'à la gueule, poudrières flottantes aussi inflammables qu'explosibles étaient ce qui se faisait de mieux à l'époque. On cite au passage la Santissima Trinitad, le plus grand vaisseau de guerre du monde, un espagnol ; un monstre que Nelson enverra par le fond à Trafalgar.
Mais nous ne sommes pas encore à Trafalgar. La mission suicide du commandant Hawker l'amène à un dangereux jeu du chat et de la souris avec la flotte espagnole dans la baie de Cadix où il va d'ailleurs commencer par canonner le Santissima Trinitad en question, à la surprise, en profitant du brouillard. Le jeu change quand la rencontre se fait face à face. Se canonnant à quelques encablures, les vaisseaux anglais à l'armement ancien ne tiennent pas longtemps, et malgré une défense héroïque l'issue est la défaite pour les anglais. Capturés, enfermés, torturés, ils finiront qui dans la marine espagnole, qui en pontons, qui aux galères.
Bref ce n'est pas la joie, mais semble t'il c'était chose normale et courante à l'époque. Suit un petit aparté sur l'artillerie de marine de l'époque, avec description de modèles en usage et en particulier le canon dit de 32 livres, autrement dit l'artillerie lourde, avec ses charmants accessoires et ses gentils serveurs. On y apprend par ailleurs que l'utilisation d'enfants était monnaie courante et obligatoire alors. Intéressant la vie à l'époque.
Le verso, lui, narre les aventures du sieur Vasco. Là encore, il s'agit d'une série, la saga faisant florès. Celle ci se passe au 14 ème siècle. Le sieur Vasco, jeune homme aussi fringuant que batailleur, neveu d'un banquier Lombard en est le personnage emblématique. Dans cette période trouble où les Papes s'étaient planqués en Avignon pour échapper aux guerres que se faisaient les princes italiens, quand l'empire Byzantin déclinait et qu'en France sévissait la guerre entre Français et Anglais ; en ces temps ou les Turcs avançaient et ou la peste noire fauchait près de la moitié de la population européenne, le jeune Vasco se trouve mêlé à un complot pour financer le renversement du Prince Colona. Celui ci chef de clan a pris le pouvoir à Rome au nom des Colona et s'est maintenu au pouvoir de façon tellement vilaine que c'est dans l'allégresse que Rome fête sa chute et son libéraeur, issu du peuple et se déclarant de la Rome ancienne.
Là encore un beau prétexte pour nous faire visiter l'Italie et ses environs, ses monuments, ses vêtements, ses moeurs, son alimentation, sa culture, les moeurs, le rôle des banquiers, des papes, des paysans. Et cela tient fort bien la route ; le style et le graphisme en sont assurés. Les dialogues sont fournis et signifiants. Les ravages de la peste noire, la présence criante des lépreux pèse, les décors sont somptueux, chaque vignette est traitée presque comme enluminure, une icône, comme des images d'Epinal des scènes d'époque un peu dans les tons florentins-terre de sienne. J'aime bien, même si Vasco en fait un peu trop ; mais c'est l'impétuosité du héros jeune. J'ai bien aimé ces deux histoires ; elles éclairent bien l'hologramme.
Le duo "L'or et le fer et Cap sur Gibraltar aux Editions le Lombard, à lire.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
LA LOUVE-LE VOLEUR DE LUMIERE.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie au banquet de l'esprit.
Certains pépiniéristes nous proposaient des duos pomme pomme ou pomme poire ; l'agro alimentaire nous proposait des duos dessert ; Taratata nous propose des duos vocaux. Maintenant les éditions du Lombard nous propose des albums B.D. duos. Celui dont je vous parle présentement comprend au recto une aventure de Thorgal, de Rosinsky et Van Hamme : "La louve" et au verso "Le voleur de lumière", une aventure d'Aria par M.Weyland. Commençons par là. Cette histoire se déroule pendant une période aussi ancienne que mythique, et dans un lieu tout aussi indéfinissable.
Aria est une guerrière blonde aux yeux bleus, avec des taches de rousseur. Elle se bat mieux que les hommes, avec un courage, une imagination indomptable, et des techniques étranges. On ne lui connaît pas de vie amoureuse, mais les hommes succombent comme des mouches sous le charme. Enfin presque. Les aventures d'Aria forment une série fort nombreuse. On apprend ici, qu'issue d'une grande lignée, elle a été spoliée de ses biens, de son héritage. Son père dissimula jadis un coffre contenant plusieurs sceptres magiques et lumineux chez un ami campagnard. L'usurpateur, qui ne s'encombre pas de scrupules, le sinistre Zorkof s'est emparé du précieux coffre.
Il a l'intention de découvrir le secret des sceptres pour les faire fabriquer en masse et spéculer ;un précurseur, lui aussi. Il a élu domicile dans une forteresse surmontée par un bateau échoué lors d'une catastrophe sur un piton rocheux. C'est là que la belle Aria, avec quelques amis, va venir le défier. Et évidemment, triompher du tyran. Les fameux sceptres lumineux, à la magie puissante ont finalement de grands pouvoirs. Mais je vous laisse les découvrir vous même.
L'autre histoire "La louve" met en scène Aricia, la compagne de Thorgal, sur le point d'accoucher, victime avec Thorgal des machinations de Wor, un Viking. Chef d'une bande de pillards, cruel et borné, assassin sans scrupule, usurpateur sans foi ni loi ; il prétend se faire élire roi de tous les vikings sur un programme aussi belliqueux que raciste ; un précurseur en quelque sorte. Mais c'était sans compter sur Thoryal Aegirson, fils des étoiles, de Jolan son fils, d'Aricia, et du destin. Jusqu'à maintenant, en bluffant et en pratiquant le terrorisme Wor a subjugué les braillards, les soudards, les jaloux, les faibles. Mais sa violence, sa monstruosité vont susciter la réaction inverse, et la mort commence à frapper ses hommes, qui connaissent à leur tour la terreur.
Et comme en plus Thorgal fait très fort, les affaires de Wor ne s'arrangent pas. Ayant échappé à ses sicaires, Aricia se retrouve dans le repère d'une louve, elle aussi dans les douleurs de l'enfantement. Dans la grotte, la femme et la louve vont partager le grand mystère, celui de la vie. Jouant au chat et à la souris avec Wor et ses hommes, de moins en moins nombreux et de plus en plus réticents, Thorgal entraîne le psychopathe vers son destin.
Celui ci prend l'aspect peu ragoûtant d'une ancienne victime de Wor, devenu fou de douleur. La folie meurtrière des deux va s'annihiler dans un précipice. Thorgal qui a sauvé Jolan et Muff son fidèle chien, va retrouver Aricia qui a eu le temps d'accoucher d'une fille. Les aventures de Thorgal, que nous avons déjà rencontré forment une longue saga initiatique. Ici, la vie autour de l'an 800 nous est présentée sans fard crasseuse, violente, avec ses croyances, ses rites décrivant plutôt bien ce que pouvait être la vie du peuple viking alors. Pas vraiment une franche rigolade, mais quelque chose d'intense ou la vie de l'homme n'a pas grand prix.
Alors les duos du Lombard, Aria et Anicia, ma foi ça se lit.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
LA GRANDE RIVIERE
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie au banquet de l'esprit.
Je vous propose la lecture de la "Grande rivière" de Michèle Clément-Mainard en livre de poche n°13770. C'est l'histoire de Michel Jamoneau, meunier à la Béchée dans le Poitou. Adolescent il fit la rencontre de son jeune seigneur qu'il surnomma Maurillon. Celui ci est poitrinaire, et est habité d'un grand désir de vie. Il est cultivé aussi et son livre de chevet est "Histoire véritable et naturelle des moeurs et productions du pays de Nouvelle France vulgairement appelé le Canada" par le sieur Pierre Boucher. Ce livre, il l'appelle aussi le livre des merveilles. Ce livre, c'est son rêve, et ce rêve il le partage avec Michel : la Nouvelle France.
Alors que sous le règne de Louis le quatorzième vers 1687 le petit peuple est archi pressuré de taxes, d'impôts, pour satisfaire l'ego démesuré du Roi, de la noblesse et du clergé ; l'intolérance et la bigoterie du roi confinent au totalitarisme quasi pathologique. Avec la bénédiction des élites, Bossuet en tête, les curés exaltés et les dragons auxquels tout est permis, sauf tuer, sont lâchés sur les protestants, les religionnaires, avant et après la révocation de l'Edit de Nantes pour convertir de force les hérétiques, avec des pratiques n'auraient pas renié les SA ou les SS ou la milice, que certains regrettent.
Alors qu'une sécheresse calamiteuse calcine les campagnes de France, le vieux pays, les dragons et le curé Bruslon se chargent d'extirper ce qui reste de conscience dans les âmes. Ayant pris la défense de protestants sans reproches, Michel subit les fondres du curé Buslon et des argousins. Il doit prendre la fuite et s'embarque à la Rochelle, comme soldat dans une Compagnie Franche de la Marine, sur l'Arc, en Ciel à destination de la Nouvelle France, le Canada, sous le pseudo de Laliberté ; il y a 29 ans. Tout bascule. Déjà solidement charpenté, l'entraînement ne gâche rien.
Arrivé devant la grande rivière, le Saint-Laurent, il découvre Montréal et la colonie française. Par hasard, il rencontre Lambert Boucher, fils de l'auteur du livre des Merveilles. Bien que ne sachant pas lire, il connaît le livre par coeur. Et cela lui servira d'introduction dans la colonie de Boucherville. Engagé comme domestique, il est prêté à qui en a besoin ; travaillant pour la parisienne, Anne Jaudouin, fille du roi, veuve, il tombe en amour pour sa fille, Rose, sa Rose du fleuve. Avec l'accord de la belle Anne, qui laisse sa fille choisir son promis, et du sieur Boucher, il va finir par épouser Rose, et s'installer sur les terres canadiennes, au bord de la grande rivière, au bord du Saint-Laurent, là ou Laliberté pourra vivre ses rêves, loin du vieux pays ravagé par la sécheresse, la terreur religieuse, l'obscurantisme, et un passé trop lourd.
Ce qui est bien dans ce livre, c'est le langage, ce vieux français chaleureux, imagé, cru et gouleyant ; ce verbe français fidèlement retranscrit nous narre notre histoire : l'histoire de France ; il nous raconte l'histoire de ces français qui a l'étroit dans le vieux pays sont partis en Inde, en Amérique, au Canada, emmenant avec eux un peu de la France, de ses coutumes, de sa culture, de son génie. Tel un gigantesque organisme la France envoya des sortes de protoplasmes un peu partout, comme d'ailleurs les autres pays d'Europe en pleine poussée démographique. Le Québec est l'endroit, où ce génie a réussit à survivre, et Michèle Clément Mainard qui a commis aussi "La fourche aux loups", "Les sabots de la liberté", "La foire aux merles", "L'empreinte des sabots" qui a su si bien réunir les archives de France et celle du Québec réussit ici une oeuvre de salut public qui nous éclaire sur notre passé, notre langue, nos racines, sur le génie de la France. C'est fort bien écrit, savoureux, charpenté, drôle et profond ; et cela nous change des nullités aussi modernes que creuses dont on nous abreuve. Alors "La Grande Rivière" par Michèle Clément Moinard, n° 13770 en livre de poche, est un roman à introduire dans l'hologramme.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
LA PETITE MAIN.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie au banquet de l'esprit.
Il est de bon ton ces temps ci de casser du bois sur les élites et Geneviève Dorman, avec son roman "La petite main," en livre de poche, nous dresse une galerie de portraits savoureux de quelques représentants de ces élites. Geneviève Dorman chalute large. Elle fait aussi bien dans la Dentelle et les travaux d'aiguilles, travaux féminins s'il en est que dans l'ouvrage historique. Classée bien à droite sur l'échiquier politique français, elle serait plutôt défenderesse de la tradition, de la mémoire ; en un mot, elle est conservatrice. On pourrait s'attendre, vu ses prises de position, à une conservatrice confite dans l'eau bénite et le passéisme. Et bien, dans son genre, elle trompe son monde. Essayez donc.
"La petite main" : c'est moderne en diable, spirituel, pétillant, acide et drôle... Sylvain Cheviré, jeune fils de marin, petit-fils d'Auguste Cheviré, marin, élevé sur l'île de Chaussay, près du Mont-Saint-Michel, a épousé Caroline ; fille de riches parvenus aussi clinquants que louches et infréquentables, et lui est énarque ; ces deux là sont tombés amoureux fous dès leur rencontre ; voilà 13 ans qu'ils filent le parfait amour, aussi charnel qu'intellectuel. Ils ont un hôtel particulier, de beaux enfants, une Range rouge, la maison de Chaussay. on pourrait dire qu'ils ont réussi. Sylvain a un ennemi personnel. Il se trouve que Diane Larchant, sa fille de 14 ans, est l'amie des enfants de Sylvain avec qui elle va en classe. Elle vient aussi en vacance avec eux à Chaussay. C'est le bonheur. Entre son bateau et Bercy, Chaussay et Caroline, Sylvain vit intensément.
Jusqu'à ce qu'une nuit, Diane, la petite Diane à laquelle il n'a jamais prêté attention, Dianen un soir d'orage, se réfugie dans son lit, et lui fait avec sa petite main une faveur imprévue qui lui met le feu au slip. Aussi surpris qu'émoustillé, Sylvain a beau faire, la petite est une véritable diablesse, et malgré sa défense, son amour pour Caro, il craque ; il loue même un studio pour accueillir ses rencontres érotiques avec Diane, qui le fait chanter, disons le. Cette double vie mine Sylvain qui cherche à se débarrasser d'elle, pour retrouver sa quiétude et ses habitudes,et préserver sa carrière.
Ignorant tout, Caroline lui ramène Diane dans les pattes à Chaussay, et s'étonne des réactions de son époux, coincé. Sylvain finit par tout avouer à Caroline. Et tout commence à se déliter ; jusqu'à ce que Larchant vienne à Bercy casser la gueule de Sylvain, en l'injuriant et le menaçant. Mortifié, Sylvain part pour Chaussay où le dénouement tombera, brutal et définitif.
La prose de Dorman ne cède en rien aux romanciers dits modernes. Le délire érotique de Sylvain avec Diane, ses amours avec Caroline sont fort convainquants, aussi subversifs que "Lolita" de Nabokov, le livre que Diane offre à Sylvain pour son anniversaire. J'ignore où Dorman a été chercher son modèle de Diane, mais quelle femelle !. Et ses connaissances des choses de la mer, de la marine et des marins sont tout aussi fascinantes. A croire que c'est un marin qui les a écrites. Et sa description des parents de Caroline, des moeurs de Bercy, un savoureux pied de nez à l'establishement. Elle nous en réserve de belles la Dorman, et c'est bien la preuve d'un indéniable talent. Ce pourrait être un très bon film dont je vous laisse choisir les acteurs. Ceci dit, on sent la moraliste qui pointe derrière la plume acerbe de la chroniqueuse. Je crois que c'est là qu'excelle Geneviève Dorman. Elle défend la morale d'une classe avec virulence et panache et tire des traits là ou la faiblesse et le relâchement introduisent des sinuosités.
"La petite main", de Geneviève Dorman, en livre de poche, on aime ou pas, mais il est difficile d'y être indifférent.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
CONTES DE L'AIGLE ET DU SERPENT.
Gentes dioises et gentils diois, je vous convie à ouvrir le livre.
J'ai ouvert "contes de l'aigle et du serpent de "Robert Escarpet en bibliothèque Magnard Jeunesse ; c'est théoriquement pour les 8 - 12 ans. Le petit livre nous parle de l'Amérique, des Indiens du Mexique. Il nous parle de leur mythologie, de leur genèse, de leur histoire leur symboles, l'Aigle et le Serpent.
Mine de rien, c'est un sacré voyage ou nous entraîne ce bouquin ; il nous emmène dans les âges anciens avant l'apparition des premiers hommes, avant le premier cataclysme qui effaça toute vie sur terre ; puis vint le 2e âge, puis le 3e. Puis vint le 4e âge. C'était quand les dieux se sacrifièrent pour donner la lumière, la vie, le mouvement des astres, le soleil, la lune. C'est la qu'arrive Quetzalcoalt, le dieu blanc serpent à plume qui venait de l'Ouest ; dieu de l'air, de la lumière et de la vie, le plus puissant dieu du panthéon Mexicain. Huitzilopochtli, dieu du feu, de la chaleur et du sang régnait sur le midi. Tezcalipoca, dieu de la nuit, du froid, de la mort et de la guerre, était au Nord. A l'Est était Tlaloc, dieu de l'eau, de la futilité, de la jeunesse.
Au tout début, fut Tonacacihuatl la mère nourricière et Tonacateculi le père nourricier, de leur union naquit un couteau de silex. Le couteau tombe sur la terre et donna naissance aux mille six cents dieux qui peuplent l'univers. Pour avoir des serviteurs, les dieux créèrent les hommes. Mais les dieux se chamaillaient, se faisaient la guerre. Chaque prise de pouvoir d'un nouveau tyran se terminait par un cataclysme. 4 fois le monde fut détruit. Mais l'homme survivait toujours. Selon les anciens mexicains, l'ère actuelle s'achèvera elle aussi en cataclysme, par 1 tremblement de terre. Le nouveau cycle commença donc quand les dieux se sacrifièrent pour nous permettre de vivre. Le premier fut Nanahuatzin, le plus petit, le plus pauvre, perclus, lépreux, sans pouvoir. Ce fut pourtant lui qui par son sacrifice nous donna le soleil.
Il est intéressant de faire de la mythologie comparée ; cette succession de 5 âges est présente presque partout, le dernier âge se clôtura partout par un déluge. En fait, chaque âge expérimenta un élément, le feu, l'air, le froid, l'eau. Vous avez dit bizarre ? Passons, l'histoire se continue avec les Toltèques, les Aztèques, avant l'arrivée des Espagnols.
Quetzalcoatt vint civiliser les Toltèques et leur apporta l'amour et le symbole de la croix. Comme ils le refusèrent, il promet de revenir et qu'il leur imposerait par la force.
Dans l'imaginaire mexicain, les espagnols, Cortès en particulier, étaient la réincarnation de Quetzalcoatl. C'est en partie pour cela qu'ils furent vaincus. Mais avant les Aztèques créèrent Mexico, la ville flottante. On apprend aussi des douloureux rapports du Mexique et des mexicains avec l'eau, par la bêtise et la cruauté du Roi Avizoth. Il y a aussi la création des oiseaux et de l'oiseau Kou, celui qui était incapable de choisir, et qui devint le Coucou ; Il y a aussi l'aventure d'Ichilok, le 4ème roi mage, qui mit quarante ans pour rencontrer le Christ, et ramena le maïs aux méxiquains, comme cadeau de Jésus. Il y a aussi l'histoire de Miguel le sot, qui se débrouilla si bien à jouer au con, qu'il finit riche et puissant. Puis avançant dans l'histoire, il y a Pipila, qui participa à la libération contre les espagnols. Et puis la Cucaracha, ce gros cafard amateur de marihuana, qui devint la mascotte et la chanson emblématique de Pancho Villa. Puis la mort par trahison de Zapatta,et puis, l'histoire du petit poisson du lac, où l'on apprend que la liberté et les manipulateurs ne sont pas forcément ce que l'on croit. Et en guise de cerise, l'histoire de Tezonth, cet artisan en statuette du VIème siècle, qui nous entraîne dans un rapport à la terre, aux indiens qui sont partout dans le monde, étrange et fascinant.
J'étais content quand j'ai fermé "les contes de l'aigle et du serpent" de Robert Escarpat chez Magnard Jeunesse.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
CHARLEMAGNE.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie au banquet de l'esprit.
Marcel Julian qui fut un des dirigeant de la télévision est aussi un historien. C'est lui qui écrivit "Charlemagne" ici en J'ai lu n° 3854. "Charlemagne" que vous avez peut être vu en feuilleton à la télé.
Une sacré page de l'histoire de France, et un sacré bonhomme aussi. Petit fils de Charles Martel, 2 mètres sous la toise, chef d'une bande de fêtards et de troublions qui torchaient et galopaient autant qu'ils troussaient, mais qui deviendraient les 12 pairs de France. Analphabète, et vivant maritalement avec une fille qui lui fit un petit bossu, on aurait pu s'attendre à une éducation plus stricte pour un futur roi : aussi oisif qu'irresponsable dirait on. Sa mère, Berthe, dont on dit qu'elle avait de grands pieds, était une sacré bonne femme ; pas vraiment une féministe ; plutôt dans le genre à en avoir, et à être encore plus dure que les mecs. Elle fut son alliée, sa conseillère ; et il lui voua une fidélité sans borne, qui fut réciproque.
A sa mort, histoire de le stimuler, Pépin eut l'idée géniale de partager le royaume Franc entre ses deux fils. L'est à Carloman et l'Ouest à Charles. Carloman fat et lâche, élégant et marié à Gerberge, qui le mène par le nez, n'était pas aimé de son père ; pas plus par sa mère d'ailleurs, et encore moins de son frère. Ce faisant, il coupait Charles de Rome, l'empêchant ainsi de satisfaire au traité de Quiercy, qui scellait le pacte entre le roi des francs et le Pape. Charles ne pouvait traverser les terres de son frère sans son autorisation. En fait, en le contenant à l'Ouest, le vieux Pépin pensait obliger Charles à réagir. Pari gagné. D'abord le Duc d'Aquitaine refuse de faire allégeance. Charles fonce et règle le problème en traversant la Garonne en crue, à la nage, et en prenant Bordeaux par où on ne l'attendait pas. Ce qui met Carloman en transe, parce que c'est lui qui avait maquignonné avec Hunold, duc d'Aquitaine.
Berthe a alors l'idée d'aller demander, pour lui, la main d'Hermengarde, fille de Didier, roi des Lombards. Astucieuse manoeuvre qui permettrait de surpasser l'obstacle de Carloman vers Rome. Vieux renard, Didier y trouve son profit et Hermangarde accepte. Et Ganelon qui était passé discuter avec Carloman, à la demande de Berthe ramène une nouvelle : Carloman est mort, probablement empoisonné. Le royaume est réuni, la route est ouverte vers Rome, mais d'abord vers Pavie, puisque le fils de Didier s'en est pris à Rome. Et la grande course commence. Le pacte de Quiercy va jouer. L'empire de Charles va croître, au détriment des arabes, des Saxons, des Lombards. A part l'épisode de l'expédition malheureuse en Espagne, ou la bêtise de Rolland lui coûte la vie, et celle de l'arrière garde de l'armée, massacrée par les Basques ; à part le canal Rhin - Danube qui est un bide ; à part le massacre sanglant de milliers de saxons qui s'obstinaient dans le paganisme ; à part les complots byzantins, les tentatives de meurtres sur le pape, jamais la France ne fut aussi grande, puissante. Le royaume franc et l'Europe n'étaient qu'un.
Autour de Charles, était passé Alcuin, qui lui donna le goût de l'écriture, fut sa conscience aussi, et fut aussi à l'origine du programme d'éducation et de création de monastère ; il y eu aussi Eginhard auquel nous devons le plus gros de ce que nous savons de cette histoire. Il y eu aussi Léon, petit moine qui devint Pape et fut l'allié indéfectible de Charles et dont Charles fut de même l'allié indéfectible. Toute cette histoire, que vous avez peut être vu en téléfilm, c'est l'histoire de l'Europe, quand l'occident chrétien était uni. C'est notre histoire, et rien que pour cela ce livre se lit de bout en bout, se dévore, car il est passionnant. Charles le Grand traversa son époque comme un ouragan, un porteur de l'histoire. Il était l'histoire ; le renouveau de l'occident qui préluda à la poussée qui explosa 2 siècles plus tard.
Charlemagne, de Marcel Julian, en J'ai lu n°3854, c'est un livre à ouvrir.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
L'OS DE DIONYSOS.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie à l'aventure de l'esprit.
Lors de sa parution, il provoqua un joli scandale, et valu à son auteur quelques ennuis, mais la publicité qu'il en tira fit grimper les tirages et il fit un malheur.
Le titre en est "L'os de Dionysos" chez Régine Desforges. Donc Christian Laborde est prof de français au collège Notre Dame de la frondaison, à Toulouse. Comme l'indique le patronyme, le collège est une boîte religieuse. Il est dirigé par Ursula Ossi, ennemi intime du sieur Laborde. Christian est amoureux fou de la belle Laure. Il est, en plus d'être prof de lettres, écrivain lui même. Son maître à penser est André Breton, le pape du surréalisme. Il est pétri de surréalisme. Et il vit, enseigne, aime, écrit en surréaliste. Au fait, c'est quoi le surréalisme ? Le surréalisme est un mouvement culturel ; on peut parler d'école, qui éclôt entres les deux guerres. Disons qu'il est né après la boucherie de 14-18.
C'est à dire que c'est un mouvement post cataclysmique. L'entrée en réaction du rationalisme industriel, de la déchristianisation, de l'explosion informationnelle, du désespoir et de la nécessité de survivre, nous fit passer de la représentation orale, écrite et dessinée, manuelle et artisanale, à la pléthore actuelle. Rappelons que ces anciens modes de représentation étaient à l'origine, à usage religieux collectif. La tension entres les pôles peut créer des troubles. Ce mode d'expérimentation de la liberté a permis, par la filiation de mouvements culturels contestataires, impressionnisme, fauvisme, lettrisme, dadaïsme, futurisme, l'émergence d'un mouvement radical, le surréalisme ; dont Breton était le "Pape", le gourou. Prônant l'expérience-rupture, paroxystique, libératrice, maniant le scandale, le coup médiatique, lançant insultes et anathèmes, il se transforma en la tribune de sa propre apocalypse intérieure, de sa propre queste ; et il fit école. C'est dire s'il y a à boire et à manger. Et il y en eut de dures à avaler, voire carrément indigestes.
Bon apparemment, Christian Laborde a tout avalé et nous recrache tout cela dans le roman autobiographique d'un jeune écrivain gascon, de racines occitanes, prof de lettres dans une boite de curés, en conflit avec la culture française dominante, avec les représentants un peu fossilisés de la machine à enseigner, à reproduire et transmettre la culture ? Avec en sous question : Qu'est ce que la culture individuelle ? Et en quoi diffère-t-elle de la culture collective ? Et il est un paramètre qui n'est pas traité ici, c'est celui du temps : On ne pense de la même façon à 7, 14, 21, 42 ans. C'est un problème de maturité neurophysiologique. Oserais-je dire que le surréalisme est un éclat pubertaire, précurseur du jeunisme, du rockisme ambiant ; en tant que tel, il est certes à considérer, mais aussi à manipuler avec des pincettes ; comme l'amour est à pratiquer protégé.
L'amour étant un mode d'échange, de communication totale, une trophollaxie, n'oublions pas que Dionysos fut l'initiateur qui présidait aux rites bachiques ; et que les bachanales "connaissaient" une fin. Alors on comprend que "L'os de Dionysos" fut un beau pétard, qu'il fut interdit. Ceci mis à part, l'amour selon Laborde est plutôt chaud, tendre, généreux, caressant, sensuel. Qu'il y prenne son peton est indéniable ; tout aussi indéniable que la réaction de rejet qu'il suscita.
Alors "L'os de Dionysos" par Christian Laborde, chez Régine Desforges, ma foi, essayez, vous verrez bien.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
HISTOIRE DES ALBIGEOIS.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie à l'aventure de l'esprit.
J'ai trouvé que "Histoire des Albigeois" par André Nataf, chez Bordas et Fils, sortait de l'ordinaire que l'on trouve communément, y compris dans le fatras dit ésotérique. Non qu'il ne s'intéresse points à certains aspects particuliers du catharisme, mais qu'au moins, il ne cherche pas à nous enfumer la vessie avec de pseudo théories tirées par les cheveux, des secrets de Polichinelle soit disant désoccultés et autres calembredaines soit disant mystique fleurant bon l'attrape gogo. Par contre, pour nous expliciter ce qui se passa socialement, religieusement, économiquement, politiquement, en pays d'Oc à partir du 11ème siècle jusqu'au 14 ème, alors là ce livre vaut le voyage.
Avez vous une idée de ce que nous devons au pays d'Oc ? Au fait, c'est quoi le pays d'Oc ? Un entité culturelle, économique, politique, qui allait de l'Atlantique à la Méditerranée, englobant la Provence jusqu'à Grenoble, Valence, Le Puy, Bordeaux. Die en fut. Il fut donc un temps ou le Sud, bien qu'officiellement vassal du royaume de France, au Nord de la Loire, en était de fait indépendant. Non seulement indépendant, mais en plus nettement en avance. En effet, on admet généralement que, après les invasions dites barbares, y compris celles de Clovis, des Arabes et des Normands, nous étions au Moyen Age ; et comme la solution était passée par l'enfermement dans les châteaux forts, on parle de Moyen Age fermé. Le Nord y était encore, et le Sud était déjà passé au Moyen Age ouvert.
Les personnes circulaient, les biens circulaient, les idées circulaient. Il faut se rappeler que, longtemps après la chute de Rome, le Sud était resté une puissance militaire fort respectée ; et souffrant moins de troubles, les échanges y étaient prospères. Les communes, vous savez, ces communautés urbaines, libres, autonomes, dont les dirigeants étaient élus, s'étaient émancipés du clergé et de la noblesse. Les communes flanquaient des cauchemars aux barons du Nord. Le Sud qui voyait émerger une sorte de laïcité avant la lettre, un Sud avec les troubadours, ces écrivains poètes et chanteurs qui éditaient et commercialisaient leurs oeuvres eux-mêmes. Ils seraient maintenant dans le libéral ; des troubadours qui chantaient l'amour. Mais la nouveauté est qu'ils parlaient d'amour charnel, d'érotisme. Oh ! pas de porno. Un érotisme où l'homme et la femme sont à égalité, où la femme n'est pas un objet sexuel, mais le sujet de l'amour. L'amour étant un moyen de réaliser son incarnation et de ramener la dualité à l'unique.
Il y avait aussi les Cathares. Les Cathares étaient des gnostiques, se référant au christianisme, se rapprochant des Bogomiles Bulgares, du Manichéisme Perse, du Mazdéisme. Une religion en quelque sorte sans clergé, dont les plus avancés étaient dits Parfaits, ou Bons Hommes, et il y avait aussi des Bonnes Femmes ! Vivant pauvrement, sans ostentation, circulant à pied, par deux, ils étaient la quasi antithèse du clergé catholique et donnaient des cauchemars au Pape. Ni le Roi, ni le Pape ne pouvaient les tolérer longtemps. Il fallut plus de deux siècles, presque trois, pour extirper ce que l'église appela l'hérésie Cathare. C'est le sujet de ce livre. Il est charpenté, dense, plein de textes de l'époque ; et si le sous titre est "Nous sommes tous Cathares", c'est fou ce que je me sens Cathare maintenant, n'en déplaise à mes ex catéchistes.
Donc, "Histoire des Albigeois" par André Nataf, chez Pierre Bordas et Fils, est un livre tout à fait passionnant et il fait partie de notre histoire.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
LES INDES NOIRES.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
Celui que je vous propose cette fois est de Jules Verne. En folio junior. Il s'agit de "Les Indes noires".
Ce n'est pas une oeuvre majeure de Jules Verne, mais la patte du maître est là. Les Indes Noires n'ont rien à voir géographiquement avec la colonie, le joyau de la couronne. Pour ce qui est du traitement par contre, il est des parentés qui font mal. Les Indes Noires, c'étaient les mine de charbon, exploitées déjà sous Guillaume le Conquérant. Les réserves de carbone secondaire, après le départ de la lune, ont disparu sous terre en faisant ainsi chuter le taux de carbone circulant, pour être relâché par l'industrialisation. Si les Indes Noires ont considérablement enrichi l'Angleterre, bien avant et bien plus que les autres Indes, quelles en furent le prix et la logique ? Car, encore une fois, Jules Verne, aussi scientifique qu'écrivain, se montre d'une prévoyance étonnante, même quand il fait l'apologie de l'exploitation minière.
Les Indes Noires, c'est l'histoire d'une mine, Aberfoyle, qui a du fermer pour cause d'épuisement du gisement. C'est aussi l'histoire de James Starr, l'ingénieur qui dirigea la mine, c'est celle de Simon Ford, le vieil overman qui ne veut plus quitter sa mine avec Madge, sa femme. Ils ont construit leur cottage au fond de la mine, et vivent avec Harry leur fils, et il y a aussi Jack Ryan, l'ami de Harry, lui aussi ancien mineur ; et il y a aussi l'Ecosse, la vieille Ecosse des lacs, des lochs, des campagnes, ses châteaux, ses fantômes, sa culture ancestrale, face à l'industrialisation conquérante, formidable machine de métal fumante et bruyante qui envahit les villes et les campagnes, et commence à changer le monde. Jules Verne est touchant parce qu'il se fait l'avocat de ce développement mécanique qui va libérer l'homme des contraintes de la nature et assurer son pouvoir sur la création. Vieux mythe prométhéen revisité. Mais il dit aussi qu'il est heureux que la terre ne soit pas composée uniquement de houille sinon les hommes brûleraient leur planète. Confusion sur le matériau, mais prémonition terrifiante si on pense au nucléaire.
L'attachement des Ford à leur mine est touchant et leur désir d'extraire du charbon pour assurer leur vie et celle de leur communauté feraient pleurer des investisseurs et des décideurs. James Starr, avec un nom pareil on peut faire n'importe quoi, est le prototype du scientifique anglo-saxon de l'époque. Il est le progrès en marche. Il est un peu Jules Verne. Cela transpire souvent. En ces temps, la science matérialiste-positiviste remplaçait la religion dans les esprits, et le cartésianisme de Harry Ford, face à la superstition de Jack Ryan n'a rien de romantique. Dieu et les esprits ne sont pas morts, ils n'ont jamais existé. Ceci mis à part l'analyse énergétique du système à l'époque est fort instructive, et les projections sur le futur déjà obsolètes. Ah oui, il y a aussi Nell, petite fille du dernier pénitent d'Aberfoyl. Entre son vieil illuminé de grand-père et l'amour de Harry, elle choisira l'amour et le progrès, et finira ses jours dans la mine, loin de la réalité du monde et des splendeurs ensoleillées et pluvieuses de l'extérieur.
Jules Verne est un grand maître de l'écriture ; même ses oeuvres mineures sont de prodigieux documentaires sur leur époque, des mines d'enseignement et de méditation ; et c'est la moindre des choses quand on parle d'extraction de houille.
Bref "Les Indes Noires" de Jules Verne, en Folio Junior, c'est un petit bouquin à déguster avec délectation.
Bonne lecture, bonne queste, et à la prochaine.
LA LOI DU DESERT.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie à l'aventure de l'esprit.
Christian Jacq a une situation un peu à part dans la littérature française. On le donne comme orientaliste. Il l'est ; c'est un spécialiste de l'Egypte ancienne ; il est romancier et sociétaire de l'académie ; ce qui vaut bien d'autres références. "La pyramide assassinée","La loi du désert","La justice du vizir", forme une trilogie baptisée "Le juge d'Egypte". Elle est éditée chez Plon, et dans Le Grand livre du mois. L'histoire se situe sous le règne de Ramsès II . Disons que c'est un roman policier, le plus gros de l'intrigue étant une enquête.
Pazair, petit juge de campagne a mis son nez dans un sac de noeud carabiné. Un groupe occulte tente ni plus ni moins de renverser Pharaon. Meurtres, trafics, chantages, sexe, jet set, tout y est. Richesse, puissance, pouvoir, pauvreté, soleil et désert brûlant, vie et mort ; Dallas en moins cynique. On a violé la grande Pyramide et dérobé les attributs royaux ; on a assassiné les vétérans qui gardaient le Sphinx. Le masque d'Or, la coudée d'Or et le testament des Dieux, le Papyrus qui porte le texte fondateur de l'Egypte, et le Scarabée d'Or qui accompagne Pharaon dans l'au delà, tout est dans les mains des conjurés. Les hautes sphères de l'état sont gangrenées par la corruption, l'arrivisme. Les élites ne s'intéressent aux charges que pour le pouvoir et les prébendes ; les avantages acquis sont défendus pour eux mêmes, sans que les devoirs y afférent soient remplis. Les nantis ne songent qu'à leur position et se cooptent entres eux. Les pauvres sont laminés par les charges ; les bureaucrates et les fonctionnaires profitent de leur position pour faire chier tout le monde et sèment la pagaille dans la circulation des flux.
En fait, c'est fou ce que l'Egypte ancienne est moderne et Pazair est bien sympathique en nettoyeur des écuries d'Augias. Parce que Jacq fait fort, et c'est jouissif. Parce que l'Egypte d'alors mi-étatique mi-privée, système qui perdura quand même plusieurs millénaires, soit un bel exemple de longévité et de stabilité, a de quoi ravir le Landerneau politique moderne. Et l'analyse des forces en présence est redoutable. Peut on parler de lutte des classes dans cette société où la justice est un élément clé du système ; système qui tient que les pauvres et les riches sont égaux devant la loi, mais que les riches ont plus de devoirs que les pauvres de par leur rang. Il faut voir aussi le rôle de l'éducation et de l'apprentissage dans la promotion des individus. Le jurime et la justice sont deux éléments clés de ce livre, le héros principal étant juge ; et il y a des rappels qui pourraient en inspirer plus d'un.
Un autre élément clé est la médecine ; l'héroïne principale étant thérapeute. On aurait pu croire qu'il y a plus de 3000 ans, la médecine était rudimentaire ! Grossière erreur ! Je connais pas mal de médecins modernes qui, privés de leur arsenal technologique et chimique, seraient bien en peine d'arriver à la cheville des thérapeutes Egyptiens, particulièrement pour le diagnostic ! Imagineriez vous qu'en ces temps lointains, un poste important impliquait autant de devoirs que de droits ? De nos jours cela peut faire rire. Oui il y avait des corrompus, comme maintenant. Et quand ils se faisaient prendre, personne ne s'étonnait de les voir passer à la trappe ou être exécutés. Oui il y avait des riches et des pauvres ; il y avait des voleurs et des assassins ; et Pazair dit que "La justice est une utopie, mais cela ne m'oblige qu'à plus de rigueur". Il y a aussi de l'amour, du sexe, un peu ; et en bref ce bouquin est passionnant et m'a appris plein de choses ; il fait figure très honorable dans l'hologramme.
Alors "La loi du désert" de Christian Jacq, chez Plon, est un roman digne de figurer dans vos lectures.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
HILDEGARDE DE BINGEN.
Gentes dioises et gentils diois du livre, je vous convie à l'aventure de l'esprit.
Est il encore besoin de présenter Régine Pernoud ; c'est peut être plus prudent, des fois que vous confondiez avec l'autre, Laurence, celle qui essaye de nous inspirer à faire des enfants modernes. A donc, Régine Pernoud, elle fait dans l'histoire. Architecte, archiviste, docteur es lettres, conservateur au musée de Reims, elle est fort bien placée. Et comme en plus elle est une plume et qu'elle maîtrise fort bien le verbe, cela nous vaut une joyeuse pile de livres sur : Jeanne d'Arc, Aliénor d'Aquitain, La femme au temps des cathédrales. La reine blanche, Héloïse et Abélard, j'en passe et des meilleurs. Elle parle beaucoup des femmes me direz vous ! Cela nous change un peu des récits guerriers et autres saignants gestes dont on a gavé notre enfance.
Tout cela pour vous présenter un petit volume que lui a inspiré "Hildegarde de Bingen", édité par France Loisirs, avec en sous titre : Conscience inspirée du 12 ème siècle. Hildegarde souffrit apparemment de bien des misères physiques depuis son enfance, jusqu'à sa mort, à un âge avancé pour l'époque. Confiée à une moniale pour son éducation, elle manifesta très tôt des dons de voyance tout à fait hors du commun. Elle en tira une oeuvre orale et écrite que l'on peut de fait qualifier d'inspirée ; et qui eut sur ses contemporains un retentissement considérable ; écho qui perdure encore. Imaginez un petit bout de bonne femme, souvent malade, diaphane presque, se déplaçant de cathédrale en abbatiale, de monastère en cloître, déplaçant les foules, les fascinant, les interpellant, les tançant, les soulevant par la force d'un Verbe tonnant ; imaginez qu'elle correspondait avec tous les grands de l'époque, les papes, Saint-Bernard, les rois, les empereurs, les princes ; tous ceux qui comptaient l'écoutaient.
On imagine qu'en cette époque soit disant sombre, les femmes comptaient pour des prunes ; grossière erreur, surtout pour Hildegarde. Parce que non seulement elle parlait de religion, mais en plus elle était musicienne, chanteuse : elle composa 77 symphonies fort belles, des chants sublimes, dont on a d'ailleurs tiré 1 CD. Elle écrivit aussi des livres que l'on qualifieraient de médecine douce. A l'époque, seul Avicenne et Maïmonnide tiraient dans la même catégorie. Et en plus,c'était le genre de texte à vous faire se pâmer les écolos, tellement ces textes sont modernes. L'approche élementale, jointe à une puissance d'envolée a de quoi en retourner plus d'un. Mais pour en revenir à Hildegarde voyante inspirée, il faut lire ce qu'elle dit à propos d'une secte qui se propageait alors, les cathares. Non seulement elle en fait un portrait sulfureux, mais elle explique pourquoi leur sauce prend. Et elle annonce la réaction, inquisitoriale, et l'apparition future des ordres mendiants, et cela avec plus d'un siécle d'avance !
Et quelle résonnance dans le contexte actuel, avec la prolifération des sectes ! Si l'on croit ce qu'elle écrivit, tout cela était issue de ses visions. Visions où elle décrit une cosmogonie bien particuliére que l'on voit réapparaitre depuis quelques temps. Il se pourrait bien que si Hildegarde fut une conscience inspirée du 12 éme, elle devienne celle du 21 éme. Régine Pernoud nous brosse ici un petit bijou qui montre les affinités qui existent entre elle et Hildegarde.
Hildegarde de Bingen, Par Régine Pernoud, chez France Loisirs, une ouverture sur une personnalité hors normes
Bonnes lectures, bonne queste, à la prochaine..
MAIN BASSE SUR LE PLUTONIUM
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à ouvrir le livre.
J'ai ouvert une petite B.D qui est une parodie d'une série célèbre il y a quelque années. C'est une aventure de Ric Hochet de Château du Tibet :"Main basse sur le Plutonium", aux édition du bobard, diffusé par Les Européens contre Superphénix, 9 rue Dumenge 69004 Lyon. tel (33)78.28.29.22, fax (33)72.07.70.04.
Les écolos et les antinucléaires ont souvent en commun avec les grenouilles de bénitier une grande tristesse et la constipation. Il faut convenir que le nucléaire n'est pas un sujet folichon. Il faut dire aussi que nos gentils écolos-rêveurs, et tous ces horribles antinucléaires à la solde de l'étranger, habités par la terreur qu'ils voudraient inculquer à leur interlocuteurs, avec quelque raison, en rajoutent dans le sérieux scientifique, et le didactisme, au point d'en être souvent rédhibitoires et pas du tout bandants. Alors pour casser la coquille des gens qui profitent bon gré mal gré du progrès, nucléaire entre autre : peau de balle.
Alors quand ils se mettent à manifester un minimum d'humour, ( Coluche, où es tu ?) et se décident à desserrer les fesses et soigner leurs hémorroïdes par l'humour, il convient de saluer l'effort.
Donc des écolos ont sortis une aventure du célèbre et dynamique reporter de Presse Soir, avec son inénarable accolyte, le commissaire Bourdon. Le professeur Hermelin, la caution scientifique habituelle, se retrouve ici éminence noire du C.E.A. Nous tombons, pardon Ric tombe sur un sinistre complot, sûrement dirigé par l'étranger ; le croiriez vous, convoqué par Hermelin, Ric assiste à un accident mettant en cause un poids lourd transportant en fraude du plutonium. Aussitôt, Ric se met en chasse et l'aventure commence. Hermelin disparaît dans des circonstances rocambolesques. Puis il réapparaît ; son centre de recherche est cambriolé ; des vilains tentent de convaincre Ric de ne plus fouiller sur le trafic de plutonium, etmanquent de le tuer.
Hors, il semble que ce soit le C.E.A qui tire les ficelles. Lequel C.E.A s'avère plus inquiétant que rassurant par son pouvoir et ses manipulations. Hermelin, en scientifique folamour sur les bords, veule et mouillé jusqu'au cou, en fait des tonnes, mais à manichéen, manichéen et demi, et on rigole. Consciencieux et incorruptible Ric lâche la purée dans Presse Soir. Il est fidèle à lui même ce petit Ric ; dommage qu'il n'existe pas en vrai. Il est documenté, et il va chercher l'information : un vrai journaliste d'investigation. Même Bourdon commence à avoir la trouille ; à juste titre, car un attentat l'envoie lui et Ric dans le décors. Tous deux s'en tirent, mais Ric passe la surmultipliée avec Ledru, le fidéle adjoint du commissaire.
Et rapidement 1+1+1=3 ; les documents, les témoignages, les preuves arrivent ; la toile d'araignée, internet avant la lettre, agit, et vlan, un incendie se déclare à Saclay. Ric fonce, et, au risque de se faire tirer comme un lapin et jouer les barbecue; il réussit à sortir des documents à la barbe de la sécurité. Sauvé in extremis par l'intervention de Bourdon, Ric se fait inviter à Droit de réponse, pour exposer les résultats explosifs de son enquête et ses découvertes. Inutile de vous dire que la pression sur Polac est intense, et que les coups de fil et petites visites pour faire annuler l'émission sont légion. Je ne vous raconterai pas la fin, bandes de petits malins.
Si vous voulez la connaître, il faudra acheter "Main basse sur le plutonium", une aventure de Ric Hochet, édition du bobard, Diffusé par les Européens contre Superphénix, 9 rue Dumenge 69004.Lyon, tel (33)78.28.29.22, fax (33).72.07.70.04 . Ce n'est pas le franc délire, mais la parodie est bien goupillée, la charge est bien placée même si elle n'est pas mégatonique, mais avec le nucléaire on peut tout craindre.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.
MOLL FLANDERS.
Gentes et gentils gens du livre, je vous convie à l'ouvrir.
En 1722, l'Angleterre pansait encore ses plaies après Cromwell et ses têtes rondes. Mais si le commerce et le capitalisme prospéraient, le climat social n'était pas rose pour tout le monde. J'ai ouvert "Moll Flanders" de Daniel Defoe, en J'ai lu.
Ce petit bouquin m'a bien plu. Il y a d'abord un petit cahier qui brosse un rapide tableau de la vie du sieur Defoe, dans l'Angleterre de l'époque. Il est ainsi rappelé que la royauté avait connu quelques soubresauts, et qu'une révolution avait fait tomber la tête d'un roi. Une explosion de sectes diverses avait de plus secoué le pays, et une répression sévère avait taillé dans le vif du sujet, expédiant les dissidents dans les colonies d'Amérique, de gré ou de force, de même que les forçats. Une épidémie de peste avait décimé la population, et un gigantesque incendie avait rasé Londres. L'Angleterre et l'Ecosse s'étaient réunies pour former le Royaume-Uni.
En ces temps troublés, la justice était expéditive, et Daniel Defoe n'était pas doué pour les affaires. Par contre il avait une bonne plume. Et il se trouve que les gens de l'époque s'intéressaient fort au déviants, les pirates, les bandits, les aventurières. Cette fascination trouble existe toujours. Defoe se spécialisa donc dans ce genre de littérature. Une sorte de Pierre Bellemare avant la lettre. C'est lui aussi qui écrivit Robinson Crusoe.
Et là, il nous croque Moll Flanders, une sacré bonne femme. Fille de convict qui évita la pendaison à Newgate, pour cause de grossesse, et fut exilée en Virginie, Mary fut élevée par une nourrice, puis par une famille bourgeoise, attendrie par son désir de devenir une grande dame. Pour Defoe, cette histoire est l'occasion de faire oeuvre de moraliste et d'édification, bien dans l'esprit puritain de l'époque C'est du moins ce qu'il pose. Etre femme n'a jamais été une sinécure, mais là, il semble qu'être une femme respectable était une véritable gageure. La pauvre Mary commence par se faire avoir par le fils aîné de sa famille d'accueil, mais se voit obligée d'épouser le cadet. Mais le pauvre meurt, en lui laissant des petits. Elle cherche, trouve ; mais ruiné par une mauvaise affaire, ce nouveau mari doit s'exiler en France, sans lui laisser un grand viatique.
En ce temps, les séparations et les divorces, la notion de péché n'étaient pas ce qu'ils sont de nos jours. Et cette pauvre jeune femme repart en quête d'un mari. Elle trouve l'oiseau rare, l'épouse, a des enfants, et le suit en Virginie. Seulement la mère de son époux s'avère être sa propre mère ; elle a donc épousé son frère. Bien évidement l'histoire se termine ma,l et elle revient en Angleterre, sans grande fortune. N'envisageant pas un instant de travailler, elle place le peu qu'elle possède chez un homme qui lui propose de l'épouser, quand il aura divorcé. Mais elle part avec une amie et rencontre un gentilhomme qui la convainc de l'épouser. Hélas, l'amie était une vile entremetteuse, et avait raconté des bobards au pauvre homme. Conscients de s'être fait avoir tous les deux, ils se séparent bons amis.
Elle retourne près de Londres, mais se retrouve enceinte, et fait patienter son ancien soupirant. Elle est hébergée par une sage femme qui se charge de placer l'enfant, et deviendra progressivement la mère qui lui manque. De nouveau libre, elle va rejoindre son soupirant qui l'épouse, mais meurt quelques années plus tard.
Privée de ressources et n'étant plus une jeunesse, elle devient voleuse. Elle devient pécheresse. Elle devient Moll Flanders, la plus fameuse des voleuses de Londres. Elle est douée, et cela dure. Son alliance avec sa Mère est des plus fructueuse, et la vieille s'avère être bien plus que la simple sage-femme entrevue précédemment. Tous les autres se font pincer, et finissent à Newgate, pas Moll. Mais elle s'obstine dans le pêché, alors qu'elle pourrait s'arrêter. Alors un jour elle se fait coincer et se retrouve à Newgate, où elle est condamnée à être pendue. La fin de cette pécheresse est édifiante à souhait, puisque c'est la fonction du livre de Defoe, mais je vous en laisse la surprise. Ce qui était édifiant il y a trois siècles peut prêter à sourire maintenant, et ce n'est pas là le moindre intérêt de ce livre.
Moll Flanders, de Daniel Defoe, en J'ai lu, c'est une belle plongée dans l'Angleterre du 18 éme.
Bonne lecture, bonne queste, à la prochaine.